Le quinquennat Macron a-t-il été marqué par une hausse globale du pouvoir d'achat ?

Publié le 2 octobre 2021 à 20h42, mis à jour le 11 octobre 2021 à 12h44

Source : TF1 Info

CONSOMMATION - Le gouvernement met en avant son bilan et assure que le pouvoir d'achat a progressé sous la présidence d'Emmanuel Macron. C'est vrai, même si un décalage s'observe avec le ressenti des Français.

Alors que la présidentielle se profile doucement, les représentants de la majorité s'évertuent, lors de leurs passages dans les médias, à défendre le bilan du gouvernement depuis le début du quinquennat d'Emmanuel Macron. Ce fut encore le cas ce jeudi 30 septembre sur France Inter, où l'ancien ministre Christophe Castaner a vanté la hausse du pouvoir d'achat enregistrée depuis 2017. Une manière de répondre à des critiques, venues de la gauche, mettant en avant une crise sociale et les difficultés de nombreux Français à joindre les deux bouts.

Si l'on remarque que l'accent n'a pas été mis, par l'exécutif, sur une hausse des salaires, les chiffres traduisent que la hausse de diverses prestations sociales a permis une hausse moyenne du pouvoir d'achat. Un constat pas toujours ressenti par les consommateurs et qui reste valable malgré les hausses majeures de prix observées dans le domaine de l'énergie.

Des hausses ralenties par un effet Covid

Si le gouvernement se refuse à augmenter le Smic, il a consenti, au cours des dernières années, à adopter des mesures pour soutenir les ménages les moins aisés. Afin de mesurer un potentiel impact de ces décisions sur le pouvoir d'achat, il convient de se tourner vers un indicateur que suit avec attention l'Insee : le revenu disponible brut des ménages, ou RDB. Et plus spécifiquement un RDB par unité de consommation plutôt que global, afin de mesurer le plus précisément possible l'impact moyen pour chaque individu.

Le calcul de ces données consister à cumuler les revenus ainsi que les différentes prestations sociales reçues. Sont alors retranchées les taxes et autres impôts, avant que des ajustements ne soient effectués pour tenir compte d'une potentielle inflation. De quoi obtenir un suivi dans le temps avec une évolution fiable à laquelle se référer. 

Que nous apprend l'Insee ? Qu'en 2018, la hausse du RDB (et donc du pouvoir d'achat) a été de 0,8 % en 2018, puis de 2 % en 2019, avant que l'on observe en 2020 une stagnation (0 %). Notons que pour 2021, l'Insee s'appuie sur les données récoltées pour le début d'année et évalue la hausse à 1,4% en prenant l'hypothèse d'une évolue similaire pour le second semestre.

Lorsque les représentants de la majorité mettent en avant des hausses de pouvoir d'achat, on observe donc qu'ils s'appuient sur des données fiables, dont il faut simplement souligner qu'il s'agit de moyennes. Ces progressions s'expliquent par une série de mesures adoptées depuis le début du quinquennat, parmi les lesquelles figurent notamment la suppression de la taxe d'habitation, de celles portant sur les heures supplémentaires, mais aussi le renforcement du chèque énergie ou la hausse de la prime d'activité. 

Revalorisée à plusieurs reprises, celle-ci a été décidée pour venir en aides aux ménages les plus modestes, sans induire de surcoût pour les employeurs. Une prime dont l'impact est notable dans les chiffres, mais dont il faut rappeler qu'elle n'est pas soumise aux cotisations sociales, ce qui signifie son absence de prise en compte, par exemple, dans le calcul de la retraite. 

Une hausse peu ressentie

Si le gouvernement met en avant son bilan, il ressort des enquêtes d'opinion que le ressenti des Français n'est pas aussi positif. Un récent sondage OpinionWay-Square pour Les Échos et Radio classique a mis en avant que 56% des Français avaient le sentiment que leur pouvoir d’achat avait plutôt diminué depuis 2017. Cela peut s'expliquer par différents facteurs, notamment le fait que certaines prestations sociales aient cherché à mettre en avant les salariés, ceux aux bas salaires en particulier. C'est le cas de la prime d'activité, qui n'est par principe pas destinée aux personnes à la recherche d'un emploi.

Une autre piste est suggérée dans les colonnes du Figaro : le quotidien fait référence à des travaux de l’économiste Xavier Jaravel, qui a "démontré qu’en fonction de leur panier, l’inflation frappait différemment les ménages". Conséquence : "20% des Français subissent [...] une inflation double de celle affichée par l’Insee". De quoi renforcer le sentiment d'une vie toujours plus chère, alors que les salaires progressent assez peu.

Un dernier axe de réflexion peut être envisagé, celui du décalage entre pouvoir d'achat perçu et pouvoir d'achat mesuré. Des travaux de France Stratégie ont notamment montré un "net décrochage" entre l'un et l'autre au début des années 2000. Une explication avancée est celle du "poids croissant des dépenses pré-engagées dans le budget des ménages", des dépenses "engagées par contrat, difficilement renégociables à court terme, et faisant souvent l’objet d’un débit automatique : assurances, abonnements téléphone et Internet, loyers, remboursements d’emprunts, etc." Lorsque leur part est élevée, écrit France Stratégie, "il devient plus difficile de faire face aux autres dépenses (alimentation, transport, habillement, restes à charge de santé, etc.)." 

Si les éléments mis en lumière par cette institution autonome rattachée au Premier ministre se sont cantonnés à une période s'arrêtant à 2017, on note que l'actuelle majorité est arrivée au pouvoir dans un contexte dégradé pour les consommateurs, en particulier ceux les moins aisés.

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Thomas DESZPOT

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