Bordeaux : pourquoi les viticulteurs veulent arracher leurs vignes

V. F | Reportage vidéo : Stacy Petit, Yaël Chambon
Publié le 6 décembre 2022 à 17h16

Source : JT 13h Semaine

Plusieurs centaines de vignerons ont défilé ce mardi dans les rues de Bordeaux.
Ils réclament un plan d'urgence pour arracher leurs vignes.
On vous explique.

Le Bordelais, le plus grand vignoble AOC de France, avec ses 110.000 hectares cultivés dont 85% en rouge, est en plein marasme. Ce mardi matin, plusieurs centaines de vignerons sont venus de toute la Gironde pour faire entendre leurs inquiétudes dans les rues de Bordeaux. "Viticulture abandonnée, misère dans le Bordelais", "1.000 viticulteurs en moins = 10.000 chômeurs en plus", "Boire un canon, c'est sauver un vigneron", pouvait-on lire sur les pancartes des manifestants, accompagnés de nombreux élus et parlementaires locaux, dont ceux de la majorité.

"On est en train de manger tout le capital familial et on finira clochards, certainement", lance, laconique, l'un de ces manifestants dans la vidéo du 13H de TF1 en tête de cet article. "Financièrement, on n'en peut plus. On n'arrive pas à suivre. Et du coup, moi, je vais être obligée d'arrêter", confie de son côté Frédérique, une exploitante. S'arrêter alors que l'exploitation est passée de génération en génération, c'est trop pour cette jeune femme qui ne lèguera sans doute pas ses 73 hectares à ses filles. "C'est la fin, on est au bout", conclut un autre manifestant. 

Une prime de 10.000 euros par hectare

Il faut dire que depuis quelques années, le vin bordelais est en déclin, car les consommateurs en achètent moins. Résultat, on produit trop. "On ne vend plus du tout notre produit. Ce dernier, depuis vingt ans, est complétement dévalué puisqu'on le vend à 50% de son coût de revient, donc on n'a même pas un centime de bénéfice dessus", explique un viticulteur. La solution envisagée par le collectif organisateur de la manifestation : arracher au moins 15.000 hectares de vignes, avec une prime de 10.000 euros par hectare. De quoi réinvestir dans une autre culture, prendre sa retraite, ou tout simplement arrêter. 

Un crève-cœur pour Guillaume Yon, viticulteur installé depuis 2014 dans l'est de la Gironde. "Si je n'ai pas le choix, j'arracherai mes vignes, mais je voudrais arriver à continuer et arriver à en vivre. Les gens qui ne peuvent pas continuer à cultiver leurs vignes et qui n'ont pas d'autres solutions que d'arracher les vignes, permettront aussi d'aider les futures générations dans le milieu viticole de Bordeaux, parce que ça va permettre de réguler le marché", assure-t-il. 

Mais le CIVB, l'interprofession locale, défend, elle, un objectif d'arrachage moins élevé, autour de 10.000 hectares, et porte avec les pouvoirs publics une solution d'arrachage conditionnée à une reconversion agricole, dont la plupart ne veulent pas entendre parler. La filière viticole emploie plus de 50.000 salariés dans tout le département.


V. F | Reportage vidéo : Stacy Petit, Yaël Chambon

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