Grippe aviaire : l'OMS craint que le virus ne s'adapte pour "infecter plus facilement" les humains

par V. F
Publié le 12 juillet 2023 à 23h33

Source : JT 20h WE

La multiplication des cas de grippe aviaire chez les mammifères fait craindre le pire à l'Organisation mondiale de la santé.
Elle redoute notamment que cela n'aide le virus à se propager "plus facilement" à l'espèce humaine.

Et si la grippe aviaire était notre prochain ennemi à combattre ? L'Organisation mondiale de la santé a en tout cas exprimé ce mercredi ses craintes face à la multiplication des cas de grippe aviaire chez les mammifères. "Les virus de la grippe aviaire se propagent normalement parmi les oiseaux, mais le nombre croissant de cas de grippe aviaire H5N1 détectés chez les mammifères – qui sont biologiquement plus proches des humains que les oiseaux – fait craindre que le virus ne s'adapte pour infecter plus facilement les humains", a-t-elle indiqué dans un communiqué.

Dans cette mise en garde - également signée par l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et l'Organisation mondiale de la santé animale (OMSA), les organisations appellent les pays à collaborer "afin de sauver le plus grand nombre d'animaux possible et de protéger les populations".

Il y a eu un récent changement de paradigme dans l'écologie et l'épidémiologie de la grippe aviaire, ce qui a renforcé les inquiétudes au niveau mondial
Dr Gregorio Torres, chef du service scientifique de l'OMSA

Depuis son apparition, en 1996, le virus de la grippe aviaire H5N1 entraînait des épizooties essentiellement saisonnières. Mais, selon l'OMS, depuis 2020, un variant de ce type de virus a entraîné un nombre sans précédent de décès parmi les oiseaux sauvages et les volailles dans de nombreux pays d'Afrique, d'Asie et d'Europe. En 2021, le virus s'est propagé à l'Amérique du Nord et, en 2022, à l'Amérique centrale et à l'Amérique du Sud. Ces épizooties sont synonymes de morts massives d'oiseaux sauvages et d'abattage de dizaines de millions de volailles. 

"Il y a eu un récent changement de paradigme dans l'écologie et l'épidémiologie de la grippe aviaire, ce qui a renforcé les inquiétudes au niveau mondial", décrypte le Dr Gregorio Torres, chef du service scientifique de l'OMSA, dans le communiqué mercredi. Il relève ainsi que la maladie s'est propagée à de nouvelles régions et a provoqué une mortalité inhabituelle des oiseaux sauvages, ainsi "qu'une augmentation alarmante du nombre de cas chez les mammifères".

"Réservoirs de mélange"

Les trois organisations s'inquiètent également du fait que certains mammifères pourraient servir de "réservoirs de mélange" pour les virus de la grippe, ce qui entraînerait l'émergence de nouveaux virus qui pourraient être encore plus dangereux pour les animaux et les êtres humains. Récemment, de plus en plus de rapports font état d'épidémies mortelles chez les mammifères, indiquent-elles. Depuis 2022, 10 pays répartis sur trois continents ont signalé à l'OMSA des épidémies chez les mammifères marins et terrestres. Cependant, les organisations jugent probable que des foyers n'ont pas encore été détectés ou signalés dans d'autres pays. 

La grippe aviaire a pour l'instant été détectée chez au moins 26 espèces de mammifères, notamment des visons d'élevage et des phoques, mais aussi chez des animaux domestiques tels que des chats et des chiens. Selon l'OMS, les infections humaines peuvent provoquer une maladie grave avec un taux de mortalité élevé. Les cas humains détectés jusqu'à présent sont principalement la conséquence de contacts étroits avec des oiseaux infectés ou avec des environnements contaminés.

"D'après les informations disponibles jusqu'à présent, le virus ne semble pas pouvoir se transmettre facilement d'une personne à l'autre, mais il faut rester vigilant pour identifier toute évolution du virus qui pourrait changer cela", signale la Dr Sylvie Briand, à la tête de la préparation et prévention aux épidémies et pandémies à l'OMS.

"Nous encourageons tous les pays à améliorer leur capacité à surveiller ces virus et à détecter tout cas humain. C'est d'autant plus important que le virus touche maintenant des pays qui ont une expérience limitée en matière de surveillance de la grippe aviaire", poursuit-elle.


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