VIDÉO - Mine de lithium dans l'Allier : où en est-on, plus d'un an après l'annonce du projet ?

par La rédaction de TF1info | Reportage : Léa Deschateaux et Victor Gauquelin
Publié le 10 mars 2024 à 12h00

Source : JT 20h WE

Dans l'Allier, le groupe de minéraux Imerys porte le projet Emili qui vise à extraire du lithium du sous-sol du Massif central.
S'il voyait le jour, il pourrait entraîner l'ouverture d'autres mines en France, notamment en Alsace.
Mais le pari n'est pas encore gagné, car le projet suscite de nombreuses inquiétudes dans les zones concernées.

L'annonce avait fait grand bruit. En octobre 2022, le groupe de minéraux Imerys avait lancé son projet Emili. Le but : ouvrir l'une des plus grandes mines de lithium d'Europe sur le sol français, plus précisément dans l'Allier, à quelques pas du village d'Échassières. L'objectif de l'entreprise, qui souhaite mettre sa mine en service en 2028, est de produire 34.000 tonnes d'hydroxyde de lithium par an et d'équiper les batteries de 700.000 voitures électriques chaque année durant au moins 25 ans. Une usine de conversion serait installée près de Montluçon, à une quarantaine de kilomètres. Mais plus d'un an après la présentation du projet, les oppositions restent importantes. Le 20H de TF1 fait le point. 

100 tonnes de roches pour 1 tonne de lithium

La mine de lithium d'Imerys doit ouvrir sous la carrière blanchâtre de kaolin, exploitée par la société depuis 2005. "Les premières galeries seraient à une cinquantaine de mètres sous le fond de la carrière de kaolin actuelle. Donc, on peut imaginer des galeries qui partiraient dans les flancs de la carrière actuelle", explique Fabrice Frébourg, chef de projet environnement pour Imerys, dans le reportage en tête de cet article. Car les ressources de lithium sont liées à la formation d'anciennes chaînes de montagne dans cette zone, il y a plus de 300 millions d'années. 

Pour pouvoir l'exploiter, les galeries devront descendre jusqu'à 350 mètres de profondeur, pour aller chercher des morceaux de roche, dont l'entreprise prélèvera ensuite le lithium. Et le travail sera important : il faut en moyenne 100 tonnes de roches pour extraire une tonne de lithium. Selon Imerys, ce projet minier – le plus important en métropole depuis près de 50 ans – permettrait de créer entre 500 et 600 emplois directs dans la région, et près de 1000 emplois indirects.

Inquiétude sur l'eau

Le Massif central va-t-il ainsi devenir l'eldorado du lithium ? Si Imerys vante les capacités de sa mine, les scientifiques se veulent plus mesurés et considèrent que le potentiel de la région est "plus qu'honorable". Une donnée qui inquiète, alors que la possible création de la mine de l'Allier nourrit autant d'espoir économique que d'inquiétude environnementale à Échassières, petit village de 400 habitants. "Il y a toujours eu des mines dans la région, il doit y avoir des mines de lithium maintenant, je ne vois pas pourquoi on serait contre", explique un habitant au 20H de TF1, quand un autre espère que le projet incitera des familles à s'installer et "qui dit famille qui enfants, et pour garder notre école, ce serait bien". 

Autre son de cloche pour un agriculteur qui s'inquiète pour la ressource en eau. Car pour produire du lithium, il en faut beaucoup. Tout d'abord pour l'extraire puis pour le séparer des autres roches et le transporter par tuyaux jusqu'aux usines de transformation. Une consommation qui inquiète l'association France nature environnement. "C'est un enjeu puisqu'on vient faire un tel projet dans une zone naturelle, on a des espèces au niveau de la biodiversité, quel sera aussi l'impact sur la pollution sur les eaux ?", s'interroge sa présidente Fabienne Théry. 

Des inquiétudes entendues par Imerys. La société affirme chercher des solutions pour préserver la qualité de l'eau et promet des méthodes plus vertueuses que dans les autres pays exploitants. "Pour utiliser le moins d'eau possible et que ce soit le plus possible en circuit fermé, on est sur des estimations qui sont 5 à 15 fois moins consommatrices d'eau que sur les autres exploitations qu'on peut avoir dans les autres pays, en Amérique du Sud par exemple", assure Fabrice Frébourg. Des arguments que l'entreprise doit faire valoir à compter du 12 mars, alors que le projet de mine va faire l'objet d'un débat public jusqu'au 7 juillet avant qu'un feu vert ne lui soit éventuellement accordé.

Un potentiel prometteur... mais à confirmer

Un débat important, car selon les résultats de la mine d'Échassières, le projet pourrait en entraîner d'autres, en Alsace ou dans le Finistère. Car en 2018, le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) avait identifié plusieurs zones qui pourraient renfermer du lithium. "Ce qui est connu, c'est le nord du Massif central, le long d'une bande qui va globalement du Limousin jusque dans l'Allier. On en connaît aussi en Bretagne. On a aussi du lithium présent dans des saumures (eaux chaudes souterraines) dans la plaine d'Alsace et le Massif central", explique à l'AFP Eric Gloaguen, géologue au BRGM.

"Au niveau européen, la France se situe très, très bien", affirme-t-il. Un autre gisement a été identifié dans le Limousin à Montebras, où était déjà exploitée la seule mine de lithium de France. "La France a un potentiel plus qu'honorable qui reste à démontrer quand il y aura quelque chose en exploitation et si tous les paramètres sociétaux et environnementaux le permettent", assure enfin le chercheur.


La rédaction de TF1info | Reportage : Léa Deschateaux et Victor Gauquelin

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