Stockage de CO2 : dans quelles régions françaises trouvera-t-on des "puits de carbone" pour l’enfouir ?

Publié le 26 avril 2024 à 20h46

Source : JT 20h Semaine

Le gouvernement entend développer des sites de stockage du CO2 sur le territoire national.
Un appel d'offre doit être lancé par le ministre Roland Lescure auprès des acteurs du secteur.
Où ces sites se situent-ils sur le territoire national ?

L’Hexagone n’est certes pas le Texas et son sous-sol gorgé d'hydrocarbures, mais il dispose d'anciens gisements d'hydrocarbures, en région parisienne et dans le bassin aquitain notamment. Certains d'entre eux seront mis à contribution pour le stockage souterrain de CO2 émis par nos industries. La France prévoit en effet de tester, dès le début de 2025, "quatre ou cinq projets de stockage de CO2"  afin d'aider l'industrie à tenir ses objectifs de décarbonation et répondre à l'objectif fixé par l'Élysée de diviser en 10 ans par deux ses émissions de CO2 qui réchauffent la planète, conformément aux engagements pris lors des Accords de Paris.

Le coup d'envoi de cet ambitieux programme a été donné ce vendredi par le ministre délégué à l'Industrie et à l'Énergie, Roland Lescure, lors d'une visite sur l'usine de Technip Energies, à Sens (Yonne). Le ministre devait lancer ce vendredi "un appel à manifestations d'intérêt" ciblant en priorité les acteurs des hydrocarbures, afin qu'ils proposent des projets d'enfouissement du CO2. Une fois les sites potentiels de stockage signalés par les entreprises, d'ici au 26 juillet, une phase d'appel à projet sera ouverte jusqu'en décembre afin d'en évaluer les potentiels. Le gouvernement vise notamment les quelques entreprises qui produisent environ 1% du pétrole consommé en France, comme Vermillion

800 millions de tonnes de CO2

Selon le ministère, "le potentiel sur les concessions existantes d'hydrocarbures au niveau national est estimé aux alentours de 800 millions de tonnes de CO2", de quoi couvrir "50 ans des besoins de stockage de CO2 de l'industrie française". Le captage et le stockage de carbone font partie des solutions vues comme nécessaires par les experts pour contenir le réchauffement de la planète, à condition de n'être pas utilisés comme un permis de continuer à polluer. "Il faut vraiment que ce soit des processus sans alternatives de décarbonation qui soient concernés", souligne Anne Bringault, directrice des programmes au Réseau Action Climat.

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 La France, plutôt frileuse jusqu’à présent sur ce sujet, avait dévoilé en juillet dernier la stratégie de "captage, stockage et utilisation du CO2". Les premiers tests ne sont pas destinés au carbone capté dans l'air ambiant, mais à du CO2 qui sera récupéré directement en sortie d'usine ou de cheminées avant qu'il ne pollue l'atmosphère. Celui-ci sera ensuite acheminé vers les sites identifiés pour être enfoui de manière permanente dans le sous-sol. Selon des estimations, le potentiel de stockage des principaux gisements identifiés serait d'environ 65 millions de tonnes de CO2 dans le Bassin parisien, environ 200 millions de tonnes de CO2 dans le Bassin aquitain nord et environ 600 millions de tonnes dans le Piémont pyrénéen. 

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D'autres bassins sédimentaires ont été identifiés, mais il n'existe pas encore d'études suffisamment détaillées sur les capacités de stockage. Parmi eux, figurent le fossé rhénan (Alsace), le Bassin provençal (terre), le Bassin méditerranéen (mer) et le Bassin du Nord-Pas-de-Calais. L'enveloppe pour accompagner les industriels dans cette transition est estimée à 50 milliards d’euros, dont 11 à 18 milliards rien que pour le programme CCUS. Si la solution semble prometteuse, une récente étude de l'Institut pour l'économie de l'énergie et l'analyse financière a montré que la plupart des grands projets de captage et de stockage du carbone n’ont jamais atteint leurs objectifs, soit en échouant, soit en capturant bien moins de CO2 que prévu. 

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Matthieu DELACHARLERY avec AFP

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