TÉMOIGNAGE - "Je me suis vue mourir" : le traumatisme des victimes de "homejacking"

par T.A. | Reportage TF1 : Maurine BAJAC, Séverine FORTIN et Alexandre TOCNY
Publié le 3 novembre 2023 à 7h30, mis à jour le 3 novembre 2023 à 12h26

Source : TF1 Info

482 cas de "homejacking", des cambriolages violents réalisés en présence de l'occupant dans le logement, ont été enregistrés en France en 2022.
Pour les victimes de ces agressions, la reconstruction est difficile.
L'une d'elles témoigne auprès de TF1, qui a mené l'enquête sur ce phénomène.

Presque un an après, Coraline Balligand, ne s'est toujours pas remise de son agression. Le 25 mars 2022, on sonne à sa porte. Cette influenceuse enregistre alors une vidéo pour les réseaux sociaux. Son téléphone enregistre la suite. À sa porte, un homme prétend être son voisin, mais en quelques fractions de seconde, ce dernier la "chope au cou". "Il essaie de m'endormir, raconte la jeune femme dans la vidéo du 20H de TF1 ci-dessus. J'essayais de crier, mais plus je me débattais, plus il me serrait et il me faisait mal."

Très vite, Coraline comprend la gravité de la situation. "Je me vois mourir et je leur demande alors : 'qu'est-ce que vous voulez ?'" Les voleurs sont venus l'agresser pour récupérer sa montre. Pour lui dérober ce bijou précieux, ils n'hésitent pas à lui asséner de nombreux coups. Aujourd'hui encore, le traumatisme hante Coraline. "Je pense qu'ils ne se rendent pas compte de ce qu'ils font, poursuit la créatrice de contenus. Ils détruisent une vie entière, ce n'est pas seulement un vol de montre ou un vol d'objet. Quelques semaines après ce qui est arrivé, j'ai fait une fausse couche."

Des délinquants dangereux et inexpérimentés

Coraline a porté plainte, mais ses agresseurs n'ont pas été retrouvés. Elle a été victime de "homejacking", un cambriolage violent réalisé en présence du ou des occupants du logement. Selon nos informations, 482 cas de violences de ce type ont été recensées en France en 2022. La majorité d'entre eux, 337, ont eu lieu dans l'agglomération parisienne. Ils sont de plus en plus violents. La semaine dernière, une nounou a été projetée au sol et rouée de coups dans le XVIe arrondissement de Paris. Elle s'est débattue pendant de longues minutes. Les voleurs ont dérobé une montre de luxe et sont, eux aussi, toujours en fuite.

Des personnalités sont également ciblées, comme en 2021, dans la maison de Dominique et Bernard Tapie. À l'époque, la diffusion des images des visages tuméfiés du couple a mis la lumière sur ce phénomène. Ils ont été battus durant plus d'une heure par les cambrioleurs. Ces voleurs agissent en équipe, à la manière d'un commando armé. Les profils de ces délinquants sont souvent très jeunes. "Ils peuvent avoir recours à une violence accrue, car ils ont l'impression de ne pas toujours maîtriser la situation, analyse le commissaire Guillaume Maniglier, chef adjoint de l'office central contre le crime organisé. Ils sont donc d'autant plus dangereux à cause de leur inexpérience."

La semaine dernière, une bande de jeunes a été interpellée, après avoir cambriolé et bâillonné une retraitée de 80 ans, dans le XVIe arrondissement de Paris. Si ces voyous ne sont pas majeurs, ce n'est pas par hasard, selon les spécialistes de la question. "Les commanditaires de ces 'homejacking' peuvent avoir comme stratégie d'envoyer des mineurs, indique Me Anna Caresche, qui défend plusieurs suspects dans des affaires de ce type. Ils sont informés que les mineurs ont un statut particulier en droit pénal, avec de moindres peines." Là où un mineur risque cinq ans d'incarcération pour une telle infraction, les majeurs encourent jusqu'à dix ans de prison. 


T.A. | Reportage TF1 : Maurine BAJAC, Séverine FORTIN et Alexandre TOCNY

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