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Face aux Françaises : nous avons vérifié 8 déclarations des candidat(e)s

Les Vérificateurs
Publié le 8 mars 2022 à 7h43, mis à jour le 8 mars 2022 à 16h12

Source : TF1 Info

Invités de l'émission #FaceauxFrancaises sur LCI, 8 prétendants à la présidentielle se sont succédé lundi soir afin d'évoquer les droits des femmes.
L'équipe des Vérificateurs était présente en coulisses pour écouter les affirmations des candidats et détecter le vrai du faux.

À la veille de la journée internationale des droits des femmes, 8 candidates et candidats à l'Élysée ont répondu à l'invitation de LCI et du magazine Elle. D'Emmanuel Macron à Fabien Roussel, en passant par Yannick Jadot ou Valérie Pécresse, les candidats ont présenté les grandes lignes de leurs projets autour de thématiques telles que les inégalités salariales, les violences sexuelles et sexistes, ou le respect de la parité. Un "grand oral" individuel d'une vingtaine de minutes pour chaque candidat, écouté avec attention par l'équipe des Vérificateurs. 

Marine Le Pen : "13 départements" sont-ils dépourvus de gynécologues en France ?  

Interrogée sur les déserts médicaux, Marine Le Pen a regretté que "13 départements" en France ne possèdent aucun gynécologue. S’il existe bel et bien un déficit en matière d'accès aux soins en milieu rural, et notamment pour les femmes, ce chiffre cité par la candidate est trompeur. S’il y a bien 13 départements sans aucun "gynécologue médical", comme le relevait un récent rapport sur les femmes et la ruralité, cela ne signifie pas pour autant que ces départements sont dépourvus de tout gynécologue. 

La candidate a en effet fait un amalgame entre la gynécologie médicale, concernée par cette pénurie, et la gynécologie obstétrique. Or, si la première spécialité a disparu de certains territoires, ce n’est pas en lien avec les déserts médicaux, mais parce que la France a cessé de former cette catégorie de médecins pendant près deux décennies. Un choix qui consistait à s'aligner sur les autres pays Européens qui, eux, ne reconnaissent pas ce diplôme. C'est ce qui justifie la perte de 52,5% des gynécologues médicaux. Cette spécificité française a finalement été rétablie en 2003.  

Jadot : des policiers plus souvent dans les bureaux que dans la rue ?

Afin de lutter contre le harcèlement de rue, Yannick Jadot plaide pour une "verbalisation forte" de ces délits. Pour y arriver, il est essentiel "qu’on ait plus de policiers et de policières dans la rue", a souligné le candidat EELV, regrettant que "trop souvent, nos policiers sont dans des taches autres dans les commissariats, et ils ne sont pas dans la rue". 

Sur ce point, la Cour des comptes lui donne raison. Elle a d’ailleurs épinglé la Police nationale dans un rapport publié en novembre dernier, un document qui mettait en avant la "baisse continue de la présence des effectifs de la police sur le terrain depuis dix ans", comme le montre le graphique qui suit. Ainsi, en 2020, le taux d’engagement des effectifs présents sur le terrain était de 37%, contre 39,5 en 2012.

Évolution du taux d'engagement des effectifs sur le terrain depuis 2011, selon la Cour des comptes
Évolution du taux d'engagement des effectifs sur le terrain depuis 2011, selon la Cour des comptes - Cour des comptes

Mélenchon : "60% des salariées au Smic" sont-elles des femmes ? 

Évoquant les différences de salaire entre femmes et hommes, Jean-Luc Mélenchon a tenu à rappeler que "60% des personnes payées au Smic" sont des femmes. C'est vrai, bien qu'il s'agisse de données qui ne sont pas récentes. On retrouve ce chiffre dans la dernière enquête de la Dares sur la question, publiée en mars 2016. Très précisément, on lit qu’en 2013, 62,4% des salariés rémunérés sur la base du Smic étaient des femmes. Elles étaient donc surreprésentées, puisqu’elles ne représentaient que 40% de l'ensemble des salariés.

Pécresse : a-t-on besoin de 30.000 places de crèches en plus aujourd’hui ? 

"Il nous faudrait au moins 30.000 places de crèches en plus aujourd’hui", a estimé Valérie Pécresse à son passage, reprenant à son compte une promesse d’Emmanuel Macron lors de sa campagne en 2017. En réalité, pour répondre aux besoins des 2,4 millions d’enfants de moins de trois ans en France, ce ne sont pas 30.000 places, mais au moins 230.000 places supplémentaires en crèches qui devraient être créées, selon le Haut Conseil de la famille, de l'enfance et de l'âge. Pour rappel, actuellement, 40% des enfants de moins de 3 ans n’ont pas de mode de garde formel, d’après les chiffres de la Caisse d'allocations familiales pour 2021.

Macron : plus de 5000 délits d'outrage sexiste ont-ils été punis depuis 2018 ?

"On a créé un délit d'outrage sexiste", s'est félicité Emmanuel Macron, ajoutant que "plus de 5000" cas ont donné lieu à des sanctions durant son mandat. Selon les données du ministère de l'Intérieur, depuis son adoption en 2018, 4700 infractions pour outrage sexiste ont été comptabilisées, dont 2175 en 2021. Pour autant, un tel chiffre peut paraître dérisoire au regard de l'ampleur du phénomène. Notamment si l'on se penche sur les alertes formulées par le site internet "Paye ta shnek". Celui-ci a recueilli à lui seul plus de 15.000 témoignages en six années d'existence, laissant entrevoir l'ampleur du problème. Par ailleurs, une enquête diligentée par l'institut Ipsos de 2020 mettait en avant que "81% des femmes en France avait déjà été victimes de harcèlement sexuel dans les lieux publics."

Zemmour : l'écart salarial entre femmes et hommes est-il de "de 5%" ? 

Il a (presque) changé de discours. Celui qui, en novembre dernier, expliquait qu’il n'y avait "vraiment aucun écart de salaire entre femmes et hommes", reconnaît désormais que ce phénomène existe. Mais préfère en atténuer l’ampleur. Selon Eric Zemmour, l’égalité des salaires entre les deux sexes avance étant donné que, désormais "à travail égal et à poste équivalent", l'écart salarial n’est plus que de 5%. C'est vrai, selon les données de l'Insee

Tandis qu’il y a 23,7% de différences de salaires nets entre les hommes et les femmes quel que soit le temps de travail, ce taux tombe à 18,4% sur l’ensemble des contrats à temps plein et à 9% pour les salaires à temps de travail égal et à compétence égale. Et chute à 5% si l’on ne compare que les salaires à temps de travail égal et à poste équivalent.  

Cependant, retirer ces deux facteurs de l’équation est trompeur tant ils influencent la rémunération. Comme nous vous l’expliquions ici, le choix du métier et le temps travaillé font partie du problème de l’écart salarial. Contrairement à ce qu'a affirmé le candidat sur notre antenne, il est faux de penser que le temps partiel est nécessairement "choisi" par les salariées. L'Insee relevait en effet en juillet 2020 que les femmes représentent 80% des travailleurs à temps partiel. Une situation liée à la structure familiale puisque, chez elles, l’utilisation du temps partiel augmente "avec le nombre d'enfants à charge, et ce, d'autant plus qu'ils sont jeunes". Un facteur qui, à l'inverse, n'a que "peu d'influence sur le travail à temps partiel masculin".  

Hidalgo : 85% des familles monoparentales sont-elles composées de femmes ? 

Proposant lors de son passage la création d'une "carte pour les familles monoparentales", Anne Hidalgo a souligné que "85% d'entre elles sont pilotées par des femmes". C'est vrai, selon les données de l'Insee. En 2020, "18% des familles monoparentales" étaient composées "de pères résidant avec leurs enfants", relevait l'institut dans son dernier rapport sur le sujet publié en septembre. Soit 82% de familles composées a contrario par des femmes. Ceci dit, la précédente étude de l'Insee sur le sujet, publiée en 2020 à partir des chiffres de 2018, évoquait plutôt le chiffre de 85%, cité par Anne Hidalgo lors de l'émission. 

Roussel : seulement "600 pédopsychiatres" dans toute la France ?

Candidat du Parti communiste, Fabien Roussel a regretté qu'il n'y ait aujourd’hui que 600 pédopsychiatres en activité "dans toute la France". C'est bel et bien le chiffre mentionné par l'ensemble des pédopsychiatres hospitalo-universitaires français, dans une tribune du Monde en avril 2021.  

En réalité, il apparaît que ces spécialistes seraient plus nombreux à exercer. C'est en tout cas ce que suggérait la Défenseure des Droits, dans un rapport de 2021 consacré à la santé mentale des enfants. Si elle souligne qu'"il est impossible de les dénombrer exactement", elle estime que l'on recense "entre 800 et 2.500 pédopsychiatres" en France. Et d'ajouter que "sur 15.000 psychiatres, 15 à 30% assurent des consultations pour les enfants et adolescents". Cela dit, le recul du nombre de professionnels est criant, note la Défenseure des droits : "Le nombre de médecins déclarant posséder un savoir-faire en pédopsychiatrie recule rapidement (de 7% de 2012 à 2015) et l’âge moyen des pédopsychiatres est très élevé (62 ans en 2015)".

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