Euro 2024 : pourquoi aucune femme ne figure parmi les arbitres de la compétition ?

Publié le 25 avril 2024 à 15h59

Source : Sujet TF1 Info

L'UEFA a dévoilé mardi la liste des arbitres sélectionnés pour l'Euro 2024.
Aucune femme ne figure parmi les 99 officiels (arbitres centraux, assistants, vidéos et quatrièmes arbitres) retenus.
Comment expliquer ce choix ?

Une absence qui n'est pas passée inaperçue. L'UEFA a annoncé le nom des arbitres sélectionnés pour l'Euro 2024 (14 juin-14 juillet). Il en ressort que quatre Français ont passé le "cut", en les personnes de François Letexier et Clément Turpin (arbitres centraux) et de Jérôme Brisard et Willy Delajod (arbitre vidéo). Mais surtout, l'enseignement principal de cette liste est qu'aucune femme n'y figure. 19 arbitres centraux, 99 officiels au total (arbitres, assistants, vidéos et quatrièmes), autant d'hommes. C'est d'autant plus frappant que six femmes étaient du voyage au Qatar, lors de la dernière Coupe du monde (2022), et huit ont été choisies pour les Jeux Olympiques 2024. Mais, en l'occurrence, ces deux compétitions se trouvent sous la houlette de la FIFA, contrairement à l'Euro (placée sous la responsabilité de l'UEFA). 

Nous avons sélectionné les meilleurs arbitres pour arbitrer ces matchs
Roberto Rosetti

"L'Euro 2024 est l'apogée du football européen avec les meilleures équipes en compétition et c'est pourquoi nous avons sélectionné les meilleurs arbitres pour arbitrer ces matchs. Tous les arbitres retenus ont fait preuve d'une grande régularité dans les compétitions les plus prestigieuses de l'UEFA, ainsi que dans leurs compétitions nationales", s'est justifié Roberto Rosetti, directeur général de l'arbitrage de l'instance. "Ils se sont exceptionnellement bien préparés pour occuper ce poste et nous avons pleinement confiance en eux pour démontrer leur qualité lors du tournoi final", a-t-il ajouté. Comprenez que celles et ceux qui sont laissés à la maison n'ont pas été suffisamment convaincants. 

Stéphanie Frappart écartée

Le cas de la Française Stéphanie Frappart, qui a participé à la dernière édition du grand rendez-vous continental, est celui qui fait couler le plus d'encre et cristallise le malaise. "Ils ne jurent que par la performance. Ils ne veulent pas prendre de risques avec leur compétition phare", note dans les colonnes de L'Équipe Eric Borghini, le président de la commission fédérale des arbitres, même s'il reconnaît "avoir l'impression que l'intéressée fait une saison un peu moins aboutie que les précédentes". En ce sens, l'absence de l'officielle de 40 ans n'est pas si surprenante tant elle a été contestée lors de plusieurs de ses dernières sorties, avec en point d'orgue sa prestation contrastée lors de la demi-finale de Coupe de France entre Lyon et Valenciennes. 

D'ailleurs, les chiffres le confirment. Si elle est apparue dans un match de Ligue des champions (Bayern Munich-Copenhague) cette saison, comme la précédente, elle est en revanche moins utilisée dans les compétitions domestiques. Alors qu'elle totalisait vingt rencontres de Ligue 1 et quatre de Coupe de France à son compteur lors de l'exercice précédente, elle n'est pour l'instant apparue que dans douze matchs de championnat et deux de Coupe depuis le début de ce cru 2023-2024. "Je suis déçu que l'UEFA n'ait pas sélectionné Stéphanie Frappart. Ils ont leurs propres critères de sélection, mais c'est regrettable. Cela met quand même un coup d'arrêt, provisoire en tout cas, à la présence de femmes arbitres au plus haut niveau européen. [...] C'est un mauvais signal", se désole tout de même Éric Borghini. 

Une relève qui peine à venir

Dans les faits, cette sélection uniquement masculine symbolise le travail encore immense qu'il reste à abattre pour permettre aux femmes de se faire une place dans l'arbitrage de haut niveau. Cette saison, Stéphanie Frappart est ainsi la seule femme à avoir arbitré un match dans les Coupes européennes. Et derrière elle, les têtes d'affiches manquent. Si la native du Plessis-Bouchard s'est imposé dans le paysage du football hexagonal professionnel, ses collègues peinent encore à faire leur trou dans les autres championnats. 

L'Anglaise Rebecca Welch (40 ans), qui officie régulièrement en Ligue des champions féminine et dans les matches internationaux féminins, a, par exemple, dû attendre décembre pour devenir la première femme à arbitrer un match en Premier League, lors de Fulham-Burnley. Elle a, depuis, renouvelé l'expérience qu'à une seule reprise, lors de Bournemouth-Nottingham Forest, en février. L'autre grand exemple est celui de la Suédoise Tess Olofsson, qui a officié pendant la finale de la Ligue des nations féminine entre Espagne et France (2-0) et qui est souvent appelée dans les compétitions masculines en Suède. 

Si cela dénote une tendance encourageante, il est évident que le réservoir d'arbitres femmes dans les compétitions masculines professionnelles demeure des plus limité. De quoi entraver, de facto, un processus vers la parité dans les grands tournois internationaux. 


Maxence GEVIN

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