VIDÉO - Changement climatique : quand les amandes et les pois chiches remplacent le maïs et les tournesols

par La rédaction de TF1info | Reportage : Nathalie Pellerin, Delphine Sitbon, Damien Blondeau
Publié le 8 mai 2024 à 12h41

Source : JT 20h Semaine

Face au dérèglement climatique, les producteurs doivent adapter leurs pratiques et leurs cultures.
Finis le tournesol ou le maïs, par exemple, certains exploitants de Haute-Garonne se tournent désormais vers les amandes ou les pois chiches, moins gourmands en eau.

Des dizaines de milliers d'amandiers, parfaitement alignés et plantés à un rythme effréné. C'est la scène que l'on découvre dans le reportage du 20H en tête de cet article. Nous ne sommes pas en Andalousie, mais à une trentaine de kilomètres au sud de Toulouse. La récolte des premiers arbres plantés en 2022 s'annonce très bonne, pourtant si loin de la Méditerranée. Depuis trois décennies, c'est en effet du maïs qui poussait sur cette parcelle, mais le changement climatique incite à se tourner vers des cultures mieux adaptées, et des pratiques plus vertueuses.

"On a surtout maintenant des étés qui sont très chauds", explique au micro de TF1 Martin d'Archimbaud, cofondateur de Greenpods, à l'initiative de cette ferme pilote. "L'amandier s'adapte très bien" aux fortes chaleurs que connaît désormais la région de Toulouse, détaille-t-il, "c'est un arbre qui a aussi besoin d'intensité lumineuse pour produire ses fruits".

C'est une grande aventure qui commence
Ingrid Cotte, agricultrice

Lancée il y a seulement deux ans, l'expérience vise à planter 30.000 amandiers sur 64 hectares, selon les principes de l'agriculture régénératrice, après des dizaines d'années d'exploitation intensive qui ont appauvri les sols. Pour l'aider dans ce défi immense, Martin d'Archimbaud a fait appel à une équipe espagnole expérimentée, avec un matériel et des techniques spécifiques. Mise en pratique, l'idée semble fonctionner, et commence à faire école. 

La voisine de la ferme pilote de la Granja vient se renseigner pour, elle aussi remplacer le maïs, trop gourmand en eau, par des amandiers. "On va planter vendredi", sourit Ingrid Cotte, "et c'est une grande aventure qui commence". Autre vertu de cette transition, selon ses concepteurs : mettre fin à "l'aberration économique" de la filière des amandes. Principalement consommées en Europe, celles-ci sont pourtant produites à 80% aux États-Unis.

Quand les pois chiches remplacent les tournesols

Avec les pics de température à répétition dans la région, tout le monde s'adapte. À 46 ans, le céréalier rencontré par notre équipe n'imaginait pas planter un jour des pois chiches. Une culture qui "nécessite très peu d'eau", contrairement au tournesol, et très rentable, portée par un marché des légumineuses en plein essor en France.

La pression des assureurs

Adapter les cultures au changement climatique est une telle urgence, que dans la compagnie d'assurance Axa Climate, trente experts scientifiques et agronomes sont mobilisés. Photos-satellite, analyses de la météo, études publiées dans toutes les langues, ils veulent tout comprendre, pour guider les exploitants dans les prochaines années. Le risque de difficultés financières, s'il a toujours eu sa part dans l'agriculture, est multiplié avec l'accélération du changement climatique, ont constaté les assureurs. S'ils n'adaptent pas leurs pratiques et leurs cultures, des agriculteurs pourraient donc peiner à s'assurer.

Les chaleurs observées aujourd'hui dans le Sud-ouest de la France se retrouveront sur une grande partie du pays d'ici à 2050. Alors, verra-t-on un jour des plantations de kiwis au pied de la cathédrale de Chartres ? Les experts ne l'excluent pas. Toutes les cultures sont déplacées progressivement au nord de leur exploitation traditionnelle. Dans les Hauts-de-France, cette migration est déjà visible à l'échelle de la région. La firme Bonduelle, par exemple, a modifié en profondeur ses zones de production. La culture du petit pois a été déplacée vers le nord, et plus proche du littoral, qui offre un climat tempéré propice. 

D'autres variétés sont testées un peu partout en France, venues de climats réputés plus chauds, comme les fèves d'Égypte ou les haricots rouges du Mexique. Des produits jusqu'ici "exotiques", qui pourraient prendre une part très importante dans nos assiettes, dans les prochaines années.


La rédaction de TF1info | Reportage : Nathalie Pellerin, Delphine Sitbon, Damien Blondeau

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