En Sardaigne, la proportion de centenaires est, de loin, la plus élevée d'Italie, et même d'Europe.Quel est le secret de cette longévité et où vit-on le plus longtemps dans le monde ?Les habitants rencontrés par TF1 fournissent de précieux indices.
Le mythe de la fontaine de Jouvence, symbole du rajeunissement perpétuel, a encore de beaux jours devant lui. S’il existe, tout porte à croire qu’il pourrait se trouver en Sardaigne, région où la proportion de centenaires est, de loin, la plus élevée d'Italie, et même d'Europe. TF1 s’est rendu à Baunei, village de 800 âmes à l’est de l’île, où fourmillent ce que les chercheurs appellent les "zones bleues", ces endroits recensés dont les habitants vivent le plus longtemps en bonne santé.
"On marche toute la journée, ça nous fait du bien ! Notre voiture, ce sont nos pieds", rigole l’une des nombreuses octogénaires habitant le village à flanc de montagne, en arpentant ses rues, toutes en pentes escarpées. La marche à pied n'est pas la seule cause de cette longévité exceptionnelle qui, depuis les années 1990, fascine les scientifiques. Le patrimoine génétique non plus, qui ne l’explique qu’à hauteur de 5%, selon le site analysant les zones bleues dans le monde.
"Ils ne connaissent pas de problème d’anxiété"
"Mon secret ? Rester serein, manger et boire", synthétise Salvatore, 97 ans, autre habitant de Baunei qui a "bien l’intention" de rejoindre les rangs des centenaires de la bourgade, trois fois plus nombreux que dans le reste de l’Italie. Toute sa vie, le jeune homme a bénéficié du terroir généreux de son île : des fruits, des légumes, peu de viande et du lait ("sans café, juste avec un peu de sel"), fourni par ses chèvres élevées en pleine nature, se nourrissant de 380 herbes sauvages différentes.
Un régime qui a fait ses preuves. "Certains font un peu d’hypertension ou de diabète, rien d’autre. Ils viennent surtout pour se rassurer, assure Marisella Lara, docteur à Baunei, suivant plus d'une centaine de patients âgés d'au moins 80 ans. Ils gèrent leur quotidien, pour la plus grande majorité d’entre eux, avec une grande facilité. Ils ne connaissent pas de problème d’anxiété." Dans les zones bleues, les taux de cancers, maladies cardiaques et démences sont les plus bas du monde.
Cette sérénité à toute épreuve, se transmettant de génération en génération, puise aussi son origine dans un mode de vie où les aînés restent actifs, pratiquant la pêche ou la culture des champs. Et vivent au milieu des plus jeunes. En Sardaigne, pas de maison de retraite. "Je n’ai jamais vécu seule, témoigne Marcella, 92 ans. Nous avons toujours été une famille très unie."
Autant d’éléments que les chercheurs considèrent à présent comme les ingrédients d’une même recette, car on les retrouve immuablement dans les autres endroits du monde comptant le plus de zones bleues, et donc de centenaires. À savoir la ville de Nicoya, au Costa Rica, l’archipel d’Okinawa, au Japon, la petite île grecque d’Ikaría, et la municipalité de Loma Linda, en Californie. "Une fois, j’ai demandé à une femme de 105 ans si elle avait déjà pensé à la mort, nous confie Pierre Guy, anthropologue spécialiste des zones bleues. Elle m’a répondu qu’elle y penserait juste le jour d’avant."