Méningites : un "rebond sans précédent" en France après l'épidémie de Covid-19

par T.A. avec AFP
Publié le 15 novembre 2023 à 16h35

Source : Sujet TF1 Info

Le nombre de méningites à méningocoques, potentiellement mortelles, a augmenté en flèche depuis la diminution des gestes barrières liés à l'épidémie de Covid-19.
Entre janvier et septembre 2023, l'institut Pasteur a recensé une hausse de 36% des cas.
Les spécialistes appellent à élargir la vaccination.

Un "rebond sans précédent" après l'arrêt des mesures sanitaires contre le Covid-19. Le nombre de cas de méningites à méningocoques, une forme de méningite d'origine bactérienne et potentiellement mortelle, a beaucoup augmenté depuis la fin des restrictions liées à l'épidémie de coronavirus. 421 cas ont déjà été répertoriés entre janvier et septembre 2023, soit une augmentation de 36% par rapport à la dernière année pré-Covid, en 2019. Et ce, "alors même que le pic hivernal n’a pas encore eu lieu", pointe l'institut Pasteur dans un rapport.

La transmission de la méningite à méningocoques se fait de personne à personne, par contact étroit et prolongé. Environ une personne sur dix dans la population générale – mais un adolescent sur trois – est porteuse de méningocoques, sans qu'aucun symptôme de la maladie ne se déclare. Il arrive néanmoins qu’après avoir infecté les voies respiratoires, les méningocoques se propagent dans l'organisme via la circulation sanguine. De nombreux symptômes peuvent alors apparaître, voire entraîner la mort, dans les cas les plus foudroyants. Correctement traitée, la mortalité de la maladie reste de 10%.

Une stratégie vaccinale à revoir, selon les spécialistes

Pendant la pandémie de Covid-19, le nombre de cas de méningites à méningocoques avait pourtant fortement diminué (-75% entre 2020 et 2021), grâce aux mesures barrières mises en place durant l'épidémie. Les niveaux très élevés et "jamais atteints" en ce qui concerne cette maladie peuvent s'expliquer par deux raisons, selon l'institut Pasteur. 

Les chercheurs évoquent d'abord une baisse de l’immunité générale provoquée par la baisse de la circulation des souches. "Il s’avère que les plus touchées par cette nouvelle vague de méningites sont les jeunes de 16 à 24 ans", note ainsi Ala-Eddine Deghmane, co-auteur d'une étude sur la question et cité par l'Institut Pasteur. Autre facteur mis en avant : la baisse de la vaccination, qui a chuté de 20% pour la vaccination contre le méningocoque C lors du premier confinement, par exemple. 

Face à ce constat, les spécialistes appellent à renforcer la stratégie vaccinale contre cette maladie. Ils recommandent notamment d'élargir l'obligation vaccinale aux adolescents un vaccin ciblant différents méningocoques. Aujourd’hui en France, seule la vaccination contre le méningocoque de groupe C est obligatoire depuis 2018. La vaccination contre le méningocoque B est, elle, simplement recommandée chez les nourrissons, depuis 2022.

La recrudescence de la méningite pourrait s’amplifier dans les prochains mois. En cause ? L'épidémie de grippe saisonnière, qui risque de créer un "contexte favorable au développement des bactéries méningocoques", notamment à cause de l'augmentation de la circulation et l'exposition aux pathogènes respiratoires.


T.A. avec AFP

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