"Tout était en vrac" : le fléau des squats et cambriolages de bateaux dans les ports de France

par V. F | Reportage TF1 : Amandine Creff et Marc Kouho
Publié le 18 mars 2024 à 21h59, mis à jour le 19 mars 2024 à 10h05

Source : TF1 Info

En 2023, les cambriolages ont augmenté de 3% en France, un phénomène auquel n'échappent pas les bateaux de plaisance lorsqu'ils sont à quai.
Pour prévenir ces larcins, d'importants moyens de surveillance sont déployés dans les ports.
Comme à La Rochelle, où s'est rendue une équipe du 20H de TF1.

Alain Destrac est encore sous le choc. Il y a quelques jours, ce plaisancier qui vit sur son bateau dans le Port de La Rochelle, est tombé nez à nez avec un squatteur alors qu'il s'était absenté. "Tout était en vrac. Et en fait, il était enfermé dans les toilettes", raconte-t-il dans le reportage du 20H de TF1 ci-dessus. 

Durant deux jours, l'homme d'une vingtaine d'années a pillé les réserves du bateau, notamment de l'alcool et de la nourriture, et a détérioré tout le mobilier. Facture totale : plus de 3000 euros. Un véritable traumatisme pour ce retraité. "Pendant trois jours, je suis parti coucher ailleurs, je ne pouvais pas. C'est dur. Même maintenant, j'ai du mal à refaire le parcours qu'il a fait", poursuit Alain.

C'est une propriété privée, on n'est pas les gardiens des bateaux
Cyril Lambertin, maître de port adjoint au service de sûreté du port de La Rochelle.

Il est vrai que le port de La Rochelle est une ville dans la ville avec plus de 5000 bateaux amarrés et autant de convoitises. Sur les images de vidéosurveillance de la capitainerie, on peut d'ailleurs voir la nuit de nombreuses intrusions et même des conducteurs qui forcent le passage dans ces zones réservées. Pour tenter d'y remédier, Guy Delgrange, agent portuaire, patrouille seul toute la nuit. En 2023, il a effectué 1000 interventions pour intrusions, vols ou dégradations. C'est 300 de plus que l'année précédente. "Quasiment à chaque fois qu'on travaille, on vire quelqu'un d'un ponton ou d'un bateau", assure-t-il.

La zone est si vaste, avec plus de 70 hectares à parcourir, qu'il est impossible d'être partout à la fois. "Il y a dix jours, on a eu un bateau qui a été fracturé, surtout pour voler de l'électronique, radars, GPS, tout ce qui aide à la navigation", explique-t-il. En plus de son travail d'inspection, plus de 60 caméras sont réparties sur les 100 bassins, mais aucune n'est dirigée vers les embarcations. "On n'a pas le droit de filmer les pontons, on n'a pas le droit de filmer les bateaux, c'est interdit. C'est une propriété privée, on n'est pas les gardiens des bateaux. On est les gardiens de nos infrastructures, mais par contre, on ne peut pas surveiller tous les bateaux qu'on a au port de plaisance. C'est impossible, il y en a trop", admet Cyril Lambertin, maître de port adjoint. 

À Paris, des quais (trop) faciles d'accès

Autre difficulté, la plupart des bateaux ne sont utilisés que quelques jours par an. Il s'écoule donc parfois plusieurs mois entre les faits et leurs constatations, ce qui complique le travail des enquêteurs. "C'est très important pour les services de police d'avoir un dépôt de plainte qui est rapide. À la fois pour avoir des interventions des équipes de police scientifique pour exploiter les traces et indices qui avec le temps peuvent disparaitre et d'autre part, pour pouvoir rapidement effectuer des recoupements concernant les faits et les auteurs", avance Anthony Touzet, directeur adjoint de la police nationale de La Rochelle. Pour mieux contrôler les accès, la capitainerie innove cette année avec de nouveaux portails. Elle a par ailleurs investi 15.000 euros dans une dizaine de caméras bientôt opérationnelles. 

À Paris aussi, les plaisanciers ne dorment pas tranquilles, comme au port de l'Arsenal, au pied de la Bastille, où sont amarrés 180 bateaux et péniches. Les quais sont faciles d'accès et les cambrioleurs l'ont bien compris. Marc Finot, plaisancier, en a fait les frais. "La porte était entrouverte et donc j'ai tout de suite compris que j'avais été visité. J'ai perdu environ 1500 euros de matériels : téléphone, télévision et ordinateur", détaille-t-il.

Son voisin, Guillaume Cefelman, se plaint, lui, des visites nocturnes. "Ça m'est arrivé, en pleine nuit, d'avoir des gens qui montaient sur le bateau, de sortir et de leur dire : 'ben non, vous n'avez rien à faire ici'", dit-il. Les usagers du port aimeraient voir l'accès aux quais fermé la nuit, mais leur demande a été rejetée par la Ville de Paris. 


V. F | Reportage TF1 : Amandine Creff et Marc Kouho

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