Violences policières aux États-Unis : près de deux ans après la mort de George Floyd, où en est-on ?

Publié le 31 mars 2022 à 19h44

Source : JT 13h WE

De récentes données récoltées par "Mapping Police Violence" et le "Washington Post" renseignent les violences policières, deux ans après la mort de Georges Floyd.
Malgré la prise de conscience et les promesses de réformes ayant suivi le drame, 2021 a été une année tout aussi meurtrière que la précédente.

"I can't breath..." Le 25 mai 2020, George Floyd, un quadragénaire noir américain, meurt asphyxié à Minneapolis, maintenu de longues minutes sous le genou d'un policier blanc. Les images virales où on l'entend dire qu'il "ne peut pas respirer" suscitent alors une onde de choc mondiale. 

Des manifestations émaillées de violences, d'une ampleur inédite depuis les années 1960, éclatent, réclamant des réformes contre la violence policière et la fin des inégalités raciales sous la bannière "Black Lives Matter". Les protestations essaiment dans le monde. Pour quel résultat ? Près de deux ans plus tard, force est de constater que la situation n'a visiblement pas vraiment évolué dans le pays. 

Déjà plus de 200 victimes de l'action de la police en 2022

Les données de Mapping Police Violence*, un groupe de recherche à but non lucratif, montrent que le nombre de personnes décédées du fait d'une action des forces de l'ordre reste stable. 1139 victimes ont ainsi été recensées en 2021, soit 8 de plus que l'année précédente (+43 par rapport à 2019). En moyenne, chaque jour, 3 Américains ont succombé à une intervention des forces de l'ordre. Il n'y a eu, selon les recensements de l'organisation, que 15 jours dans l'année où la police n'a pas fait de victime. 

"La régularité choquante des meurtres suggère que rien de substantiel n'a véritablement changé pour perturber la dynamique nationale de la violence policière", se désole Samuel Sinyangwe, co-fondateur de Mapping Police Violence et de Police Scorecard, dans les colonnes du Guardian. Si les chiffres diffèrent légèrement (1024 morts recensées en 2021), la base de données du Washington Post n'en confirme pas moins cette dynamique.

En ce début d'année 2022, le constat n'est guère plus reluisant : plus de 200 habitants ont déjà été tués par la police outre-Atlantique. Le rythme de trois morts quotidiennes, en moyenne, se poursuit.

Les Afro-Américains tués "deux fois plus souvent"

Autre élément alarmant, les Afro-Américains sont toujours aussi touchés par ces dérapages policiers. "Ils représentent moins de 13% de la population américaine, mais sont tués par la police deux fois plus souvent que les Américains blancs", souligne le Washington Post

Ils ont 2,9 fois plus de chances de se faire tuer que des personnes blanches, calcule Mapping Police Violence. Selon l'organisation, 264 personnes noires ont été tuées par des policiers en 2021. Soit 14 de plus qu'en 2020. Le Texas est l'État le plus touché par ce phénomène (26 morts), devant la Géorgie (23) et la Californie (21). À noter que plus de 95% des victimes sont des hommes, en majorité âgés de 20 à 40 ans.

Les autres minorités, comme les Hispano-Américains, demeurent également tués par la police à un taux disproportionné.

Dans ce contexte, pourtant, Joe Biden a répété à plusieurs reprises qu'il fallait "financer la police". Il a notamment soumis une proposition de budget prévoyant 30 milliards de dollars pour les efforts de maintien de l'ordre et de prévention de la criminalité, y compris des fonds pour mettre "plus de policiers sur le terrain". 

"Investir davantage dans un système dont nous savons tous qu'il est défaillant est une véritable gifle pour tous ceux qui ont manifesté à l'été 2020", fustige Chris Harris, directeur des politiques à la Austin Justice Coalition (Texas). "Cela reflète juste un réel manque de solutions aux problèmes auxquels nous sommes confrontés", ajoute-t-il auprès du Guardian.

*L'organisation suit les décès enregistrés par la police, les gouvernements et les médias, y compris les cas où des personnes ont été mortellement abattues, battues, maîtrisées et soumises à des Tasers.


Maxence GEVIN

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