Un homme de 35 ans, identifié comme Philipp F., a abattu jeudi sept personnes, dont une femme enceinte et son bébé à naître.L'ancien membre des témoins de Jéhovah s'est ensuite donné la mort.Il était déjà dans le viseur des forces de l'ordre, même s'il n'avait jamais commis de crime.
Jeudi soir, Philipp F., armé d'un pistolet, a ouvert le feu dans un centre des Témoins de Jéhovah à Hambourg, métropole portuaire du nord de l'Allemagne. Il a tué quatre hommes et deux femmes âgés de 33 à 60. L'une d'entre elles était enceinte de sept mois. Son bébé à naître n'a pas survécu à cette fusillade et est compté parmi les victimes. Huit autres personnes ont été blessées, dont quatre grièvement. L'arrivée rapide des forces de l'ordre, qui ont interrompu son acte, a permis d'éviter un bilan encore plus lourd, au vu des nombreuses munitions retrouvées, ont affirmé les autorités. Au moment où les policiers ont débarqué, l'assaillant présumé s'est suicidé.
Il nourrissait une rage contre les membres de congrégations religieuses
La police
L'homme de 35 ans a fait partie de cette communauté religieuse, avant de la quitter il y a de cela quelques mois. Depuis, il était en conflit avec ses anciens congénères, a indiqué la police. "Il nourrissait une rage contre les membres de congrégations religieuses, en particulier contre les Témoins de Jéhovah et son précédent employeur", a expliqué un porte-parole. Pour autant, ses motifs restent à déterminer. "Il n'y a pas d'indices d'un contexte terroriste", a précisé un représentant du parquet de Hambourg.
Un tireur expérimenté et bien équipé
Visiblement très bien préparé, l'assaillant présumé était un tireur sportif enregistré. Il possédait un permis de port d'arme pour un pistolet Heckler & Koch P30. Selon les informations des autorités, il aurait tiré neuf chargeurs de 15 balles chacun pendant sa folie meurtrière, rapporte le journal local Faz. Il portait, par ailleurs, deux autres chargeurs sur lui ainsi que vingt autres dans son sac à dos.
Sur son site personnel et sur son compte LinkedIn, que l'AFP a pu consulter, le trentenaire se présente comme un homme d'affaires à succès, derrière une adresse d'un quartier chic du centre - une simple boîte de domiciliation, d'après l'hebdomadaire allemand Spiegel. Il y propose ses services de conseil et de direction générale en "contrôle de gestion, finance et comptabilité", pour un honoraire exorbitant de 250.000 euros la journée. Un tarif justifié par sa capacité à "générer une valeur ajoutée de 2,5 millions d'euros" pour les entreprises conseillées, et par son approche "holistique", prenant en compte "la théologie et le droit".
Un discours pro-russe et misogyne
Sur ce site, Philipp F. faisait aussi la promotion d'un livre auto-publié chez Amazon, "La vérité sur Dieu, Jésus-Christ et Satan". Dans l'ouvrage, qu'Amazon a retiré de son site mais que le Spiegel et d'autre médias allemands ont pu lire, il écrit qu'il a derrière lui "un voyage personnel en enfer qui a duré plus de trois ans" et qu'il existe un "gouvernement céleste supérieur" avec 101 millions d'êtres spirituels. Le livre, un mélange de prose fondamentaliste et de formules toute faites de management, présente la pandémie de Coronavirus et la guerre en Ukraine comme des punitions divines. Effrayé par une troisième guerre mondiale, il y développe aussi un discours pro-russe et misogyne, selon Der Spiegel.
D'après ses propres informations, Philipp F. a été élevé au sein d'une famille évangélique "stricte" et raconte qu'un incident lui avait fait ressentir le besoin de spiritualité. Au cours de son enfance, il aurait fait des "rêves prophétiques". Célibataire, l'entrepreneur avait perdu son dernier emploi salarié en 2020 et se proclamait conseiller financier à son compte depuis. Il semblait en conflit avec plusieurs sociétés après avoir déposé, selon les enquêteurs, plusieurs plaintes au pénal, notamment contre une entreprise bavaroise qui l'aurait employé dans le passé.
Des problèmes psychiques ?
Surtout, Philipp F. se trouvait dans le viseur des autorités, notamment celles de contrôle des armes. La police a fait savoir qu'elle avait reçu, en janvier dernier, une "lettre anonyme" affirmant qu'il pourrait souffrir "d'une maladie psychiatrique sans que cela ait été attesté par un médecin". Toutefois, lors du contrôle effectué par les forces de l'ordre, il se serait montré coopératif, si bien qu'il n'y aurait eu aucune raison de saisir l'arme. Plus globalement, il est parvenu à faire profil bas. Son casier judiciaire - il ne disposait pas d'antécédents criminels - plaidait également en sa faveur.