Maine-et-Loire : ce que l'on sait du détenu interpellé après 14 jours de cavale, soupçonné de deux meurtres

Publié le 4 juillet 2023 à 13h07, mis à jour le 4 juillet 2023 à 18h17

Source : JT 13h Semaine

Un détenu "dangereux" de 42 ans de la prison d'Argentan (Orne) qui s'était évadé le 20 juin a été interpellé ce mardi 4 juillet.
Il est soupçonné d'avoir commis deux meurtres durant sa cavale, dans le Maine-et-Loire.
Un avis de recherche avait été diffusé lundi pour retrouver cet individu, susceptible de commettre un nouveau meurtre s'il n'était pas arrêté.

Des habitants invités à rester chez eux, une cinquantaine de gendarmes mobilisés ainsi que des policiers et une inquiétude qui régnait dans tout le Maine-de-Loire, voire au-delà. L'interpellation, ce mardi, un détenu dangereux de la prison d'Argentan (Orne), a marqué l'épilogue d'une cavale de 14 jours, période durant laquelle deux meurtres ont été commis et une tentative de meurtre. 

Depuis le week-end dernier, une véritable chasse à l'homme avait été lancée dans la région d'Angers pour retrouver ce détenu "au profil criminologique dangereux" et soupçonné de ces actes. L'homme, âgé de 42 ans et originaire de la Réunion, a été finalement arrêté à Avrillé ce mardi à 12h55, après un signalement par des ouvriers faisant suite à un vol de nourriture. 

Lourds antécédents

Le suspect purgeait deux peines au centre de détention d'Argentan (Orne). La première est une condamnation datant de novembre 2017 à une peine criminelle de 12 ans prononcée pour "tentative de meurtre par conjoint ou concubin", sur sa compagne qui était alors surveillante de prison. La seconde est une peine correctionnelle de trois ans pour des atteintes aux biens aggravées. Le suspect était libérable en 2027.

Lorsqu’il s’est enfui le 20 juin, c’était la première fois que le juge d’application des peines lui autorisait une permission.

Celle-ci était d'une durée de 6 heures, pour lui permettre de se rendre à la préfecture et régler des documents administratifs liés à son permis de conduire. Il avait par ailleurs fait une autre demande de permission qui lui avait été refusée par le juge.

Les investigations ont montré que, ce mardi 20 juin, le suspect a pris un train après sa sortie et aurait rejoint la ville d'Angers. 

Un premier meurtre présumé le 22 juin

L'homme en cavale est soupçonné d'avoir commis un premier meurtre le jeudi 22 juin. Ce jour-là, en début de soirée, deux enfants ont découvert le corps sans vie de leur mère à leur domicile rue Baudrière, à Angers (Maine-et-Loire). Celle-ci portait alors des traces au niveau du cou.

Quatre jours plus tard, le 26 juin, le procureur de la République Eric Bouillard avait annoncé que "l’autopsie a bien confirmé un décès par strangulation, vraisemblablement à mains nues" de cette mère de famille âgée de 40 ans. Les enquêteurs de la police judiciaire d’Angers ont été chargés des investigations sur ce premier dossier.

Très vite, il est apparu que le suspect était dans la même prison que l'ex-compagnon de cette femme. Elle lui avait par ailleurs rendu visite en prison au parloir.

Un tentative de meurtre le 28 juin

Moins d'une semaine après la mort de cette mère de famille, le suspect aurait tenté de récidiver. Ainsi, le 28 juin, à Chailland (Mayenne), "une femme de 26 ans qui débute une grossesse va découvrir que quelqu'un est entré chez elle et va être victime d'une tentative de vol de son véhicule et de violence extrêmement grave, une tentative de strangulation", a indiqué le procureur de la République d'Angers, lundi, à l'occasion d'une conférence de presse. Cette victime a été sauvée grâce à l'intervention d'un tiers qui s'est interposé.

L'homme a alors pris la fuite et s'est réfugié dans un vaste bois, échappant au dispositif mis en place par les forces de l'ordre pour l'interpeller.

Un deuxième meurtre le 1er juillet

Samedi dernier, vers 19 heures, un véhicule a été découvert en train de brûler à Cantenay-Epinard (Maine-et-Loire), au nord d'Angers. "Le véhicule en question appartient à une personne identifiée dimanche matin, et qui demeure à Chailland" selon le procureur d'Angers.

Le propriétaire, un homme de 72 ans, ancien mécanicien de la commune et conseiller municipal, a été retrouvé mort à son domicile. "L'hypothèse que l'on émet aujourd'hui est que le propriétaire de la voiture a trouvé son agresseur au moment où il revenait chez lui", a expliqué le magistrat lundi.

Un homme extrêmement "dangereux"

Le suspect présente un "profil criminologique dangereux (...) Il doit être interpellé avant un autre drame", a insisté le procureur de la République d'Angers lors de sa conférence de presse, à la veille de son arrestation. Le magistrat avait appelé également la population à la plus grande prudence et demandé aux habitants du secteur de s'enfermer chez eux.

Selon le colonel Tanguy Landais, commandant du groupement de gendarmerie du Maine-et-Loire, 52 effectifs de gendarmerie ont été engagés pour le retrouver. Des policiers d'Angers participaient à la traque. Plus de 900 propriétés ont été vérifiées. 

Lundi, le parquet d'Angers avait diffusé un avis de recherche, accompagné d'une photo et d'un signalement précis. Il décrivait le suspect comme un homme mesurant 1,85 m, "de type métis, de corpulence athlétique avec des cheveux noirs frisés" dont la dernière trace avait été signalée samedi soir au nord d'Angers. 

Quid du mobile?

Le mobile du suspect reste assez flou. "Aucun service d’enquête n’a eu de contact avec l’intéressé depuis qu’il est sorti du centre de détention d’Argentan. Nous n’avons donc pas d’éléments sur le mobile", a déclaré mardi le procureur de la République sur BFM, peu avant l'interpellation. 

"Il nous semble que les premiers faits sont plutôt liés à son évasion, à savoir le meurtre d’une femme à Angers et que les deux faits qui suivent peuvent ressembler à des actes commis presque en opportunité pour essayer de protéger sa cavale et notamment pour obtenir des véhicules. Tous ces éléments sont des éléments ressentis, car il est beaucoup trop tôt pour affirmer ces mobiles. Nous n’avons pour l’instant que des hypothèses de travail", a-t-il conclu. 

Le procureur doit donner une nouvelle conférence de presse mardi après-midi. Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a salué les "policiers et gendarmes mobilisés ces dernières heures et qui ont contribué à son arrestation".

Placé en rétention judiciaire

Ce mardi à 17 heures, au cours d'une conférence de presse, le procureur de la République d'Angers entouré de gendarmes a donné des précisions sur l'interpellation du suspect et les suites. 

A été notamment révélé que le quadragénaire a essayé de s'enfuir au moment de son interpellation. Après avoir volé de la nourriture dans un cabanon de chantier, ce dernier a trouvé refuge dans un immeuble du site, à Avrillé. Au troisième étage du bâtiment, les policiers de la BAC qui s'étaient rendus sur place après l'appel d'un des ouvriers victimes du vol ont identifié des "traces de vie", parmi lesquelles un "sac à dos, ces vêtements et de la nourriture". Ils ont ensuite vu le suspect. Ce dernier a alors essayé de prendre la fuite en sautant du troisième étage. Blessé dans sa chute, le quadragénaire en cavale a été interpellé alors qu'il courait. On ignore à cette heure depuis quand le suspect se trouvait sur ce chantier.

Après son interpellation, l'individu n'a pas été placé en garde à vue mais en rétention judiciaire. "Nous avions concomitamment plusieurs procédures, notamment au parquet de Laval et au parquet d'Argentan puisque le suspect s'était évadé d'Argentan. Dans ce cadre-là, le suspect faisait l'objet d'une procédure de recherches de fugitif (...) Dans ce cadre-là, il a été placé dès son interpellation en rétention judiciaire. Il va être présenté à un juge d'application des peines qui avait émis un mandat d'amener et ensuite, il rejoindra sans doute une maison d'arrêt avant d'être placé en garde à vue pour être entendu sur des faits de meurtres et de tentative d'homicide volontaire, le tout en état de récidive légale", a détaillé le procureur.  Le magistrat a insisté par ailleurs sur le fait qu'il n'était "pas dans l'hypothèse de faits commis par un ex-conjoint ou concubin". 

La garde à vue pourrait débuter dans les prochaines heures ou au plus tard dans quelques jours selon le magistrat. Ce dernier avisera la presse au moment où la garde à vue débutera.


Aurélie SARROT

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