VIDÉO - Changement climatique : regardez comment nos villes vont être redessinées

par Hamza HIZZIR | Reportage TF1
Publié le 27 novembre 2023 à 23h08, mis à jour le 30 novembre 2023 à 15h01

Source : TF1 Info

Bien que représentant moins de 2% de la surface de la Terre, les villes sont vitales dans la lutte contre le réchauffement climatique : elles produisent plus de 60% des émissions de gaz à effet de serre.
Un défi de taille pour les urbanistes chargés de les transformer.
Le 20H de TF1 vous fait découvrir, 3D, les évolutions qui s'annoncent dans ce nouvel épisode de sa rubrique "Terre augmentée".

En 2050, 70% des êtres humains, soit 7 milliards de personnes, habiteront dans des villes. L’évolution des paysages urbains représente donc un enjeu environnemental majeur. Selon le Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), "la concentration des gens et des activités est une opportunité pour améliorer l'efficacité des ressources et décarboner à grande échelle", parce que "la plus grande densité permet le partage des infrastructures et des services, et des économies d'échelle". À quels aménagements faut-il concrètement s’attendre ?

D’abord, la tendance sera à la verticalité. Les immeubles pousseront inévitablement en hauteur pour éviter l’étalement urbain. Ensuite, ils vont se recouvrir de panneaux solaires, pour assurer une partie ou la totalité de leur fonctionnement électrique. À titre d’exemple, rien que sur le toit du centre aquatique des futurs Jeux olympiques de 2024, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), ils s’étaleront sur 4.600 mètres carrés. Un équipement d’avenir : dès 2019, une étude calculait qu’en couvrant uniquement les friches et les parkings, la France multiplierait par six sa puissance photovoltaïque.

Mais le grand enjeu pour nos villes, c’est le réchauffement climatique, avec le phénomène des îlots de chaleur, auxquels sont exposés 25 millions de Français. Pour les préserver, le bâti devra muer, en adoptant de nouvelles peaux. À savoir de la peinture blanche sur les toitures et du bois ou des matériaux réfléchissants sur les façades, pour atténuer les rayons du soleil. Certains professionnels estiment faire ainsi baisser les températures intérieures de 6 à 7°C.

L’idéal : végétaliser les immeubles. Une technique dont plusieurs architectes se sont déjà fait une spécialité, allant jusqu’à imaginer des bouquets de verdure géant au-dessus des immeubles sur les portes autour de Paris, avec des potagers sur chaque balcon. Des projections faciles à concrétiser. "Ce qu’on veut proposer, ce sont des utopies concrètes, c’est-à-dire un habitat construit hors site, préfabriqué pour être simplement déposé, comme un mécano géant, au-dessus du bâtiment. On est capables de construire cette nouvelle ville écologique dès aujourd’hui", promet l’un d’eux à TF1.

Le procédé empêcherait en tout cas l’erreur du Walkie-Talkie, gratte-ciel londonien construit en 2013 qui avait fini par agir comme une loupe géante sur la chaussée en contrebas, à hauteur… de 92°C. Alors qu’au contraire, avec une orientation bien étudiée, les immeubles peuvent compter parmi les solutions. Disposés en rideau, ils forment un écran contre le soleil et offrent de l’ombre aux trottoirs lors des heures les plus pénibles. C’est donc l’implantation même des bâtiments qu’il faut revoir.

Celle-ci devra notamment davantage tenir compte de la circulation naturelle de l’air, pour le canaliser vers les zones à rafraîchir, pour agir comme un paravent géant. Et puisque la sensation de chaleur est plus forte au sol, il faudra autant que possible éviter de construire au premier, voire au deuxième étage, en ménageant des couloirs de ventilation pour les piétons. 

La "ville du quart d’heure"

Plusieurs municipalités choisissent carrément de réintroduire la nature au cœur de l’agglomération, avec des forêts urbaines. Parce que le feuillage des arbres, celui des buissons, mais aussi la terre elle-même, apportent directement fraîcheur et humidité. Une aubaine pour les centres-villes surchauffés… à condition d’anticiper. "On ne peut pas les mettre en place partout, il faut regarder s’il n’y a pas des contraintes techniques, comme des réseaux d’eau, nous explique une urbaniste. Le sol peut aussi ne pas supporter le poids d’une forêt urbaine, donc il faut bien choisir le type de végétaux à mettre en place, en tenant compte de l'impact du changement climatique sur eux, et de la présence de pollens ou d'espèces allergisantes."

À Nice, la mairie a tranché dans le vif : pour étendre la promenade du Paillon, coulée verte au cœur de la ville, de 12 à 20 hectares, elle a tout bonnement décidé de raser Acropolis, son palais des congrès, imposant blockhaus de 5 étages, pour planter 1.500 arbres sur son emplacement. "Rien n’est facile quand on parle du changement climatique, si nos habitudes ne changent pas. Seules les villes qui auront des îlots de fraîcheur offriront une survie agréable à leurs concitoyens, grâce à la diminution des particules fines qui entreront dans les poumons, donc la diminution des crises d’asthme et des bronchites chroniques. Il faut détruire pour protéger", détaille un urbaniste de la municipalité.

La "ville du quart d’heure", préconisée par le GIEC, demandera, elle aussi, beaucoup de pédagogie. Le concept : n’avoir pas besoin de plus de quinze minutes, à pied ou à vélo, pour satisfaire les cinq besoins essentiels de la vie quotidienne, travailler, se nourrir, s’éduquer, se divertir et se soigner. Ce qui implique la disparition des zones pavillonnaires et autres quartiers d’affaires, obligeant à de longs et fréquents déplacements, au profit d’une nouvelle dissémination des activités, un peu partout. Sans doute la transformation la plus radicale, et le projet d’urbanisme le plus colossal, à venir ces prochaines années.


Hamza HIZZIR | Reportage TF1

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