Guerre à Gaza : pour la première fois, Joe Biden conditionne l'aide militaire américaine à Israël

par A. Lo. avec AFP
Publié le 9 mai 2024 à 8h00, mis à jour le 9 mai 2024 à 8h10

Source : TF1 Info

Dans un entretien à la télévision américaine, Joe Biden a admis pour la première fois que des bombes livrées par les États-Unis avaient été utilisées contre des civils à Gaza.
Il a par ailleurs averti qu'il ne "livrerait pas" certaines armes à Israël en cas d'offensive majeure à Rafah.
Selon lui, l'opération en cours ne touche pas des "centres de population".

Les États-Unis prennent un peu de distance avec la guerre menée par Benyamin Nétanyahou à Gaza. Pour la première fois, le président américain a averti publiquement son allié israélien en conditionnant son aide militaire. Alors que Washington est, de loin, le premier soutien militaire de Tel Aviv, Joe Biden a fait savoir lors d'un entretien à CNN qu'il "ne livrerait pas" certaines armes, en particulier des "obus d'artillerie", en cas d'offensive majeure à Rafah.

Interrogé sur la décision américaine de suspendre la semaine dernière la livraison d'une cargaison de bombes, il a également admis pour la première fois que "des civils ont été tués à Gaza à cause de ces bombes" américaines. Il a ajouté : "C'est mal."

Le point de rupture entre Biden et Nétanyahou ?

"S'ils entrent à Rafah, je ne leur livrerai pas les armes qui ont toujours été utilisées (...) contre des villes", a dit le démocrate de 81 ans. "Nous ne livrerons pas les armes et les obus d'artillerie qui ont été utilisés" jusque-là, a encore déclaré Joe Biden. Il a toutefois assuré que les États-Unis continueraient à "assurer qu'Israël est protégé par le Dôme de fer", son bouclier de défense anti-aérienne.

Le président américain a également été questionné sur l'opération militaire d'ores et déjà lancé par Israël à Rafah, localité du sud de la bande de Gaza où plus d'un million de Palestiniens se sont réfugiés. Joe Biden a minimisé cette offensive en expliquant qu'elle ne touchait pas des "centres de population". Interrogé pour savoir si Israël avait déjà franchi une ligne rouge à Rafah, il a répondu : "Pas encore." 

Néanmoins, il a encore averti : "Je l'ai dit clairement à Bibi (le Premier ministre Benyamin Nétanyahou, ndlr) et au cabinet de guerre, ils n'auront pas notre soutien s'ils entrent vraiment dans les centres de population." Suite à ces différents avertissements, Joe Biden a par ailleurs ajouté : "Nous ne prenons pas nos distances avec la sécurité d'Israël, nous prenons nos distances avec la capacité d'Israël de faire la guerre dans ces zones."

En réaction à ces propos, l'ambassadeur d'Israël à l'ONU a estimé "difficile à entendre et très décevante" sa menace. "C'est une déclaration très dure à entendre et décevante de la part d'un président à qui nous avons été reconnaissants depuis le début de la guerre", a déclaré Gilad Erdan à la radio publique israélienne. "Il est assez clair que n'importe quelle pression sur Israël, n'importe quelle restriction qui lui est imposée, même de la part d'alliés proches soucieux de nos intérêts, est interprétée par nos ennemis" et "leur donne espoir", a-t-il ajouté.

Joe Biden a endossé le rôle de premier soutien à Israël après l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre, mais sa relation avec Benyamin Nétanyahou a connu plusieurs épisodes de forte tension, et pourrait atteindre un point de rupture autour de la question de Rafah. Selon un haut responsable américain sous couvert d'anonymat, une cargaison composée "de 1800 bombes de 2000 livres (907 kg) et de 1700 bombes de 500 livres (226 kg)" a été suspendue la semaine dernière. .


A. Lo. avec AFP

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