VIDÉO - Réchauffement climatique : bientôt la première cuvée de Chardonnay... des Hauts-de-France

V. Fauroux | Reportage vidéo Sébastien Hembert et Thierry Chartier
Publié le 29 septembre 2022 à 17h44

Source : JT 13h Semaine

Boira-t-on bientôt un bon Hauts-de-France plutôt qu'un Bordeaux ou un Bourgogne ?
Avec le réchauffement climatique, la vigne est devenue une plante adaptée à ces latitudes.
Et à l'heure des vendanges, la première cuvée de Chardonnay de la région, dont les bouteilles seront vendues cet été, semble plutôt prometteuse.

Le petit village de Quiéry-la-Motte (Pas-de-Calais), à quelques kilomètres de Douai, a bien du mal à le croire : ce jeudi matin, on vendange sur ces terres du nord où quelques pieds de raisin blanc poussaient déjà sur les terrils, mais de façon marginale. Là, on parle désormais de 4 hectares de vignes et la main-d'œuvre vient de tous les villages voisins. Une dizaine de vendangeurs donnent des coups rythmés de sécateur, et remplissent délicatement les caisses de grappes vert clair. "C'est une première ; on ne s'attendait pas forcément à voir un jour des vignes ici", s'étonne l'un d'eux dans la vidéo du JT de TF1 ci-dessus. "Il y a beaucoup de raisins en plus pour une première récolte. On a l'impression que le nord devient le sud", renchérit un autre. 

Avec le changement climatique, qui apporte "plus de lumière" et provoque une hausse des températures "bénéfique à la maturité des raisins", la vigne est devenue une plante adaptée à ces latitudes, souligne Xavier Harlé, directeur général de Ternoveo, une société de négoce agricole. Il faut dire que dans le nord, le soleil brille de plus en plus. Laurent Sellié, agriculteur depuis 25 ans, en sait quelque chose. Jusqu'à maintenant, il cultivait des betteraves, du blé ou des céréales. Mais depuis deux ans, il est aussi devenu vigneron. "Cette terre, si je mettais des légumes, les printemps étant de plus en plus chauds et secs, si on n'a pas l'irrigation, c'est presque impossible maintenant. Alors que la vigne, la première année, c'est l'implantation, c'est un peu délicat, mais après, c'est terminé : elle est implantée à 2,50 mètres de profondeur, il n'y a plus aucun risque de sécheresse", explique-t-il.

Créer une filière viticole d'ici à cinq ans

Comme dix autres producteurs disséminés dans la Somme, le Nord, l'Aisne et le Pas-de-Calais, Laurent Sellié a planté ses 20.000 pieds de vigne au printemps 2020, accompagné par Ternoveo, dont l'ambition est de créer d'ici à cinq ans une filière viticole sur 200 hectares dans les Hauts-de-France. Elle a fourni à l'exploitant, "qui n'aurait pas pu se lancer seul", une expertise technique, une formation "pour se transformer en vigneron", et des intrants agricoles (engrais, pesticides) adaptés à la culture du raisin. 

Ternoveo va désormais lui acheter son raisin gorgé de sucre, et le transformer en vin dans son chai de la Somme. "On n'ira pas jusqu'à dire que le réchauffement climatique est un avantage, loin s'en faut. Par contre, on va essayer de transformer nos inconvénients en opportunité. Et donc, grâce à ces modifications de température et d'ensoleillement, on peut mettre de la vigne de manière commerciale dans les Hauts-de-France", explique Xavier Harlé. 

Après le pressage et la fermentation, ces grappes permettront de confectionner la première cuvée de Chardonnay de la région, dont les bouteilles seront vendues cet été, estampillées "Hauts-de-France".


V. Fauroux | Reportage vidéo Sébastien Hembert et Thierry Chartier

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