"Le regret, ce n’est pas du viol !" : la défense du producteur Harvey Weinstein joue son va-tout

Publié le 2 décembre 2022 à 16h15

Source : Sujet TF1 Info

L'ancien roi du cinéma indépendant américain est jugé depuis la fin octobre à Los Angeles pour viols et agressions sexuelles.
Déjà condamné à 23 ans de prison à New York en 2020, il risque désormais de passer le restant de ses jours derrières les barreaux.
À l'approche du verdict, ses avocats tentent de convaincre qu'il n'a fait que profiter de la "promotion canapé", très répandue à Hollywood.

Harvey Weinstein peut-il échapper à une nouvelle condamnation ? Après avoir écopé de 23 ans de prison lors de son premier procès à New York au printemps 2020, l’ancien producteur de cinéma est jugé à Los Angeles pour des viols et agressions sexuels commis sur cinq femmes entre 2004 et 2013. Cinq ans après les révélations qui ont donné naissance au mouvement #MeToo, difficile d’imaginer le jury populaire accorder la clémence à un homme dont les agissements ont été dénoncés par des dizaines de femmes et d’anciens collaborateurs. C’est pourtant l’objectif de la défense qui, depuis l’ouverture des débats fin octobre, cherche par tous les moyens à décrédibiliser les plaignantes. 

Pour l’avocat Alan Jackson, qui s’est adressé jeudi aux jurés, cette procédure se résume en cinq mots : "Take my word for it" (Croyez-moi sur parole – ndlr). Comme son collègue Adam Werksman, il estime que soit les plaignantes ont menti sur leur rencontre Harvey Weinstein, soit elles ont regretté d’avoir profité de la promotion canapé après avoir lu les enquêtes journalistiques qui ont entraîné la chute de son client. "Ces femmes nous disent de les croire parce qu’elles sont en colère, parce qu’elles ont pleuré", a-t-il déploré. "Mais la fureur n’a rien à avoir avec les faits. Et les pleurs ne constituent pas une vérité. Le regret, ce n’est pas du viol".

Il est l’heure de mettre fin au règne de la terreur de l’accusé et il est l’heure pour le faiseur de rois d’être jugé
La procureure adjointe Marlene Martinez

Dans le viseur de l’avocat, il y a notamment Jennifer Siebel Newsom, la femme de l’acteur gouverneur démocrate de Californie Gavin Newsom, qui a raconté de manière détaillée le viol dont elle aurait été victime dans la suite d’un palace de Beverly Hills, en 2005. "C’était une performance théâtrale et hyper dramatique. Mais ce que vous avez vu, c’était du chiqué", a ironisé Alan Jackson pour qui cette ancienne actrice s’est simplement livrée à du "sexe transactionnel". "Elle le sait et elle déteste ça".

Pour la procureure adjointe de l’Etat de Californie, Marlene Martinez, cette manière de s’en prendre aux accusatrices n’est pas une surprise. Mercredi, en s’adressant aux membres du jury, elle avait expliqué que "ces femmes savaient qu’en venant témoigner au tribunal, elles seraient traitées de bimbos devant tout le monde et que les avocats de l’accusé ne seraient là que pour les embarrasser." Pourtant, selon elle, la culpabilité d’Harvey Weinstein ne fait aucun doute.

"La vérité, c’est que nous savons combien son comportement a été détestable", a insisté Marlene Martinez. "Il pensait être si puissant que les gens excuseraient sa manière d’agir. C’est juste Harvey en train de jouer à Harvey. C’est juste Hollywood. Et pendant si longtemps, tout le monde a tourné la tête. Il est l’heure de mettre fin au règne de la terreur de l’accusé et il est l’heure pour le faiseur de rois d’être jugé."

S’il est reconnu coupable des 11 chefs d’accusations retenus contre lui, Harvey Weinstein risque 60 ans de prison supplémentaires, ce qui le condamnerait à passer le restant de ses jours derrière les barreaux, lui qui fêtera ses 71 printemps l'an prochain. Ce ne sera toutefois pas la fin de ses déboires judiciaires puisqu’en juin dernier, il a été inculpé au Royaume-Uni pour des agressions sexuelles qui remonteraient à 1996.


Jérôme VERMELIN

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