Les services d'espionnage américains ont pris connaissance, dès la mi-juin, du projet du chef de la milice Wagner, Evgueni Prigojine.
Des informations, échangées en haut-lieu dans l'administration Biden, faisaient état d'une probable rébellion armée contre l'état-major russe.
Des sources citées par la presse américaine affirment en outre que Vladimir Poutine lui-même avait été alerté.

Cette fois, les États-Unis n'ont rien dit. Si, dès fin 2021, Washington avait déclassifié puis publié des renseignements pour tenter de dissuader Vladimir Poutine d'envahir l'Ukraine, les responsables américains ont, ce coup-ci, changé de stratégie. Les services d'espionnage ont reçu à la mi-juin des informations indiquant que le chef de Wagner, Evgueni Prigojine, allait mener une rébellion armée contre l'état-major russe, ont rapporté, samedi 24 juin, le Washington Post et le New York Times

Ces derniers avaient alerté, mercredi 21 juin, soit trois jours avant la prise par le groupe paramilitaire du QG de Rostov, centre névralgique des opérations russes en Ukraine, des hauts responsables militaires et administratifs de cette éventualité. Bien que l'on ne sache pas exactement quand les États-Unis ont su, pour la première fois, qu'une mutinerie se préparait, l'information selon laquelle la querelle de longue date entre Evgueni Prigojine et le commandement russe était sur le point de dégénérer en conflit était, selon des sources proches du dossier, considérée à la fois comme "solide et alarmante".

"Il y avait suffisamment de signaux"

D'après CNN, les responsables du renseignement ont aussi informé, plus tôt cette semaine, les dirigeants du Congrès, connus sous le nom de "Gang of Eight",  un groupe des huit personnalités qui sont avisés par le pouvoir exécutif de questions de renseignement classifiées, des mouvements du groupe Wagner et l'accumulation d'équipements à la frontière russe.

Poutine également informé ?

Néanmoins, comme l'explique le Washington Post, la nature exacte des plans d'Evgueni Prigojine et son calendrier n'étaient pas clairement établis. Ce n'est que, dans la nuit du vendredi 23 au samedi 24 juin, lors de l'entrée de ses troupes dans la ville de Rostov que les suspicions des États-Unis se sont confirmées. Selon une source anonyme, citée par le très sérieux quotidien américain, "il y avait suffisamment de signaux pour pouvoir dire aux dirigeants (...) que quelque chose se préparait"

En outre, selon le Washington Post citant des sources du renseignement américain, Vladimir Poutine lui-même aurait pu être mis au courant des intentions de Prigojine avant la rébellion de ses troupes. "C'était il y a certainement plus de 24 heures", a affirmé un responsable américain à ce média (vidéo en tête de cet article). 

Au cours des deux dernières semaines, les services d'espionnage ont exprimé de "vives inquiétudes" quant à ce qui pourrait se produire, à savoir si Vladimir Poutine resterait au pouvoir et ce qu'une éventuelle instabilité pourrait impliquer au niveau nucléaire.


Yohan ROBLIN

Tout
TF1 Info