VIDÉO - "Il est indispensable dans nos vies" : les dessous du reportage de TF1 dans les mines de cobalt

par Romain LE VERN | Reportage TF1 : Florian Litzler, Gilles Parrot, Valérie Belgrand-Barbier
Publié le 23 novembre 2023 à 20h50

Source : TF1 Info

Il est notamment présent dans les smartphones et dans les voitures électriques.
Le cobalt, devenu le métal le plus recherché du monde, provient en grande majorité de l'un de ses pays les plus pauvres, la République démocratique du Congo.
Le journaliste de TF1 Florian Litzler, auteur d'un reportage exceptionnel diffusé ce jeudi soir dans le 20H, nous raconte les conditions extrêmes dans lesquelles il s'est déroulé.

Dans la batterie de notre smartphone se trouve un métal qu'on appelle le cobalt. Et on ne le sait pas forcément, mais les deux tiers du cobalt utilisés dans le monde proviennent de la République démocratique du Congo. Dans le cadre d'un grand reportage exceptionnel diffusé ce jeudi soir dans le 20H, l'une de nos équipes s'est rendue dans une mine de RDC, au contact des "creuseurs", ces femmes et ces hommes payés 150 euros par mois, qui passent huit heures par jour à ramper dans cet enfer dont les murs valent 30.000 euros la tonne. Chaque année, "des dizaines de morts asphyxiés, écrasés, payés 150 euros par mois" sont dénombrés, précise le reportage à retrouver en tête de cet article.

Du cobalt, "il y en a dans les téléphones, mais aussi beaucoup dans les batteries de voitures électriques qu'on voit de plus en plus autour de nous", explique Florian Litzler, aux commandes de ce reportage avec notre autre journaliste Gilles Parrot dans la vidéo ci-dessous. "Le Congo, c'est à huit heures d'avion, et pourtant on est très, très nombreux à être concernés par ce qui se passe là-bas." 

Les forçats du cobaltSource : TF1 Info

Là-bas, comme on peut le voir dans le reportage, se trouvent des trous étroits, sans lumière, sans air de l'extérieur. Au cœur de la mine, on ne voit même pas le fond du puits. 50 mètres de vide, soit l'équivalent de 18 étages. "Nous souffrons beaucoup ici, il faut nous payer plus", témoigne un "creuseur", interrompu par son collègue : "Va dire ça au gouvernement congolais plutôt que de t'adresser comme ça à la télévision des Blancs. Ils n'ont rien à voir là-dedans, eux".

Un reportage sous tension

Pourtant, c'est toute la planète qui est concernée. "On a choisi d'aller vous montrer d'où vient le cobalt, si indispensable aujourd'hui dans nos vies", poursuit Florian Litzler. Un reportage sous tension tant il est impossible de venir sur place sans autorisation, les lieux étant très fermés, protégés par des barbelés, des miradors, des murs d'enceinte. En fait, seuls celles et ceux qui travaillent peuvent y entrer : "Pour aller filmer ces creuseurs artisanaux, il a fallu négocier plusieurs autorisations auprès du gouvernement, des services secrets, de la Compagnie des mines, du ministère des mines", explique-t-il. "Là où, en revanche, on a eu aucune option pour entrer, c'est auprès des grosses mines industrielles qui sont la plupart gérées par des compagnies chinoises. Il y en a plusieurs dans la région et aucune n'a voulu accepter notre tournage, sans donner de raison".

Ce lieu, également dévoilé dans le reportage du 20H, s'appelle la Commus, fait trois kilomètres de long, 150 mètres de fond, et appartient à l'un des plus grands groupes miniers chinois. Sur place, le grincement des camions ne s'arrête jamais. Jours et nuits, ils transportent du cobalt et du cuivre. Fréquemment, quand il y a des intrusions inattendues dans ces mines, les gardes peuvent tirer à vue. Une semaine avant notre reportage, par exemple, trois morts ont été recensés, dont deux enfants. Dans ces gigantesques mines, les ouvriers congolais se disent maltraités : "Ils nous font travailler avec de l'acide", témoigne courageusement l'un d'euxt. "On était mal équipés, on travaillait sans les gants, on travaillait même des fois sans le masque à gaz. On ne mangeait pas, on travaillait 12 heures par jour et on était obligés de se débrouiller pour l'eau." 

Des mines qui dévorent les villes

Les mines rongent même la ville de Kolwesi, où se trouvent du cobalt, du cuivre, de l'uranium, de l'or, et plus à l'Est, des diamants, de l'argent, du coltan. Pour leur faire de la place, un habitant, Clément Mbuyu, qui témoigne face à notre caméra, a été chassé de chez lui avec sa femme et ses quatre enfants. "Comme c'est l'État qui est le maître, on était obligé de partir", dit-il. Ils ont été expulsés de force en échange d'un dédommagement de 80.000 euros, juste assez pour reconstruire dans un quartier sans eau ni électricité. "Ce n'est pas fini. Le quartier où nous filmons a aussi été vendu à la compagnie chinoise : d'ici fin décembre, toute cette zone en rouge passera derrière le mur et disparaîtra", commente Florian Litzler.

En tout, la surface minière au bord de la ville fait presque 100 kilomètres carrés, soit la surface de Paris. "C'est plus grand que la ville désormais", confirme notre journaliste. "Vous avez ces gros trous qui grandissent, qui grandissent, qui chassent la population qui, pour autant, ne gagne pas beaucoup grâce à ces richesses minières et n'en profite pas (…) Vous avez énormément de minerais qui sont extrêmement recherchés aujourd'hui dans le monde. C'est ça qui est particulier au Congo, vous avez l'un des sous-sols les plus riches de la planète, et l'une des surfaces, l’un des pays les plus pauvres du monde." 


Romain LE VERN | Reportage TF1 : Florian Litzler, Gilles Parrot, Valérie Belgrand-Barbier

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