Six ans après la disparition d'Hélène Sanchez Parra, 38 ans, à Sournia, son mari, Stéphane, a été mis en examen pour "meurtre sur conjoint" et écroué lundi.
La semaine dernière, des ossements pouvant correspondre à ceux de la disparue ont été retrouvés.
Jean-David Cavaillé, procureur de la République de Perpignan a donné ce mardi les derniers détails sur cette affaire.

Une femme qui disparait, un mari qui lance des avis de recherches dans la région et les réseaux sociaux, une enquête ouverte pour "disparition inquiétante" et de nombreuses investigations. Plus de six ans après la disparition à Sournia (Pyrénées-Orientales) d'Hélène Sanchez Parra, 38 ans, ce cold case vient peut-être d'être élucidé grâce à la libération de la parole de ses enfants et aux aveux de son ex-compagnon.

Ainsi, ce mardi, le procureur de la République de Perpignan, Jean-David Cavaillé, a annoncé la mise en examen du mari de cette dernière pour "meurtre sur conjoint" et son placement en détention provisoire. Le magistrat a détaillé comment les enquêteurs étaient remontés jusqu'à lui....

Tout le monde a cru à un "départ volontaire"

Le 27 juin 2017, Hélène Sanchez Parra a disparu. Elle vivait alors à Sournia, avec son mari, leurs trois enfants et son ex-compagnon. "Les trois adultes s'étaient rencontrés dans des hôpitaux psychiatriques", a indiqué Jean-David Cavaillé.

C'est l'époux de la trentenaire, prénommé Stéphane, qui, à l'époque, a signalé la disparition de cette dernière aux gendarmes. Selon le procureur, un contexte de violences régnait alors au domicile, "violences plutôt imputées à l'épouse avant son départ" a précisé le magistrat. 

Une enquête était alors ouverte pour "disparition inquiétante". Celle-ci n'a pas permis de localiser la victime ou de déterminer les conditions de sa disparition et le 24 septembre 2018, l'enquête était clôturée en l'absence d'infractions. "Tous les éléments recueillis à ce moment-là faisaient état d'un départ volontaire de Mme Sanchez Parra en Espagne", a insisté le procureur. 

Les témoignages essentiels des enfants

Un premier rebondissement dans cette affaire intervient en avril 2022, quand le parquet de Montpellier est saisi par les services sociaux après que les enfants du couple, alors placés, ont fait des déclarations troublantes. Ces derniers ont en effet évoqué alors à de tierces personnes des violences intrafamiliales et des doutes quant au départ volontaire de leur mère à l'étranger. 

Le parquet de Montpellier saisit le parquet de Perpignan qui rouvre une enquête. Le départ volontaire s'oriente alors vers une disparition violente de la trentenaire dans le cadre de violences conjugales. Le 30 novembre, une information judiciaire est ouverte pour "meurtre" et le juge d'instruction saisit alors la section de recherches de la gendarmerie de Montpellier. 

L'ex-compagnon désigne l'endroit du corps

Après des mois d'investigations, les enquêteurs procèdent, le 13 novembre 2023, à l'arrestation de trois hommes, qui ont tous les trois été en lien avec Hélène Sanchez Parra avant sa disparition. Le premier est son ex-compagnon né en 1967 et qui a vécu au domicile de celle-ci et de sa famille jusqu'à sa disparition et qui est resté en colocation avec le conjoint de celle-ci jusqu'à ce que les enfants soient placés. Le second est le mari de Mme Sanchez Parra, né en 1982, mis en cause aujourd'hui. Le troisième est son frère, né en 1979, et dont la garde à vue a été levée sans poursuite. 

"L'ex-compagnon va très rapidement donner des informations évoquant une mort criminelle de Mme Sanchez Parra, la dissimulation du corps à laquelle il a participé dans un bois et va conduire les enquêteurs sur un lieu où ont été découverts les restes d'un corps, et des morceaux d'une arme", a détaillé ce jour Jean-David Cavaillé.

L'ex-compagnon, connu pour des "délits routiers", a été mis en examen en milieu de semaine dernière pour "recel de cadavre", "modification des lieux d'un crime" et "non-dénonciation de crime". Placé sous contrôle judiciaire, il encourt pour ces faits jusqu'à trois ans d'emprisonnement. 

Le mari de la disparue mis en examen

Entendu par les gendarmes depuis la Corse où il se trouvait, le mari d'Hélène Sanchez Parra a été transféré à Perpignan en fin de semaine avant d'être mis en examen pour "meurtre sur conjoint" et placé en détention provisoire. Présumé innocent, ce dernier qui était connu pour des "vols", "escroqueries" et "outrages", encourt s'il est condamné pour ces faits la réclusion criminelle à perpétuité. 

"L'enquête est complexe et les déclarations qui divergent vont nécessiter un travail de fond sur les éléments", a précisé le magistrat sans donner plus de détails sur ce qu'avait pu dire le principal suspect pendant sa garde à vue et face au juge. 

S'agit-il du corps d'Hélène Sanchez Parra ?

Lundi, une autopsie des restes du corps de la victime a été réalisée. Les résultats ont permis d'établir qu'il s'agissait bien des ossements d'un corps de femme et une datation compatible avec l'ancienneté des faits. "S'il y a des éléments dans les déclarations, dans la localisation qui permettent de faire un lien (avec cette disparition, NDLR), en l'état, et tant que nous n'aurons pas de preuves ADN, il est impossible d'objectiver que le corps retrouvé la semaine dernière est bien celui de Mme Sanchez Parra et nous allons continuer les investigations techniques. De même, et en l'état, tant que nous n'avons pas d'expertises balistiques, nous ne pourrons pas déterminer si les morceaux d'armes retrouvés sont en lien avec le décès", a conclu le magistrat. 

Les résultats de ces expertises complémentaires ne devraient pas être connues avant "deux à trois mois". 


Aurélie SARROT

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