La tempête Ciarán a balayé le nord-ouest de la France mercredi et jeudi.Les rafales se sont accompagnées d'une multitude de fausses informations sur les réseaux sociaux.Nous avons démêlé le vrai du faux.
Alors que la tempête Ciarán balayait le nord-ouest de la France, une vague de publications a déferlé sur les réseaux sociaux. Depuis jeudi, de nombreux internautes ont ainsi partagé leurs analyses sur l'intensité de la tempête qui a provoqué des rafales atteignant jusqu'à 207 km/h sur les côtes bretonnes, tandis que d'autres ont diffusé des vidéos spectaculaires des dégâts causés par les intempéries. Si bien que le sujet était parmi les plus discutés sur les réseaux sociaux. Mais parmi ces très nombreux messages, plusieurs fausses informations se sont glissées.
La "tempête du siècle" ? Pas vraiment
Rarement la France n'a été secouée de la sorte. De là à faire de Ciarán la "tempête du siècle" ? Pour le savoir, il faut prendre en compte deux critères : l'étendue géographique de l'événement météorologique et l'intensité des vents. Concernant le premier indicateur, la tempête n'a frappé qu'une petite partie du territoire, à savoir la Bretagne et la Manche. Or, il y a 24 ans, en 1999, deux autres tempêtes avaient déferlé sur l'ensemble de l'Hexagone : les tempêtes Lothar et Martin, ravageant le pays l'une après l'autre.
Quant au deuxième critère, là aussi, la France a connu pire. Pour la tempête Ciarán, les vents ont soufflé jusqu'à 207 km/h en Bretagne, très précisément sur la Pointe du Raz. C'est moins que pour "l'ouragan de 1987". À cette époque, les vents soufflant jusqu'à 216 km/h avaient laissé derrière eux des paysages de guerre. Finalement, au classement des 40 plus grandes tempêtes de France enregistrées depuis le début des relevés en 1980, Ciarán n'arrive qu'en 29ᵉ position.
Si elle n'est pas la plus forte, est-elle le fruit du réchauffement climatique ? Pas vraiment. Comme le relève Matthieu Sorel, climatologue chez Météo-France, le service météorologique n'a identifié "ni plus, ni moins de tempêtes qu’au début du siècle". Une observation qui est d'ailleurs démontrée par le recensement par l'agence officielle de la météorologie de l'ensemble des tempêtes enregistrées chaque année depuis 1980, qui ne prouve aucune hausse de leur fréquence. Toutefois, si "le réchauffement climatique n'influe ni sur la trajectoire, ni sur l'intensité des vents, ni sur leur nombre", comme le résume Serge Zaka, docteur en agrométéorologie, cela n'écarte pas totalement le lien avec le réchauffement climatique. Comme nous vous l'expliquions ici, ce phénomène amplifie l'intensité des pluies associées et donc des dégâts, notamment avec des inondations en milieu urbain et la hausse du niveau marin avec ses répercussions sur le littoral.
Des images décontextualisées pour le buzz
Et des dégâts, la tempête Ciarán en a fait, comme le montrent les nombreuses images envoyées par les téléspectateurs à TF1. De là à briser une éolienne, comme le montre cette vidéo dans laquelle les pales du moulin tournent à toute vitesse sous l'effet des rafales avant d'exploser ? Vue plus de deux millions de fois sur TikTok et publiée par un internaute qui promet des "exclus incroyables" venues de Bretagne, la séquence remonte en réalité en 2008 et a été prise au Danemark. À cette époque, deux incidents similaires avaient touché des éoliennes du groupe Vestas au passage de vents violents, précisait la presse danoise.
Si elle n'a brisé aucune éolienne, la tempête a déraciné de très nombreux arbres, provoquant même un drame. Un chauffeur routier a ainsi été tué dans l'Aisne après la chute d'un arbre sur son camion. Selon une autre vidéo, une autre chute aurait également endommagé un immeuble au Havre, faisant plusieurs victimes. Là aussi, la photo n'est pas récente, elle remonte au 17 juin 2021. Un arbre d'une vingtaine de mètres s'était effondré sur un immeuble du Val-d'Oise après de violents orages, ne faisant aucun blessé.
Quant au bilan de la tempête, il fait pour le moment état de trois morts et de quatre blessés en France. Un bilan qui aurait pu être bien plus dramatique, selon l'internaute qui partage la vidéo d'un parking submergé soudainement par une vague spectaculaire. "Un enfant manque de se faire emporter, ça craint", lit-on en commentaire des images de cette vague. Sauf que la séquence n'a pas été prise en France, mais en Afrique du Sud, à l'embouchure de la rivière Storms, en septembre dernier.
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