Procès du "violeur de Tinder" : "Je n’ai pas d'addiction au sexe", assure l’accusé

Publié le 18 mars 2024 à 21h09, mis à jour le 19 mars 2024 à 14h13

Source : TF1 Info

Depuis ce lundi matin et jusqu’au 29 mars, Salim B., 38 ans, est jugé devant la cour criminelle de Paris.
Cet ancien photographe de mode comparait pour 17 viols et agressions sexuelles commis entre 2014 et 2016 dans la capitale.
L’accusé conteste les faits et parle d’une "addiction au fait de susciter le désir".

Des sites de rencontres ou des réseaux sociaux, des jeunes femmes, un studio photo, de l’alcool, et toujours le même modus operandi et le même scénario sur fond de violences, soumission chimique ou surprise selon les plaignantes. Depuis ce lundi matin et jusqu’au 29 mars, Salim B., 38 ans, comparait devant la cour criminelle de Paris pour 13 viols et 4 agressions sexuelles commis entre 2014 et 2016 dans la capitale sur de très jeunes femmes, dont l'une tout juste majeure.

Dans le box, celui que l’on a surnommé le ‘violeur de Tinder’ n’a pas exactement le même physique qu’on lui connaissait sur ses différents profils sur les réseaux sociaux. Cheveux crépus et volumineux, corpulence mince, lunettes de vue à monture noire et fine, collier de barbe et petite moustache, pull sombre et jean, l’accusé de nationalité marocaine et arrivé en France à l'âge de 18 ans, décline, d’une toute petite voix qui contraste avec la violence des faits qui lui sont reprochés, son identité : "Je m'appelle Salim B., je suis né le 1er août 1985 à Casablanca".

Face à lui, sur les bancs en bois de la salle Diderot, près d’une quinzaine de parties civiles, qui seront entendues à l’audience. Trois ont fait le choix de ne pas assister au procès, deux sont à l'étranger et n'ont pas souhaité faire le déplacement, et une autre parce qu’elle n’a pas "la capacité psychique de le faire" explique son avocate. 

"Jambes en coton", "black-out"...

Pendant plus de quatre heures, le président de la cour criminelle rappelle ensuite les faits reprochés par 17 femmes à cet homme, bac +5, ingénieur en informatique, reconverti en photographe de mode. Ce dernier est entré en contact pour la plupart d’entre elles via Tinder, Facebook, Adopteunmec, book.fr ou encore modelmayhem pour leur proposer "de belles photos". Très vite, celui qui ne s’est pas caché d’avoir photographié une ancienne miss France parvient à les convaincre de venir dans son appartement du 20ᵉ arrondissement de Paris qui lui sert également de studio photo. 

Là, vodka, tequila, vin, Limoncello ou champagne arrivent vite sur la table et les effets ne tardent pas à se faire sentir. Rapidement, les jeunes femmes sont "dans les vapes", "ont les jambes comme du coton", et font des "black-out". Elles se souviennent toutefois de ce que cet homme leur a, selon les cas, imposé : attouchements, fellations, cunnilingus, ou encore pénétrations diverses. Ni les protestations de certaines, ni la menstruation d’une autre, ni la maladie transmissible qu’invoquera encore une autre ne le stopperont dans son élan avant qu’il ne les laisse repartir, une fois son désir assouvi. Plusieurs sont convaincues d’avoir été droguées par leur prédateur. Lui conteste tout encore aujourd’hui à l’audience. 

Il a rencontré 200 à 300 filles

En effet, Salim B. fait état de relations sexuelles consenties et d'accusations motivées par des regrets a posteriori ou une vengeance après qu'il a refusé de donner les photos aux jeunes femmes. S’il a admis au cours de l’instruction que les séances photos constituaient un prétexte pour obtenir des relations sexuelles avec des jeunes femmes, il n’a reconnu qu’une faute morale : celle de les avoir utilisées pour son propre plaisir et de les avoir rejetées ensuite. 

Pendant l'enquête, Salim B. avait admis une "addiction au sexe" mais à l'audience ce lundi, il revient sur sa déclaration. "Je n'avais... Je n'ai aucune addiction au sexe mais au fait de susciter le désir...", assure désormais l'accusé avant d'être interrompu par de vives réactions des parties civiles dans la salle. "J'ai l'impression que ça ne suscite pas l'adhésion", relève le président. De fait, lors des interrogatoires, le photographe a confié avoir rencontré au cours de sa vie entre 200 et 300 filles et avoir eu 600 relations sexuelles tout en relevant qu’à l’époque de sa mise en examen en 2016, il n'y avait eu "que quatre filles qui avaient porté plainte contre lui". 

"Quand je suis en prison, je n'ai pas envie de sexe", justifie-t-il encore avant d’ajouter : "Séduire des femmes et vivre des choses nouvelles tous les jours, c'est de l'addiction".

Retour à la case prison

Placé en détention provisoire en octobre 2016 dans le cadre de cette procédure, Salim B. a été libéré en novembre 2019 sous contrôle judiciaire. En juillet 2023, il est retourné en prison après que quatre femmes, qu’il avait rencontrées via des pseudos sur les réseaux sociaux pendant son contrôle judiciaire, ont à nouveau déposé plainte contre lui pour les mêmes faits. Encore une fois, l’accusé conteste tout viol et toute agression. Selon lui, c’était consenti. 

S'il n'a commis aucune faute comme il le prétend, envisage-t-il un avenir si jamais il était acquitté ?  "De toute façon, quoi que je veuille, mon nom, il est foutu. Si je pouvais choisir, je reprendrais la photo, je ferais du cinéma, je créerais", déclare Salim B. qui assure que sa carrière a été démolie sur les réseaux sociaux. "Revenir dans la photo de mode, non. Maintenant, c'est quelque chose qui me dégoûte profondément. En tout cas, je voudrais créer et créer encore", conclut-il. 


Aurélie SARROT

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