Le Hamas diffuse une vidéo d'une otage franco-israélienne, Macron dénonce une "ignominie"

par Maëlane LOAËC (avec AFP)
Publié le 17 octobre 2023 à 10h40, mis à jour le 17 octobre 2023 à 14h40

Source : TF1 Info

La branche armée du Hamas a diffusé lundi soir une vidéo d'une otage Franco-Israélienne de 21 ans.
Blessée au bras, elle assure toutefois être bien traitée et demande à être libérée.
L'Élysée et ses proches ont confirmé son identité, mais la vidéo reste difficile à dater.
Le mouvement islamiste palestinien a affirmé avoir enlevé "entre 200 et 250" otages au total.

Blessée, fatiguée, mais vivante. Pour la première fois depuis son assaut du 7 octobre, le Hamas a diffusé lundi soir des images de l'un de ses otages. La branche armée du mouvement islamiste palestinien a partagé sur son compte officiel Telegram une vidéo d'une jeune femme blessée parlant hébreu, qu'elle présente comme "une des prisonnières à Gaza". L'Élysée a confirmé qu'il s'agissait d'une otage Franco-Israélienne de 21 ans, nommée Mia Schem. Sa famille se dit soulagée, à l'heure où Israël a affirmé avoir retrouvé des "cadavres" d'otages lors d'incursions dans l'enclave palestinienne.

Dans cette courte séquence d'un peu plus d'une minute, la jeune femme apparaît allongée, l'air exténué et le bras barré de points de suture au-dessus de son coude droit, maintenu par une barre métallique. Des mains gantées viennent ensuite enrouler un bandage tout autour de la plaie. Sans parler, elle jette quelques regards à la caméra. Elle est ensuite filmée assise, le bras en écharpe, devant ce qui semble être une couverture tendue, expliquant d'un ton calme être originaire du centre d'Israël et être désormais "à Gaza". Les yeux cernés, elle assure malgré tout être bien traitée. "Je suis soignée, je reçois des médicaments", indique-t-elle, citée par The Times of Israël. Elle précise avoir été opérée trois heures durant pour son bras dans un hôpital. 

À la fin de la vidéo, elle appelle à être libérée et à pouvoir retourner en Israël, d'un ton toujours solennel. "Je demande simplement que l'on me rende le plus rapidement possible à ma famille, à mes parents et à mes frères et sœurs ", lance-t-elle. "S'il vous plaît, sortez-nous d'ici le plus vite possible."

"Elle est vivante, c'est tout ce qui compte"

La légende de la vidéo indique que la Franco-Israélienne a été enlevée "au premier jour" de l'attaque du Hamas sur le sol israélien, le 7 octobre. Selon sa famille, la jeune femme participait au festival de musique Supernova, dans le sud d'Israël, quand elle a disparu après l'assaut des combattants du mouvement terroriste, qui a fait au moins 260 morts. L'armée israélienne a ensuite confirmé que Mia Schem a été enlevée et affirme être en contact "permanent" avec sa famille.

Pour l'heure, il reste impossible de savoir quand la vidéo a été tournée et dans quelle mesure la jeune femme a été contrainte pendant le tournage. Selon le New York Times, l'analyse des métadonnées contenues dans le fichier vidéo indiquent qu'une partie de la séquence a été filmée il y a au moins six jours.

Quoi qu'il en soit, sa famille a confirmé auprès de plusieurs médias qu'il s'agit bien de Mia Schem et s'est dite soulagée, épuisée par des jours d'attente et d'angoisse. "Mia a été blessée, elle a l’air terrifiée. Mais elle est vivante, c’est tout ce qui compte. Depuis 10 jours, j’ai toujours pensé que Mia était en vie car c’est une guerrière", a déclaré sa mère Keren Schem au Parisien. "Maintenant, il faut qu’elle revienne à la maison. Elle et tous les otages qui sont prisonniers doivent rentrer chez eux", a-t-elle exhorté. 

Quelques heures plus tard, elle a affiché un visage plus préoccupé. "J'ai vu qu'elle était touchée à l'épaule, qu'elle avait été opérée et avait l'air terrifiée. Elle a l'air souffrir. J'ai pu voir qu'elle dit ce qu'on lui dit de dire, mais elle est stable. Elle a besoin de soins", a-t-elle déclaré peu après lors d'une conférence de presse ce mardi matin, des images à retrouver dans la vidéo en tête d'article, se disant "inquiète" tout en appelant à être "optimiste". "Je demande aux dirigeants du monde que ma fille nous soit rendue dans l'état où elle se trouve aujourd'hui ainsi que les autres otages. Je supplie le monde de me rendre mon bébé", a aussi exhorté Keren Schem, dénonçant un "crime contre l'humanité". La tante de la jeune femme, nommée Galit a elle aussi salué auprès de la presse israélienne une "étape très importante". "Elle a l'air blessée et effrayée, mais au moins elle est en vie", a-t-elle déclaré, des propos cités par The Guardian.

La famille fait partie des proches d'otages qui ont lancé un appel au président Emmanuel Macron la semaine passée, l'enjoignant à tout faire pour obtenir la libération des disparus. Keren Schem était aussi présente lors d'une rencontre entre des familles et une délégation d'hommes politiques français à Tel-Aviv lundi. 

Des discussions "intenses" qui "avancent", selon Emmanuel Macron

Le président français Emmanuel Macron a réagi à la vidéo de la jeune femme, indiquant en avoir pris connaissance. "Je veux dire à la famille de Mia Schem notre soutien, notre affection. Et le dire à l'ensemble des familles qui ont des enfants ou des proches portés disparus", a-t-il déclaré mardi matin. Il a assuré que la France était "pleinement mobilisée" et mettait en place "tout ce qui est en (son) pouvoir pour obtenir" la libération des otages français mais aussi tous les autres, dénonçant une pratique "odieuse et inacceptable". Il a affirmé que Paris était en contact avec "les autorités israéliennes et, par des puissances amies intermédiaires, avec le Hamas"

Otages : "Des discussions intenses qui avancent", affirme MacronSource : TF1 Info

"Très prudent", il a toutefois refusé d'en "dire davantage" à ce sujet pour "ne pas créer d'attentes qui seraient déçues et ne pas mettre en péril les discussions intenses en cours". Mais "elles avancent, nous sommes heure par heure à leur suivi", a-t-il assuré. Quelques heures plus tôt, le chef de l'État avait déjà dénoncé une "ignominie" et appelé à la "libération immédiate et sans conditions" de la jeune femme, avait indiqué l'Élysée. 

La ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna s'est entretenue dimanche dernier "avec les familles dont les proches ont été assassinés ou enlevés, dont celle de Mia Schem", avait-il ajouté. De son côté, le quai d'Orsay a dénoncé dans un communiqué "la mise en scène ignoble par le Hamas dans une vidéo" d'une ressortissante française, sans préciser son nom. Selon son dernier bilan, onze Français sont toujours portés disparus, dont "plusieurs sont très probablement otages du Hamas", et 21 décédés dans les assauts du groupe islamiste palestinien.

De son côté, l'armée israélienne a publié un communiqué après la diffusion de la vidéo, dans lequel elle affirme que le Hamas "tente de se présenter comme une organisation humaine, alors qu'il s'agit d'une organisation terroriste meurtrière responsable de l'assassinat et de l'enlèvement de bébés, de femmes, d'enfants et de personnes âgées", des propos cités par Reuters.

Par ailleurs, Abu Ubaida, porte-parole de la branche armée du Hamas, a déclaré à la télévision lundi en fin de journée que son groupe détenait 200 personnes en captivité et qu'une cinquantaine d'autres sont retenues par d'autres "factions de la résistance et dans d'autres lieux". Il a aussi fait état de 22 otages tués dans les raids israéliens. Les responsables israéliens ont eux estimé à 199 le nombre d'otages retenus dans la bande de Gaza, et reconnu avoir déjà retrouvé des "cadavres" d'otages lors d'incursions dans le territoire palestinien. "Nous ne mènerons pas d'attaque qui mettrait en danger notre peuple", a toutefois assuré un porte-parole de Tsahal, Daniel Hagari, à l'heure où Israël prépare une attaque terrestre dans l'enclave palestinienne

Plus de 1400 personnes ont été tuées en Israël, dont plusieurs centaines de civils massacrés dans des localités proches de Gaza, selon les derniers chiffres fournis par des responsables israéliens. Depuis l'attaque, Israël mène des frappes sans relâche sur la bande de Gaza. Environ 2750 personnes sont mortes à travers le territoire, selon les autorités locales.


Maëlane LOAËC (avec AFP)

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