États-Unis : le tracker AirTag d'Apple détourné par des maris ou ex-partenaires jaloux

Publié le 15 février 2023 à 16h59

Source : JT 20h WE

Initialement conçu pour localiser ses clés ou son sac, le AirTag d'Apple se retrouve au cœur d'affaires de harcèlement aux États-Unis.
Il faut dire qu'il permet de suivre en temps réel la position de ceux qui le transportent parfois à leur insu.
Apple propose une mise à jour pour tenter de mettre fin aux abus.

"L’AirTag est l’accessoire tout trouvé pour tout retrouver", peut-on lire sur le site d'Apple. Et autant dire que depuis la mise en vente en 2021 de cette balise, de la taille d’une pièce de monnaie, ce message marketing a tapé dans le mille chez certaines personnes mal intentionnées, notamment aux États-Unis où ce gadget est très utilisé. 

Pensé au départ pour suivre en temps réel, grâce à son smartphone, la trace de ses affaires - accroché par exemple à ses clés ou à son sac à dos - il a depuis été détourné de son rôle premier par des ex-partenaires et des maris jaloux, des patrons soucieux de surveiller leurs salariés et même des voleurs de voitures qui utilisent l’AirTag pour suivre leurs cibles jusqu’à leur domicile.

L'AirTag impliqué dans de nombreuses affaires

C’est la découverte qu’a faite Alison Carney, en juin 2022. Cette chanteuse américaine a témoigné avoir trouvé dans son sac un AirTag qui n’était pas le sien et dont elle dit qu'Apple ne l’a jamais informée de la présence, en envoyant une notification sur son iPhone, comme il est normalement tenu de le faire lorsqu’un accessoire de ce type se trouve à proximité. Quand elle tombe sur le gadget, tout prend sens dans sa tête. Depuis la fin d'une tumultueuse histoire d’amour, elle dit recevoir des appels incessants et de nombreux messages de son ex-petit copain, qui vient même frapper à sa porte au milieu de la nuit quand il ne fait pas irruption dans le restaurant où elle dîne. "Lorsqu’on a retrouvé ce AirTag, c'est devenu évident que je n’étais pas folle. Je savais que quelqu’un me suivait", a déclaré à l’AFP la jeune femme qui vit à Washington. "Je me suis sentie violée. Je me suis isolée. J’ai arrêté de sortir", a-t-elle encore confié.

Le cas d’Alison Carney n’est pas isolé aux États-Unis. La dernière affaire en date remonte au 5 février à Irving, une petite commune au nord de Dallas au Texas. Robert Reeves, porte-parole de la police locale, a déclaré à l’AFP que le commissariat de la ville avait, à lui seul, déjà traité plusieurs affaires impliquant le fameux accessoire d'Apple, dans lesquelles la victime et son suiveur se connaissaient. Dans de rares cas, cela peut même virer au drame. Ainsi, en juin dernier, un homme de 26 ans a été tué par sa petite amie qui le suspectait de tromperie et suivait sa position avec un AirTag dans l'État de l'Indiana, selon des documents de justice. Dans d’autres faits-divers, des harceleurs se sont aussi servis de la balise pour pister des femmes seules. Il y a quelques mois, une enquête de Motherboard révélait que l’AirTag était impliqué dans 150 affaires traitées par les forces de police des États-Unis.

Apple veut mettre fin aux abus avec une nouvelle mise à jour

Contacté par l’AFP, Apple a renvoyé à un communiqué publié en février 2022, condamnant "avec la plus grande fermeté tout usage malveillant" de son produit et a assuré que des mises à jour "étaient entrées en vigueur en novembre dernier". Cette nouveauté vise à éviter l’espionnage et le harcèlement par le biais de la balise Bluetooth. Tout d’abord, Apple explique avoir activé la recherche de précision. Cette option facilite la localisation d’un AirTag "inconnu détecté en mouvement avec vous", souligne la firme américaine. 

En premier lieu, une notification va apparaître sur l’écran de votre iPhone pour vous avertir qu’un AirTag séparé de son propriétaire voyage avec vous. Désormais, la notification s’affichera sur l’écran dès qu’une alerte sonore sera émise par la balise. Initialement, il fallait attendre quelques heures avant qu’Apple n’avertisse les victimes potentielles. La recherche de précision fonctionne de la même manière que la localisation à proximité d’un AirTag dont vous êtes le détenteur. Seul bémol : pour profiter de cette nouveauté, il faut avoir investi dans un iPhone récent (iPhone 11, 12, 13 ou 14). 

Mais il en faut plus pour convaincre deux jeunes femmes qui ont porté plainte contre Apple en décembre dernier en Californie. La première affirme qu'après avoir divorcé de son ex-mari, celui-ci a placé à deux reprises un AirTag dans le sac à dos de son enfant. La seconde plaignante a retrouvé l’objet, colorié à l’aide d’un marqueur et emballé dans un sac plastique, dans un passage de roue de sa voiture. Dans les documents de justice, elles critiquent notamment l'efficacité du système de notification d’Apple dont "l’alerte ne serait pas immédiate" et qui ne concerne "que les appareils équipés de la version 14.5 ou ultérieure du logiciel iOS". 

Albert Cahn, chercheur à l'université Harvard et directeur exécutif du Surveillance Technology Oversight Project, s'inquiète, lui, pour les détenteurs de téléphones Android. Ce dernier explique à l'AFP que "les utilisateurs d'Android ne peuvent détecter les appareils que s'ils téléchargent une application Apple et recherchent ensuite manuellement les AirTag. Apple s'attend-il à ce que les utilisateurs d'Android passent leurs journées à vérifier constamment qu'ils ne sont pas suivis ?", interroge-t-il.


Virginie FAUROUX

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