Disparition d'Émile : son grand-père témoin assisté dans une ancienne affaire de viols et de maltraitance

Publié le 20 mars 2024 à 14h38, mis à jour le 20 mars 2024 à 17h49

Source : JT 20h WE

Le 8 juillet 2023, Émile, deux ans, s'est volatilisé du hameau du Haut-Vernet (Alpes-de-Haute-Provence) où il était gardé par ses grands-parents.
Neuf mois après sa disparition, le passé trouble de son grand-père ressurgit dans la presse.

Comme toutes les personnes mentionnées dans cette affaire, il a été entendu dans ce dossier. Mais neuf mois après la disparition du petit Émile, deux ans et demi, du hameau du Haut Vernet dans les Alpes-de-Hautes-Provence où il était gardé par ses grands-parents, Le Canard enchaîné fait des révélations ce mercredi sur le passé trouble du grand-père du garçonnet. 

Il y est indiqué que Philippe V., 58 ans, apparaît comme témoin assisté dans une tout autre affaire judiciaire datant des années 1990. Celle-ci vise en effet la communauté traditionaliste de Riaumont à Liévin (Pas-de-Calais) qui accueillaient des garçons mineurs en pension. Plusieurs informations judiciaires sont en cours pour des faits de viols, d'agressions sexuelles et de maltraitance.

Des "tartes mémorables"

Comment le grand-père du petit garçon disparu est apparu dans cet autre dossier ? Selon l'hebdomadaire satirique, le kinésithérapeute ostéopathe installé aujourd'hui à La Bouilladisse (Bouches-du-Rhône) est entré dans la communauté religieuse de la Sainte-Croix de Riaumont en 1991 en tant que chef scout, alors qu'il avait 26 ans, et y est resté trois ans. Là, étaient accueillis des garçons âgés de 8 à 16 ans en pension complète et "surveillés par des moins laïques, pour la plupart de carrière militaire et souvent proches de groupuscules d'extrême droite", écrivent nos confrères. 

Le "chef Philippe" est rapidement devenu le "frère Philippe". Sa mission : "faire régner la discipline" et l'ordre parmi les jeunes. Un ancien enseignant le décrit auprès du Canard comme un "Gourou". Le témoin cite aussi les méthodes employées au sein de la communauté pour que tout se passe comme le voulait la direction. "Il fallait frapper fort les gamins pour les mater" explique-t-il au journal.

Par ailleurs, dans un groupe Facebook privé qu’a pu consulter le Canard, d'anciens pensionnaires témoignent de la "terreur" qu'"inspirait" Philippe V. Ils se souviennent aussi de ses "rangers à bout coqué" sous sa robe de bure et de "ses tartes mémorables". "J’ai gardé les cinq doigts sur ma fesse pendant deux mois", témoigne ainsi un ancien membre auprès du Canard. Des anciens pensionnaires affirment aussi qu'une fois les "tartes" distribuées, Frère Philippe soignait les blessures et prodiguait des massages à certains.

Les enquêteurs au courant

Selon plusieurs sources contactées par LCI-TF1, les enquêteurs qui travaillent sur la disparition du petit Émile sont, depuis le début, au courant du passé du grand-père du garçonnet. Son penchant pour une éducation rigoriste avait par ailleurs été dépeint par plusieurs personnes au moment de la disparition du petit garçon, alors que les journalistes avaient envahi le Haut-Vernet à la recherche du moindre témoignage. 

Dans un entretien accordé à Famille Chrétienne le 22 septembre, toutefois, Philippe V. avait contesté cette réputation. "Je passe pour un dominateur qui terrorise tout le monde […] Tout cela est faux, mais je m’en moque. La presse nous fait du mal, mais les gens autour de nous sont vraiment extraordinaires ! La preuve que Dieu existe, c’est la bonté qui nous est témoignée chaque jour", avait-il ainsi déclaré.  

Sollicitée par TF1/LCI, Me Isabelle Colombani, l'avocate du grand-père d'Émile a réagi à ces nouvelles informations ce mercredi. "Je considère aujourd’hui qu’il y a viol de la présomption d’innocence, avec des conséquences dramatiques pour la famille", a-t-elle déclaré. "Ces gens [les grands-parents, qu’elle représente] sont aujourd’hui au fond du gouffre. La seule peur de mon client, c’est que cette affaire ne fasse perdre du temps aux gendarmes qui enquêtent sur Emile."

Onze personnes mises en examen

Dans l'affaire de Riaumont, depuis les premières plaintes déposées en 2013 contre certains encadrants de l'établissement devenu, en 2019, l'école privée hors contrat Saint-Jean-Bosco, onze personnes ont été mises en examen pour viols, agressions sexuelles ou maltraitances. Les faits que dénoncent les plaignants auraient été commis dans les années 1990.

Contacté par LCI-TF1 ce mercredi, le parquet de Béthune indique qu'aucune communication ne sera faite à ce sujet.


Aurélie SARROT

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