VIDÉO - Jardinage : comment y donner goût à vos enfants ?

Publié le 17 juillet 2022 à 18h15, mis à jour le 26 septembre 2022 à 10h56

Source : JT 20h WE

Pour apprendre à vos enfants le respect de la nature et de l'environnement, quoi de mieux que le jardinage ?
Problème : cette activité d'extérieur ne les emballe pas toujours...
Pour y remédier et qu'ils lâchent les écrans, voici quelques conseils.

Les enfants réfractaires quand il s'agit de se mettre au vert ? On dit souvent que les petits n'ont plus de contact avec la nature : c'est vrai ! C'est même prouvé par de nombreuses études qui démontrent qu'ils sont de moins en moins dehors, accaparés par leurs écrans à qui ils consacrent quatre heures de leur temps chaque jour. Et n'allez pas croire que cela ne touche que les petits citadins, les enfants vivant à la campagne sont également concernés - même si, bien sûr, ces derniers ont plus de chances de se retrouver dans une forêt ou au bord d'une rivière en sortant de chez eux. Alors, comment faire pour donner aux plus jeunes le goût du jardinage et les reconnecter ainsi avec la nature ?

Pour Frédéric Lisak, directeur des Éditions Plume de Carotte, qui ont publié le 18 avril Les aventuriers au jardin bio (Terre Vivante), une collection destinée aux enfants de 8 à 12 ans pour les inciter à découvrir et aimer le jardin, "cela doit passer par le plaisir, et non par de grands discours sur les menaces environnementales". "Si on veut que les enfants apprennent à regarder la nature, il faut leur faire comprendre que c'est merveilleux, malicieux, joyeux. Je ne crois pas du tout à la pédagogie de la peur, qui consiste à dire à ses enfants : 'Venez, on va ramasser les déchets sinon la planète ira mal', pour moi c'est contre-productif", estime-t-il. 

Le moteur, c'est d'abord l'éveil de la curiosité

"Le moteur, c'est d'abord l'éveil de la curiosité. Et pour ce faire, le jardin est l'outil idéal parce qu'il répond à deux fondamentaux : d'abord, on n'a pas besoin d'attendre le week-end ou les vacances pour avoir un contact avec la nature, il suffit de sortir de chez soi. Ensuite, dans un jardin, on n'est jamais spectateur, on est nécessairement acteur. On va dire à son enfant : 'Goûte cette plante, gratte la terre pour voir ce qu'il y a dessous'. S'il y a une petite bête : 'Qu'est-ce qu'elle fait là ?'", poursuit celui qui a grandi dans des clubs nature, avant de consacrer une partie de son temps à éduquer à l'environnement de nombreux élèves lors d'activités extra-scolaires.

À chaque âge, son apprentissage

Sauf, qu'une fois sur deux, quand on dit à son enfant : "Viens, on va jardiner !", ça ne l'emballe pas plus que ça. Alors que faire ? "C'est effectivement l'erreur à ne pas commettre parce que, la plupart du temps, il va prendre ça pour une corvée. D'autant que le jardinage, c'est nécessairement apprendre la patience, ce qui est très difficile à comprendre pour les petits qui veulent voir leur plante pousser dès qu'ils ont semé les graines", prévient Frédéric Lisak. "Donc, on va plutôt lui dire : 'On va au jardin pour voir les petites bêtes, pour goûter des choses délicieuses, pour s'amuser, pour fabriquer des jouets ou pour faire de la peinture. On va en fait détourner l'objet jardin, même si au final, lorsqu'on goûte un fruit ou récolte des légumes, on fait du jardinage."

Après, il va y avoir une manière différente d'aborder le jardin, selon l'âge de l'enfant. D'après notre expert, "avant 6 ans, on va être essentiellement dans le sensoriel, en privilégiant des jeux autour des cinq sens. Alors qu'à partir de 7/8 ans, on va plutôt faire des activités manuelles, car les enfants sont plus actifs. C'est d'ailleurs ce qu'on appelle 'l'âge des cabanes'", explique-t-il. "Résultat, on va construire, bricoler, faire des nichoirs pour les oiseaux, des abris pour les insectes.... Ensuite, vers 12/13 ans, ça va être plus compliqué de les intéresser au jardinage. C'est là qu'on va pouvoir sortir de notre poche la carte 'écologie' car le militantisme peut être un vrai moteur pour cette classe d'âge. On le voit bien avec tous les jeunes qui manifestent en ce moment pour le climat."

Faut-il avoir un équipement particulier ?

Une fois les mains dans la terre, on se demande souvent s'il faut investir à tout prix dans le kit du parfait petit jardinier pour que son enfant puisse se salir en toute sérénité et être protégé des éventuelles blessures. "Assurément non", répond notre spécialiste de la nature. "Il n'y a pas un outillage particulier et surtout pas d'outils interdits. Il faut arriver à rompre un peu avec le côté sécuritaire à tout crin de notre société. C'est important d'apprendre à un enfant à grimper dans un arbre, à se servir d'un couteau, à marcher pieds nus dans l'herbe... Et le plus simple, encore une fois, c'est de le faire de façon ludique", souligne-t-il. "Pourquoi, par exemple, ne pas faire passer à son enfant de 10/11 ans un "permis couteau", en lui indiquant les bons gestes. Tout est une question de mise en scène. Idem pour grimper dans un arbre : on va le choisir ensemble, repérer comment il est construit, lui montrer le principe des trois points d'appui, et faire cet apprentissage en toute sécurité." 

Quant aux vêtements, on peut prévoir un tablier, si besoin, et des gants pour protéger leurs mains des ronces ou des herbes qui piquent. Mais se salir n’est pas interdit, bien au contraire, car "mettre ses mains dans la terre, la malaxer, la sentir permet à l’enfant dès son plus jeune âge de mieux se familiariser avec elle. Renouer avec la nature, ça passe aussi par le physique", souligne Frédéric Lisak. Vous pouvez également détourner certains objets du quotidien. Ainsi, pour les plus jeunes, un simple crayon suffit pour faire un trou dans la terre et y planter une graine. 

Doit-on leur dédier un bout de jardin ?

Là encore, ce n'est pas obligatoire, et notre expert est formel : "L'idée, c'est avant tout de faire découvrir à son enfant ce qu'il y a dans le jardin. S'il y a un coquelicot, on va lui demander s'il pense qu'il a été semé ou s'il a poussé tout seul. On peut aussi le cueillir et en faire une petite poupée... Résultat, ce coquelicot que l'enfant n'aura pas forcément vu, il va l'observer avec plus d'attention et retenir ce que c'est. Avec les fruits et les légumes, c'est encore plus intéressant. Ça ne va plus être : 'qu'est-ce qu'on cuisine ?', mais plutôt 'qu'est-ce qu'il y a dans le jardin ?' Et là, c'est fabuleux, parce que c'est une reconnexion aux saisons. Si par exemple, on veut faire une salade de tomates, on va d'abord aller voir s'il y en a dans le jardin en avril, et s'apercevoir finalement que c'est trop tôt." 

Et si votre enfant tient absolument à avoir un espace ? "Cela doit être une activité parmi d'autres, insiste-t-il. L'important, c'est avant tout de regarder ce que le jardin nous offre. C'est par ce biais-là qu'on va lui donner le goût d'avoir ses propres activités. Cela peut être du jardinage, mais aussi du bricolage, ou un jeu à faire avec les copains, ou de la cuisine... C'est une démarche où on aiguise leur attention."

Que faut-il planter ?

Une fois l’espace déterminé, il est grand temps d’envisager les semis et plantations ! Mais, n’oubliez pas que la patience n’est pas le fort des enfants, surtout entre 2 et 5 ans. C’est pourquoi il faudra choisir des semis dont la croissance est assez rapide, des cultures simples comme les radis, les tomates cerise, les fraises, ou encore les plantes aromatiques. Toutefois, soyez-en sûr, "la patience, ça s'apprend, nous dit notre spécialiste. Par exemple, on va semer, mais on ne revient pas toutes les heures pour voir ce qui a poussé. Le lendemain, on va plutôt faire un jeu et puis penser à arroser"

"On peut aussi s'amuser avec quelques expériences comme faire germer des graines de blé dans du coton, ou faire pousser un noyau d'avocat dans un verre", poursuit Frédéric Lisak. "En fait, toute la démarche d'accompagnement va être rythmée par des temps plus ou moins longs qui vont regrouper un ensemble d'activités. Du coup, l'enfant n'ira pas au jardin que pour voir si ses graines ont germé, mais pour observer aussi si la coccinelle qu'il avait vue la veille est toujours là, ou s'il y a des mésanges dans le nichoir qu'on a posé il y a un mois... Et tout ça est important dans son développement psychologique, car jusqu'à 4/5 ans, l'enfant voit l'oiseau et puis l'arbre, mais il ne voit pas forcément l'oiseau sur l'arbre. C'est parce qu'il y a petit à petit un ensemble de données qu'il acquiert que les liens se font, et ça passe par un ensemble de séquences qui se complètent et s'assemblent", conclut-il.


Virginie FAUROUX

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