Guerre en Ukraine : que sait-on de ces images d'un char Léopard 2 détruit par la Russie ?

Publié le 11 juin 2023 à 13h26, mis à jour le 13 juin 2023 à 8h21

Source : Sujet TF1 Info

Le ministère russe des Affaires étrangères a publié ce samedi une vidéo de plusieurs blindés occidentaux à l'arrêt.
Parmi les engins identifiables, un char Léopard 2 de conception allemande et des Bradley américains.
Les images sont authentiques, mais ne signifient en réalité pas grand-chose.

Un mensonge répété mille fois ne se transforme pas en vérité. Mais cette fois-ci, la rumeur semble se confirmer. Pour la première fois, des vidéos authentiques montrent des blindés occidentaux pris au piège sur le front ukrainien. Ce samedi 10 juin, le ministère russe de la Défense a publié les images des véhicules, laissés à l'abandon par l'armée de Kiev après une tentative avortée de percée sur le front. Parmi eux, au moins un char Léopard de conception allemande et jusqu'à neuf Bradley, fournis par les États-Unis. 

Une opération de déminage qui a échoué ?

Entre la rumeur infondée de canons Caesar interceptés, l'image détournée d'un char Leopard détruit en Syrie et la vidéo d'un tracteur en flammes que certains ont fait passer pour un tank, les relais de la propagande russe ont multiplié les fausses informations autour des pertes ukrainiennes pour décrédibiliser l'aide occidentale. Qu'en est-il cette fois-ci ? Jeudi, la Russie avait déjà alerté sur la présence de matériels occidentaux dans la région de Zaporijia, assurant notamment qu'un tank allemand y avait été déployé la veille. Or, c'est justement dans cette zone, sur le front de Mala Tokmachka, qu'a été géolocalisée la vidéo, prise depuis un drone russe. Plus précisément, les images proviennent d'un champ de mines situé à 4,5 km au sud du village ukrainien. 

Alors, que s'est-il passé ? D'après la plateforme Ukraine Control Map, qui met à jour régulièrement les localisations et emplacements des différentes unités à partir de données ouvertes, c'est la 33e brigade mécanisée et la 47e brigade d'assaut de l'armée ukrainienne qui étaient à la manœuvre. En vue d'une percée sur les positions russes, elles sont visiblement tombées sur une zone minée. C'est pourquoi les deux unités semblent avoir tenté de déployer un BMR-2, qui possède un dispositif de déminage, et le fameux Leopard 2R, équipé d'une charrue antimine. Mais cette opération qui devait permettre de dégager un chemin a visiblement échoué. Les images disponibles en ligne ne permettent toutefois pas de savoir quelle forme a pris l'attaque venue de la Russie. Toujours est-il que l'équipe a pris la fuite, et ces précieux véhicules endommagés sont restés sur le chemin. En tout, selon le quotidien allemand Bild, la 47ᵉ brigade d'assaut a "perdu" au moins deux Leopard, dont l'un a été détruit, et 13 Bradley au cours de la journée de jeudi. 

Ce qui ne signifie pas que ce char d'assaut, si longtemps convoité par l'Ukraine, ne pourra plus servir sur le front. Car si les forces de Kiev finalisent leur percée, elles pourraient être en mesure de remorquer et de réparer les engins, comme cela fut le cas par le passé. "Les images disponibles des pertes d'équipement indiquent que nombre de ces véhicules blindés ont été immobilisés, mais pas totalement détruits, et sont probablement récupérables", a ainsi relevé l'ancien officier d'infanterie de marine Rob Lee, agrégé supérieur au Foreign Policy Research Institute. Il rappelle en plus que si les véhicules sont précieux, leur équipage, formé au maniement de cet engin, l'est encore plus. "Ils peuvent aussi vite remonter sur des véhicules neufs ou réparés". 

Par ailleurs, ces images ne sont pas réellement étonnantes à l'heure des actions offensives que mène Kiev. Les assauts sont si nombreux et intenses, que les forces ukrainiennes s'attendaient à subir des pertes matérielles au cours de ces percées. La vice-ministre ukrainienne de la Défense, Hanna Malyar, avait prévenu dès le 9 juin qu'il fallait s'y préparer. "L'équipement militaire qui ne peut être détruit n'a pas encore été inventé, avait-elle ironisé. C'est pourquoi, "il est important de ne pas exagérer l'impact des pertes matérielles initiales, en particulier dans les batailles de pénétration contre des positions défensives qui se tiennent prêtes", comme l'a souligné l'Institut pour l'étude de la guerre (ISW) dans son analyse du 8 juin. "La perte de matériel au début de la contre-offensive n'est pas un indicateur de la progression future de la contre-offensive ukrainienne." N'en déplaise aux relais de la propagande russe. Ils diffusent massivement ces images pour se féliciter d'un prétendu "échec" des opérations de Kiev, qui ne font que commencer.


Felicia SIDERIS

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