Le chanteur iranien Mehdi Yarrahi a été arrêté lundi 28 août par les autorités de son pays.Son tort ? La mise en ligne d'une chanson dans laquelle il a défendu un port du voile "optionnel" pour les femmes.Une décision symbolique, à l'approche du premier anniversaire de la mort de la jeune Mahsa Amini.
Derrière les barreaux à cause d’une chanson ? C’est le sort qui vient d'être réservé à Mehdi Yarrahi, un chanteur iranien de 41 ans, arrêté lundi sur ordre du procureur de Téhéran suite à la publication de "Roosarito" ("Ton foulard" en persan - ndlr), un morceau en faveur d’un voile "facultatif" pour les femmes de son pays.
Dans le clip, mis en ligne le week-end dernier sur Youtube, on peut voir des images des manifestations qui se sont multipliées dans son pays depuis septembre 2022 et la disparition Mahsa Amini, une jeune femme morte après avoir été arrêtée par la police des mœurs qui lui reprochait de ne pas avoir respecté l'obligation du voile.
La veille de l’arrestation de Mehdi Yarrahi, l'organe de presse du pouvoir judiciaire, Mizan Online, avait annoncé qu'une action en justice avait été engagée contre lui à cause de la diffusion de cette chanson "chanson illégale contestant les moeurs et coutumes de la société musulmane". L'artiste avait réagi sur les réseaux sociaux, en écrivant qu'il était "le cauchemar" du juge qui a prononcé son arrestation.
Originaire de la province arabophone du Khouzestan, dans le sud-ouest du pays, Mehdi Yarrahi soutient régulièrement sur Instagram la contestation déclenchée en septembre 2022. Son morceau "Soroode Zan" ("Hymne de la femme", en persan), sorti début octobre, était devenu un hymne pour les manifestants, notamment dans les universités. Ce mardi, son compte officiel, suivi par 1,1 million d'abonnés, est inaccessible.
Depuis la Révolution islamique de 1979 en Iran, le port du voile est obligatoire pour toutes les femmes, qui doivent dissimuler les cheveux dans les lieux publics. De plus en plus de femmes apparaissent cependant tête nue dans les grandes villes ces derniers mois à la suite de la mort de Mahsa Amini, condamnée par la communauté internationale.
Le sort réservé à Mehdi Yarrahi peut surprendre puisqu’en 2018, il avait reçu le prix du meilleur chanteur de pop du festival de Fajr, organisé par le gouvernement. Son arrestation atteste de la crispation des autorités devant les événements récents, de nombreux artistes ayant été interpellé, à l'image du réalisateur Saaed Roustaee, arrêté il y a peu pour avoir présenté sans autorisation à Cannes son film Leila et ses frères, peinture de la crise économique dans le pays.