"George Floyd a supplié jusqu'à ce qu'il ne puisse plus parler" : le procureur charge Derek Chauvin

Publié le 20 avril 2021 à 7h16
Représentation murale de George Floyd de l'artiste Akse à Manchester (Royaume-Uni) au pied de laquelle des manifestants déposent leur pancarte

Photo prise le 6 juin 2020
Représentation murale de George Floyd de l'artiste Akse à Manchester (Royaume-Uni) au pied de laquelle des manifestants déposent leur pancarte Photo prise le 6 juin 2020 - Source : PAUL ELLIS / AFP

PROCÈS - Avant que les membres du jury ne se retirent pour délibérer, après trois semaines d'audiences, le procureur a une dernière fois chargé le policier qui a tué l'homme noir devenu le symbole des violences policières racistes.

Le procès de Derek Chauvin, le policier accusé du meurtre de George Floyd, touche à sa fin. Le jury s'est retiré lundi 19 avril pour délibérer sur la responsabilité de Derek Chauvin dans la mort du quadragénaire afro-américain, après une ultime journée au cours de laquelle accusation et défense ont exposé leurs arguments. Le policier, blanc, âgé de 45 ans, est jugé pour meurtre, homicide involontaire et violences volontaires ayant entraîné la mort de George Floyd, qu'il avait interpellé avec trois autres agents pour une infraction mineure.

Pendant plus de neuf minutes, il avait maintenu son genou sur le cou du quadragénaire, qui était allongé sur le ventre, les mains menottées dans le dos. Son agonie, filmée en direct par des passants, a choqué le monde et suscité des manifestations d'une ampleur historique contre le racisme et les violences policières.

C'était un meurtre, et il n'y a aucune excuse
Le procureur Steve Schleicher

"C'était un meurtre, l'accusé est coupable des trois chefs d'accusation et il n'y a aucune excuse", a asséné le procureur Steve Schleicher, en conclusion de son réquisitoire, qui a duré plus d'une heure et demie. "Cette affaire est exactement ce à quoi vous avez pensé au départ, en regardant cette vidéo", a-t-il affirmé. "George Floyd a supplié jusqu'à ce qu'il ne puisse plus parler". "Il fallait juste un peu de compassion et personne n'en a montré ce jour-là", a ajouté le procureur, fustigeant le policier demeuré impassible face aux supplications de sa victime et des passants. "L'accusé n'est pas jugé parce qu'il est policier" mais "pour ce qu'il a fait", a souligné Steve Schleicher, estimant que Derek Chauvin avait "trahi son insigne".

La défense pointe la consommation de drogue de George Floyd

Mais pour son avocat, Derek Chauvin a agi de manière "raisonnable" lors de l'arrestation mouvementée du quadragénaire à l'imposant gabarit, le 25 mai 2020 à Minneapolis. L'accusation a échoué à apporter la preuve du contraire "au-delà du doute raisonnable, et M. Chauvin doit par conséquent être déclaré non-coupable", a affirmé Eric Nelson après près de trois heures de plaidoirie.

Selon lui, George Floyd est décédé de la conjonction de problèmes cardiaques et de consommation de drogues - du fentanyl, un opiacé, et de la méthamphétamine, un stimulant - "dans le contexte" d'une immobilisation par la police, mais celle-ci n'a pas provoqué son décès, affirme-t-il. "Les policiers sont des êtres humains et ils peuvent faire des erreurs dans des situations très stressantes", a-t-il admis, suggérant que "la frustration" bruyante des passants pouvait représenter une menace et avait détourné l'attention de Derek Chauvin du sort de George Floyd.

Derek Chauvin a refusé de témoigner, faisant usage du droit de tout accusé aux Etats-Unis de ne pas apporter de témoignage susceptible de l'incriminer. Il encourt jusqu'à 40 ans de prison.

La tension monte à Minneapolis

Le procès se tient dans un climat de fortes tensions et de manifestations quotidiennes après la mort récente d'un jeune homme noir en périphérie de Minneapolis. Daunte Wright, un Afro-Américain âgé de 20 ans, a été tué par une policière blanche lors d'un banal contrôle routier dans la banlieue de cette grande ville du nord des États-Unis.

Minneapolis s'était déjà embrasée après la mort de George Floyd, et les commerces se sont de nouveau barricadés derrière des planches en bois. Plus de 400 personnes ont défilé lundi 19 avril dans les rues de la ville pour demander la condamnation de Derek Chauvin, chantant "le monde observe, nous observons, faites ce qui est juste". 


La rédaction de TF1info avec AFP

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