Crise climatique, pétrole cher : les compagnies aériennes n'échappent pas à l'impératif de sobriété.
Pour économiser du carburant, les pilotes de ligne appliquent des "gestes verts".
L'objectif, consommer moins, mais, aussi, essayer de réduire leur impact sur l'environnement.

Le transport aérien n'échappe pas à la sobriété et tente au maximum de limiter le gaspillage de kérosène lié à son activité pour des raisons économiques, mais aussi environnementales. Les compagnies tentent donc de sensibiliser leurs pilotes à des "gestes verts", leur permettant de rendre plus vertueuses leurs habitudes de vol. 

À l'Aéroport de Roissy, il faut en moyenne compter au moins quinze minutes par avion avant de rejoindre la piste de décollage, en comptant l'attente, moteurs allumés. Pour réduire cette consommation de carburant au sol, plusieurs consignes sont données par les compagnies, comme l'usage d'un moteur au lieu de deux en phase de roulage (avant le décollage ou après l'atterrissage).

"En phase de roulage, les avions consomment énormément, explique Arnaud Aymé, spécialiste transports chez Sia Partners. Utiliser un moteur plutôt que deux permet de faire des économies importantes. Pour un A350, on parle d'une économie de 700 litres sur un vol".

Malgré un environnement contraint par la technologie des avions, le contrôle aérien ou la météo, les transporteurs disposent de plusieurs leviers qui, ensemble, permettent des gains notables, à commencer par "l'écopilotage", qui peut permettre aux compagnies d'économiser jusqu'à 5% de carburant.

"L'écopilotage est à l'aviation ce qu'est l'écoconduite à l'automobile ou au ferroviaire. À la SNCF par exemple, cela fait longtemps qu'on incite les conducteurs à moins freiner et moins accélérer", poursuit Arnaud Aymé. 

Pour l'aérien, la situation est similaire. En vol, les pilotes sont par exemple incités depuis plusieurs années à optimiser leur vitesse au moment du décollage ou à gérer de manière plus fluide l'atterrissage, ce qui permet d'économiser du carburant. 

On est encouragés au plus haut point à appliquer ces "gestes verts"
Igor Clavel, pilote de ligne chez Transavia

"Ces gestes verts ont été décrétés par les compagnies il y a plusieurs années. On est encouragés au plus haut point à les appliquer, explique Igor Clavel, pilote de ligne chez Transavia. On peut encore faire des économies, notamment au sol, en position d'attente, on a besoin de climatiser ou de chauffer l'avion. Mais beaucoup a déjà été fait".

L'objectif : moins consommer, surtout en raison de la hausse du prix du carburant, principal poste de dépense pour les compagnies, mais aussi tenter de réduire l'impact des liaisons aériennes sur l'environnement.

Selon Igor Clavel, ces "gestes verts" font partie "des procédures standards et habituelles depuis plusieurs années, sauf impératif de sécurité". 

Jamais au détriement de la sécurité

Car le maître-mot reste la sécurité du vol, prévient Federico Ercules, pilote et instructeur au centre de formation d'easyJet près de Milan en Italie : "c'est seulement quand nous sommes sûrs à 100% que la sécurité n'est pas compromise que nous commençons à effectuer le vol le plus efficient possible".

Chaque petite mesure ne fait peut-être gagner que 10 kg de kérosène sur trois tonnes consommées pendant un trajet de 1.000 km, "mais en fait, avec le nombre de vols qu'easyJet exploite, cela nous permettra d'économiser des tonnes et des tonnes de carburant", démontre-t-il. EasyJet estime que l'écopilotage lui permet de réduire ses émissions annuelles de 2,5%.

La compagnie, qui a publié il y a un an une feuille de route détaillée vers le "zéro émission nette" de CO2, objectif de tout le secteur aérien pour 2050, a réduit de "plus de 30%" ses émissions par passager au kilomètre ces 20 dernières années, et veut les faire à nouveau baisser "de 35% d'ici à 2035", rappelle M. Godinot.

D'autres pistes existent, comme l'utilisation du biocarburant, mais surtout le renouvellement des avions par des plus récents qui par définition consomment moins. À titre d'exemple, Easyjet et ses concurrents low-cost européens (Ryanair, Wizz Air, Transavia...) sont engagés dans le renouvellement graduel de leur flotte avec des appareils de dernière génération, Airbus A320neo ou Boeing 737 MAX.


T.M.

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