Ce qu'il faut savoir pour bien négocier une augmentation de son salaire ?

Publié le 22 janvier 2024 à 10h22

Source : JT 20h Semaine

Tous les ans, les entreprises doivent renégocier les salaires et l’organisation du travail.
Les salariés peuvent en profiter pour réclamer une augmentation.
Attention, cette demande se prépare et s’argumente.

4,9 %. Il s’agit du taux d’inflation enregistré en France en 2023. Encore très élevé, il pénalise les ménages notamment dans les commerces de bouches. En 2024, d’après un sondage réalisé par le cabinet WTW auprès de 922 entreprises françaises, les rémunérations médianes devraient grimper de 4 %.

Moralité, c’est le moment de solliciter une augmentation de salaire. Le Code du travail exhorte d’ailleurs les entreprises à le faire régulièrement : "L'employeur est tenu d'engager chaque année une négociation sur les salaires effectifs, la durée effective et l'organisation du temps de travail".

Si votre employeur ne prend pas les devants, servez-vous de votre entretien annuel d’évaluation et son bilan social individuel pour faire valoir vos ambitions salariales. Cet échange privilégié et direct avec votre manager permet de faire le point sur ce que vous avez accompli l’année précédente et de mettre en avant votre valeur ajoutée. Combien valez-vous, comment négocier votre augmentation ? Une chose est sûre, vous avez intérêt à préparer vos arguments pour justifier votre demande.

Préparez votre requête

D’abord, gardez à l’esprit qu’une telle demande se prépare. Pourquoi pensez-vous ne pas gagner suffisamment ? Vérifiez si vous figurez en dessous des salaires pratiqués dans votre secteur. Pour comparer votre rémunération, basez-vous sur la grille salariale de votre entreprise. Arbia Smiti, fondatrice de la start-up Rosaly, gestionnaire de paie, précise qu’elles ne sont pas obligatoires et pas toujours transparentes : "C’est un bon indicateur pour se comparer, à compétence, à qualification et à ancienneté égale." Si vous êtes en dessous, chiffres à l’appui, vous pourrez facilement demander une correction en guise de rattrapage. Dans le cas contraire, des cabinets de recrutement, à l’instar de Robert Half, Robert Walters ou Michael Page, proposent des guides de salaires, métier par métier.

Renseignez-vous ensuite sur la situation financière de l’entreprise. Arbia Smiti recommande de maîtriser ses contraintes budgétaires : "Les levées de fonds, mauvais résultats ou les restructurations empêchent votre entreprise de faire beaucoup d’effort. L’entreprise représente l’ensemble des salariés et vos objectifs personnels font partie des objectifs collectifs." Autrement dit, en cas de difficultés économiques, faites preuve de prudence avant de demander une importante revalorisation salariale.

Intéressez-vous également à la stratégie de l’entreprise. "La politique de rémunération reste différente d’une entreprise à une autre", confirme Arbia Smiti. Chacune dicte son rythme : une fois par an, tous les deux ans, en fonction d’objectifs commerciaux, etc.

Restez flexible

Maintenant que vous faites face à votre employeur, restez confiant et souriant. N’avancez pas de chiffre. Préférez une fourchette pour donner un cadre à la négociation. Mettez dans la balance la montée constante de l’inflation : "Montrez que cette hausse peut vous soulager, sans développer de projets personnels comme un achat immobilier par exemple", conseille Arbia Smiti. Tout dépend de votre évolution personnelle, des objectifs fixés l'an passé par vos supérieurs, de la charge de travail et de l’équilibre avec votre vie personnelle. Autant d’arguments à faire valoir, exhortent les cabinets de recrutement qui placent la fourchette à proposer autour de 5 à 8 %.

Mettez en valeur vos réussites. Appuyez-vous sur des éléments qui vous rendent sinon indispensable, au moins nécessaire au développement de l’entreprise : satisfaction des clients, revenus générés, économies réalisées, nouveaux partenaires signés, erreurs évitées, audience doublée, etc.

Restez flexible et ouvert au compromis. "La négociation salariale ne doit pas être une bataille, mais plutôt une conversation constructive", assure la fondatrice de Rosaly. Si vous sentez que votre supérieur reste fermé à un accord, n'hésitez pas à jouer sur les avantages en nature : rachat de RTT, jours de vacances supplémentaires, les tickets-restaurant, prime variable, la prime Macron, le forfait mobilité durable, voiture de fonction, etc. "Nous ne sommes pas assez formés sur les questions de rémunération. Beaucoup d’outils, mis en place par les entreprises, ne sont pas valorisés", regrette Arbia Smiti. Elle ajoute que ces avantages servent à motiver sans augmenter les salaires.

En cas de refus définitif, demandez à votre employeur des explications et des pistes d’amélioration. Si vous pensez encore posséder une marge de négociation, faites-lui une contreproposition. "Si votre entreprise reste satisfaite de votre travail, elle aura davantage intérêt à vous garder plutôt qu’à risquer de faire face à votre démission", conclut Arbia Smiti.


Geoffrey LOPES

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