ENQUÊTE - Transports publics : comment la SNCF dépense-t-elle notre argent ?

par Hamza HIZZIR | Reportage TF1 Noé Gandillot, François Lenglet, Marion Jouvenet, Hippolyte Riou du Cosquer
Publié le 11 avril 2024 à 12h25

Source : JT 20h Semaine

Chaque semaine, TF1, en partenariat avec l’Ifop, mesure la satisfaction des Français face aux dépenses publiques.
Ce mercredi 10 avril, la rubrique "Notre argent" du JT de 20H dévoile que 45% d’entre vous estiment que les transports sont bien gérés.
À l’heure où le pouvoir d’achat est en berne, une question se pose : paie-t-on en France le juste prix pour notre transport ferroviaire ?

Entre la SNCF et les Français, la relation oscille entre attachement et agacement. "C’est confortable et silencieux, on peut bosser correctement sans problème", salue une voyageuse au micro de TF1, dans le reportage du JT visible en tête de cet article. "Je devais arriver à Paris à 10h35, je vais arriver à midi", râle une autre, assise dans le même wagon. Malgré les retards et autres annulations, les Français n’ont jamais autant pris le train : 120 millions de passagers dans les TGV l’an dernier. Alors que le déficit public devrait atteindre 5,1% du PIB, comment la SNCF dépense-t-elle votre argent ?

Une tendance forte : l'impression de payer "trop cher" des billets de train devenus "inabordables" est très largement partagée, comme l’illustrent les quelques témoignages recueillis dans la vidéo ci-dessus. Se vérifie-t-elle dans les faits ? "Vous allez sans doute être surpris, mais les trains français sont moins chers que la moyenne européenne, répond François Lenglet, le spécialiste économie de TF1-LCI. Car l’État et les régions aident massivement le ferroviaire, à hauteur de 15 milliards d’euros par an, pour rénover un réseau ferré qui a parfois jusqu’à 100 ans d’âge, et pour subventionner le fonctionnement."

En revanche, "quand on additionne le prix voyageur et l’argent versé par le contribuable, la situation de la France est beaucoup moins flatteuse dans le classement, poursuit François Lenglet. En 2022, nous avions ainsi les TER les plus chers d’Europe, à cause de l’organisation et de la gestion de la SNCF." Alors, comment expliquer que nos trains coûtent si cher ?

Pendant plusieurs décennies, la SNCF n’a pas suffisamment investi dans la rénovation de son réseau. Résultat : elle se retrouve aujourd’hui avec des infrastructures vétustes et doit combler son retard avec des investissements faramineux. À titre d'exemple, à Saint-Fargeau-Ponthierry (Seine-et-Marne), devant les caméras de TF1, un immense "train-usine" renouvelle les voies, remplaçant rails, traverses et ballast, à la vitesse d’un homme qui marche, soit 900 mètres de rails par nuit. C’est dix fois plus que le procédé traditionnel. Et beaucoup plus cher. "Pour être très concret, cela nous coûte 6.000 euros par minute", détaille Gilles Gautrin, directeur de la modernisation et du développement de SNCF Réseau.

Sur ce chantier, comme sur tant d’autres, 300 ouvriers travaillent chaque nuit, accomplissant des tâches techniques et exigeantes. En plus des machines, l’entreprise investit donc massivement dans l’humain. En témoigne le campus universitaire flambant neuf de Saint-Priest (Rhône), qui forme chaque année quelque 53.000 employés de la SNCF, nourris, logés, blanchis et soumis à des exercices de simulation 3D dernier cri, en réalité virtuelle. "On recrute beaucoup, environ 2.500 recrutements par an sur les dix années à venir. L’idée, c’est de trouver de véritables talents, puis de les conserver une fois formés", explique Philippe Gayou, le directeur de ce campus.

En conséquence de ces investissements, le prix des TER pourrait encore grimper, de 8% en moyenne cette année, à échelle nationale. "Mais chaque région a sa propre politique tarifaire, précise François Lenglet. L’Occitanie propose des tickets à un euro. En Pays de Loire, il existe des pass illimités pour 5 personnes à 30 euros par jour. Alors qu’en Nouvelle-Aquitaine, il n’y a pas moins de 13 formules d’abonnement… Quand le voyageur paye peu, c’est le contribuable qui passe à la caisse, car ce sont les régions qui compensent avec des subventions."

Pour tenter d’endiguer la hausse des prix, TER et TGV doivent désormais affronter la concurrence. Ces deux dernières années, l’entreprise italienne Trenitalia et l’Espagnole Renfe ont lancé leurs premiers TGV en France, notamment sur la ligne Paris-Lyon, ce qui a entraîné, outre un effort sur les services proposés par la SNCF, une baisse moyenne de 10% des prix de ces billets. Sur l’ensemble du réseau, en revanche, c’est une autre histoire : en deux ans, les tarifs des TGV ont grimpé de 8%.


Hamza HIZZIR | Reportage TF1 Noé Gandillot, François Lenglet, Marion Jouvenet, Hippolyte Riou du Cosquer

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