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En vue des JO 2024, les SDF sont-ils évacués de Paris ?

Publié le 11 juin 2023 à 12h33

Source : Sujet TF1 Info

L’État ouvre des centres d’accueil provisoires en région pour mieux répartir les sans-abri et demandeurs d’asile sur le territoire, en provenance de Paris.
Certains y voient un lien avec l’organisation prochaine des Jeux olympiques dans la capitale en 2024.

3600 places ont été identifiées un peu partout en France pour pouvoir accueillir des sans-abri, des réfugiés ou des demandeurs d’asile arrivés de Paris. Dans le cadre d’un plan lancé en avril avec des associations, l’État cherche à désengorger la région parisienne, qui compte la moitié des 205.000 places d’hébergement d’urgence du pays. Mais les autorités sont soupçonnées de chercher à cacher la misère à l’approche des Jeux olympiques, prévus l’été prochain à Paris. Et de vider l’Ile-de-France de ses SDF. Depuis fin mai, la polémique enfle et le ministère du Logement se défend de toute anticipation de l’événement sportif. Faisons le point.

670 personnes mises à l'abri depuis avril

D’abord, ce plan consiste à ouvrir dix centres d’accueil temporaires, aussi appelés SAS, dans chacune des régions françaises, à l’exception des Hauts-de-France et de la Corse. Chaque SAS dispose de 50 places, sous la houlette d'une association ayant répondu à l’appel à projet de l’État. À titre d'exemple, l’association Aurore se charge de la Bretagne. Chaque personne "volontaire" peut ainsi quitter Paris et bénéficier d’une place dans un SAS pour une durée maximale de trois semaines, le temps de trouver une solution adaptée à sa situation. "Le but est de leur proposer un hébergement pérenne et une insertion professionnelle", indique à TF1info le ministère du Logement. Dans le cas des étrangers, les demandeurs d’asile sont redirigés vers le dispositif national d’accueil - soit 20% des personnes déplacées en région - et ceux en situation irrégulière, vers le dispositif de préparation au retour. 

Entre début avril et le 7 juin, "670 personnes ont été mises à l’abri", selon le ministère. Parmi elles, "454 personnes sont ressorties avec une solution d’hébergement et une seule est sortie sans solution". Les autres sont encore hébergées dans des SAS, précise le ministère, qui réfute vouloir vider Paris de ses sans-abri pour accueillir les visiteurs du monde entier en juillet 2024. "Nous restons avec 100.000 places d’hébergement d’urgence en Ile-de-France", est-il rappelé. D’après les autorités, la genèse du dispositif remonte à l’hiver dernier, lorsque les associations plaidaient en faveur d’un accompagnement des SDF vers des zones moins tendues. Des demandes répétées et transformées en mai en "Observatoire du sans-abrisme", où ces SAS auraient été imaginés.

"Les JO n'ont jamais été évoqués"

L’association Aurore, qui a répondu à l’appel à projet, ne voit pas non plus "de lien de cause à effet entre les JO et la création de places". Et souligne qu'elle travaille depuis une dizaine d’années à "la possibilité de proposer à des personnes pas logées ou mal logées de s’installer en province". La mise en œuvre aujourd’hui de ce projet, ayant seulement connu jusqu'ici une expérimentation à Aurillac, ne serait qu’un hasard du calendrier. "Pour l’État, c’est une autre façon d’aborder la problématique du sans-abrisme. Ça fait partie d’une dynamique qui existe depuis longtemps", appuie l’association. 

D’une manière générale, ce dispositif est accueilli positivement par les associations. Même si la Fondation Abbé Pierre, qui travaille avec l’État sur le projet, s’était dite étonnée dans L’Obs "de la concordance de l’arrivée des Jeux olympiques et d’un programme qui vise à envoyer les migrants en province". Contactée, elle n’était pas revenue vers nous au moment de la parution de cet article. L’Armée du Salut, qui participe indirectement aux opérations en accueillant dans le Sud-Ouest des personnes venues d’Ile-de-France, explique simplement que lors de ses échanges avec les pouvoirs publics, "les JO n’ont jamais été évoqués". 

En revanche, l'association Utopia 56 se dit plus méfiante sur les raisons ayant poussé l’État à lancer ce plan. "En vue des JO, il n’y a plus de campements dans Paris. Et c’est bien le message envoyé aux associations : il faut que ces campements disparaissent", soupire Yann Manzi, le fondateur de l'association venant en aide aux réfugiés. Lui perçoit une relation "de cause à effet" entre ces événements. Si Utopia 56 n’a quasiment plus de contact avec les autorités, elle espère pouvoir mettre à l’abri les 500 jeunes isolés et hébergés dans une école désaffectée du 16e arrondissement de Paris, quitte à ce qu'ils bénéficient du dispositif mis en place. 

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Caroline QUEVRAIN

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