Guerre Israël-Hamas : le "roof knocking", cette technique israélienne utilisée à Gaza

par T.G.
Publié le 10 octobre 2023 à 20h11

Source : JT 13h Semaine

L'armée israélienne utilise dans certains de ses bombardements sur Gaza la technique controversée du "roof knocking" ("coup sur le toit").
Objectif ? Demander aux civils d'évacuer avant une frappe imminente.
Et se prémunir ainsi contre d'éventuelles accusations.

La fin du "roof knocking" ? Selon la presse israélienne, cette pratique de l'armée de Tsahal consistant à prévenir les civils de Gaza avant une frappe n'est désormais plus la norme depuis l'attaque du Hamas. Cette technique, utilisée depuis des années, a notamment été reprise par les États-Unis.

L'armée israélienne, qui a inventé le "roof knocking", baptisé "hakesh bagag" en hébreu dès 2009 et adopté en 2016 par l'armée américaine en Irak, a placé cette technique de tir d'avertissement - étendue aux appels et SMS ou même au largage de tracts - au centre de sa communication de guerre. En 2009, lors de l'opération "Plomb durci", l'armée israélienne s'est targuée d'avoir émis depuis les QG du renseignement militaire près de 165.000 appels d'avertissement à Gaza, souvent des messages préenregistrés en arabe.

"L'armée nous a donné cinq minutes pour partir"

En 2012, un habitant de Zeïtoun, un quartier de Gaza proche de la frontière avec Israël, avait raconté le "roof knocking" qu'il avait subi : "L'armée israélienne a appelé sur le téléphone portable et nous a donné cinq minutes pour partir". "En cinq minutes, nous nous sommes rassemblés et nous sommes sortis dans la rue (…) puis un drone a tiré un missile sur l'un des appartements à titre d'avertissement, pour montrer qu'ils étaient sérieux et que ce n'était pas une plaisanterie". "Cinq minutes plus tard, deux missiles ont été tirés par un avion F16, nous avons vu le bâtiment s'effondrer", avait assuré cet homme qui, avec 45 autres personnes, avait évacué les lieux.

Depuis, des caméras sont embarquées sous les cockpits et l'armée israélienne diffuse régulièrement des vidéos montrant la technique "en action". "Nous envoyons un petit missile, vide, pour taper sur le toit et faire comprendre aux civils qu'ils doivent évacuer l'immeuble. Nous restons en observation pour nous assurer de leur départ", avait expliqué en 2021 un responsable de l'aviation militaire israélienne. 

Si l'armée cherche ainsi à limiter les "dommages collatéraux sur les civils", Israël compte aussi se prémunir contre d'éventuelles accusations. La procureure de la Cour pénale internationale (CPI) a ouvert une enquête pour crimes de guerre présumés dans les Territoires palestiniens, notamment lors de la guerre de Gaza de 2014.

Ces dernières années, des Palestiniens qui ont vécu cette interaction avec l'ennemi ont témoigné de la tension, du stress, voire du trauma laissé par ces quelques minutes où se jouent leur survie. En 2021, l'organisation Amnesty International avait estimé qu' "émettre un avertissement n'absout pas les forces attaquantes de leurs obligations vis-à-vis du droit humanitaire international d'épargner les civils".


T.G.

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