Décarbonation : le plan du géant de l'acier ArcelorMittal pour réduire ses émissions de CO2

Publié le 15 janvier 2024 à 16h00, mis à jour le 15 janvier 2024 à 16h07

Source : JT 13h Semaine

Bruno Le Maire est dans le Nord lundi pour signer un contrat de transition avec ArcelorMittal.
Le géant de l'acier va investir 1,8 milliard d'euros, en partie financés par l'État, pour réduire sa consommation de charbon.
En France, 50 sites industriels ont été identifiés comme prioritaires pour permettre la décarbonation du secteur.

Il s'agit de son premier déplacement depuis qu'il a récupéré le portefeuille de l'Énergie. Bruno Le Maire est dans le Nord lundi, accompagné par le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu. Et parce qu'il veut convaincre que le retour du sujet Énergie à Bercy – après avoir fait l'objet d'un ministère à part, dirigé par Agnès Pannier-Runacher – n'est pas "un retour en arrière", le locataire de Bercy a choisi un sujet fort : la décarbonation de l'industrie. 

Sur le site d'ArcelorMittal à Dunkerque, les ministres vont signer un contrat de l'industrie avec le géant de l'acier, second groupe mondial. Concrètement, ces contrats, signés avec les 50 sites les plus émetteurs de gaz à effet de serre, sont censés encourager la transition du secteur industriel vers des pratiques plus vertes en échange d'un soutien financier de l'État.

Remplacer un haut fourneau par des fours électriques

Dans le cas d'ArcelorMittal, la somme est conséquente : le groupe, dirigé par l'Indien Lakshmi Mittal, mais dont le siège social est au Luxembourg, va investir 1,8 milliard d'euros pour réduire son recours au charbon, très émetteur de CO2. Sur cette somme, l'État pourrait investir jusqu'à 850 millions d'euros d'aides, selon le dispositif validé par l'Union européenne.

Concrètement, avec cet argent, le géant de l'acier va transformer un haut fourneau, qui fonctionne aujourd'hui au charbon pour faire fondre le minerai de fer, en deux fours électriques ; et une unité de réduction directe du fer va être créée à l'horizon 2027. Ces dispositifs fonctionneront dans un premier temps à l'électricité et au gaz, puis, à terme, à l'électricité et à l'hydrogène. Objectif : produire de l'acier décarboné, c'est-à-dire produit sans recours aux combustibles fossiles. 

Le site de Dunkerque produit 20.000 tonnes d'acier chaque jour, soit l'équivalent de trois Tours Eiffel. Pour quoi faire ? Cette matière première se retrouve dans beaucoup de choses de notre quotidien : les avions, les voitures, le secteur de la construction, mais aussi dans nos boîtes de conserve, nos couverts en acier inoxydable, les prothèses médicales ou les trombones !

Le verdissement de ce secteur très polluant passe donc par une électrification massive de sa production. Pour assurer l'approvisionnement électrique du site de Dunkerque, une lettre d'intention a été également signée lundi avec EDF, et la centrale voisine de Gravelines. Le site est destiné à accueillir une paire des réacteurs EPR2 que l'État entend déployer d'ici à 2035.

Une baisse de 6% des émissions industrielles de la France

Pour tenir ses objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre, la France devra passer par la décarbonation de son industrie. Concrètement, l'argent investi par ArcelorMittal va permettre de réduire de 4,4 millions de tonnes ses émissions de CO2 chaque année.

À l'échelle de la France, c'est loin d'être anodin : grâce à cette transformation industrielle, les émissions industrielles de l'Hexagone vont baisser de 6% ; et les émissions totales de la France de 1%. 

L'industrie représente aujourd'hui 20% des émissions de gaz à effet de serre de la France, après les transports et l'agriculture. Pour décarboner le secteur, l'État a signé des contrats avec les 50 sites industriels les plus polluants de France : les sites ArcelorMittal de Dunkerque et de Fos-sur-Mer étaient en première ligne, car ils représentent à eux seuls près de la moitié des émissions industrielles de la France. 

Parmi les autres sites concernés par cette transition énergétique, on trouve aussi les cimenteries, celles de Lafarge par exemple, ou les raffineries Esso-ExxonMobil et TotalEnergies en Normandie, Air Liquide en Provence-Alpes-Côte-d'Azur et les producteurs de sucre Tereos et Cristal Union.

L'objectif est de réduire de 45% les émissions de gaz à effet de serre du secteur dès 2030 et 50% en 2032 par rapport à 2015. C'est un secteur qui a déjà fait des efforts ces dernières années : on est passé de 124,9 millions de tonnes de CO2 émises en 2000 à 73 millions en 2022 ; et ses émissions ont baissé de 9,3% sur les neuf premiers mois de 2023

Selon une évaluation du ministère de l'Industrie, entre 50 et 70 milliards d'euros seront nécessaires pour décarboner l'industrie française.


Marianne ENAULT

Tout
TF1 Info