ENQUÊTE - Roues volées le matin, revendues en ligne l'après-midi : pourquoi le trafic de pièces détachées explose

par T.A. | Reportage : Jeanne QUANCARD, Antoine BOURDARIAS et Hippolyte RIOU DU COSQUER
Publié le 25 février 2024 à 12h00

Source : JT 20h WE

Les vols de pare-chocs, et même de capots des voitures, se multiplient.
En raison d'une pénurie de certaines pièces détachées, des trafiquants travaillent même sur commande.
Le 20H de TF1 s'est rendu dans une petite commune du Val-d'Oise qui en a récemment fait les frais.

Chaque matin, avant de partir au travail, Karine appréhende. Il y a quelques mois, cette habitante de Jouy-le-Moutier (Val-d'Oise) a découvert le capot de sa voiture toute neuve complètement arraché. "Je me suis retrouvée sans voiture pendant plus d'un mois et demi", se désole-t-elle dans le reportage de TF1 ci-dessus. Ce cas n'était pas une première. Dans cette petite commune de région parisienne, on trouve des voitures désossées dans les rues toutes les semaines. Sur l'ancien véhicule de Karine, une portière a été aussi été dérobée par les voleurs, tout comme sur celui de son mari.

La nuit, les délinquants agissent en quelques minutes seulement. Ils savent exactement ce qu'ils cherchent : des pièces détachées, qui se revendent facilement, car elles sont très recherchées. Certaines peuvent mettre des mois à arriver par les circuits officiels. Garagiste de la ville, Xavier a lui aussi été victime de ces vols sur ses propres véhicules. Selon lui, le trafic peut rapporter très gros. "Entre le capot, le pare-chocs et les deux optiques de phares, on doit avoisiner entre 5.000 et 6.000 euros", indique-t-il.

Des réseaux internationaux de voleurs

Que deviennent ces pièces volées ? La plupart du temps, elles sont revendues en ligne. Hervé Florczak, maire sans étiquette de Jouy-le-Moutier, en a lui-même fait les frais. "Un jour, à huit heures du matin, je découvre qu'il n'y a plus de roues sur mon véhicule, nous raconte l'édile. "Et à 14h35, on les retrouve en vente, sur Internet." D'après lui, il est difficile de lutter contre ces vols. 

Il ne voit qu'un seul moyen d'y faire face : davantage contrôler la revente. "Les objets qui sont volés sont vendus sur le web, souligne l'élu. Aujourd'hui, il serait intéressant de se pencher là-dessus et de ne pas permettre à des voleurs de vendre en s'identifiant simplement avec une adresse mail et une carte SIM qu'on peut acheter n'importe où." Ces vols interviennent de façon cyclique, lorsque la demande est très élevée.

Ce marché parallèle est entretenu par des réseaux à l'étranger, selon Mᵉ Aris Sabatakakis, avocat du cabinet "de Caumont", à Paris, spécialisé dans le droit routier. "Ces réseaux ciblent sur le marché international certains véhicules, certains modèles, certaines marques, précise l'expert. Ensuite, ils écoulent les pièces détachées selon la demande dans le monde entier." Un renforcement de la présence policière est prévu sur la commune de Jouy-le-Moutier. L'objectif ? Dissuader les voleurs, qui risquent jusqu'à 5 ans de prison et 375.000 euros d'amende.


T.A. | Reportage : Jeanne QUANCARD, Antoine BOURDARIAS et Hippolyte RIOU DU COSQUER

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