Des élus de gauche dénoncent les besoins en eau des parcours de golf, a fortiori en période de sécheresse.Dans les rangs de LFI, Manon Aubry explique que la consommation cumulée de ces équipements est égale à celle de la ville de Lyon.Cet ordre de grandeur est globalement juste, si l'on s'en tient à la seule consommation des habitants.
Une "dégradation intolérable". Ces mots sont ceux de la préfecture de la Vienne, qui s'est émue d'une action du mouvement les Soulèvements de la Terre, ces derniers jours. Des membres du collectif s'en sont pris à un golf du département, ciblé en raison des quantités d'eau requises pour son entretien. Un geste que les autorités dénoncent, mais que des élus de gauche se refusent à condamner. C'est notamment le cas de la députée européenne LFI Manon Aubry. En cette période de canicule, lance-t-elle, "l'urgence pour Macron et le gouvernement est de sauver... les golfs qui consomment l'équivalent d'une ville comme Lyon en eau !"
29 millions de mètres cubes par an
Sur les réseaux sociaux, des internautes mettent en avant un rapport parlementaire. Ce dernier estime ainsi que "la consommation totale en eau de tous les golfs représentait 36 millions de mètres cubes" par an. Si de tels ordres de grandeur ont bien été présentés, ces données sont aujourd'hui trop anciennes pour être prises comme référence. Le rapport date en effet de 2003.
Une étude plus récente, à laquelle a activement pris part la fédération française de golf (FFGOLF), remonte à 2013. C'est elle qui est aujourd'hui avancée pour proposer une évaluation plus précise. Le document, de 250 pages, indique que le volume d'eau global consommé par an est de "29,2 millions de mètres cubes". La FFGOLF insiste sur les efforts réalisés par les gestionnaires pour réduire les besoins en eau et notent que ceux-ci diminuent au fil du temps.
Que représentent les volumes d'eau dont il est ici question ? Pour le comparer à la consommation d'une ville comme Lyon et chercher à vérifier les propos de Manon Aubry, il faut s'appuyer sur les données d'Eau France, le service public d'information sur l'économie de l'eau. Cet organisme chiffrait en 2020 la consommation moyenne d'un Français à 149 litres d’eau potable par jour, soit une "54,3 mètres cube par habitant et par an". Un bref calcul permet d'observer que pour atteindre la consommation des golfs français, il faut additionner l'eau utilisée par l'équivalent de 537.000 personnes. Nous sommes ici assez proches de la population lyonnaise, qui oscille autour des 520.000 habitants. Ce qui tend à donner raison à l'eurodéputée LFI.
Une eau d'arrosage en majorité non potable
Si les ordres de grandeurs évoqués sont juste, quelques nuances sont à apporter. Tout d'abord, la consommation des golfs se rapproche de celles de la population de Lyon, mais pas de celle de la ville entière. L'arrosage public, l'eau des piscines ou l'alimentation des écoles et autres casernes de pompiers ne sont pas pris en compte.
Par ailleurs, l'eau consommée par les habitants n'est pas tout à fait similaire à celle nécessaire pour l'arrosage des golfs. Quand de l'eau potable est utilisée dans notre consommation quotidienne, seul 1/10e des volumes dédiés à l'irrigation des parcours est propre à la consommation.
Un dernier point est à garder en tête : le fait que d'un golf à l'autre, les besoins en eau sont très variables. Si des responsables politiques pointent du doigt l'ensemble de l'activité, d'une région à l'autre, la pratique se révèle plus ou moins gourmande en eau. Là encore, c'est le rapport de 2013 qui permet de le visualiser.
Les parcours situés en région PACA, à l'instar de ceux qui longent la côte Atlantique à partir de la Loire-Atlantique, sont nettement plus arrosés. Les volumes requis sont ainsi plus de deux fois plus élevés que ceux représentés en vert sur la carte.
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