VIDÉO - En choisissant de se déconventionner, ce médecin est passé de 40 à 25 patients par jour

par Hamza HIZZIR | Reportage TF1 Manon Debut, François-Xavier Ménage, Bora Agirbas
Publié le 18 décembre 2023 à 17h19, mis à jour le 18 décembre 2023 à 17h51

Source : JT 13h Semaine

Environ 3.000 généralistes se disent prêts à se "déconventionner", c’est-à-dire fixer librement leurs tarifs, tandis que le patient n'est plus remboursé par l'Assurance maladie.
Qu'est-ce que cela change concrètement ?
TF1 a rencontré deux professionnels qui ont franchi le pas.

Les médecins généralistes restent vent debout contre le gouvernement. Au mois d’octobre, à l’appel des six syndicats représentatifs, la profession a entamé un mouvement de grève d’une proportion inédite, car suivi par les deux tiers des praticiens libéraux. En cause : l’échec des négociations tarifaires avec l’Assurance maladie. Le 1ᵉʳ novembre est entrée en vigueur une revalorisation de 1,50 euro de la consultation de base (pour atteindre 26,50 euros) jugée "largement insuffisante" et même qualifiée de "mépris politique". En conséquence de quoi, 3.000 généralistes envisagent de ne plus adhérer à la convention médicale. Ils sont même près de 900 à avoir déjà franchi le pas sur l'ensemble du territoire français.

Concrètement, se "déconventionner" signifie que le médecin peut pratiquer ses tarifs librement mais que le patient, en contrepartie, ne sera remboursé que de 0,61 euro (contre 16,50 euros chez un praticien conventionné) par la Sécurité sociale. TF1 s’est rendu ce lundi à Cambrai (Nord), dans le cabinet, non conventionné, du docteur Lerouge. On y retrouve Michel, un retraité qui a pris rendez-vous pour ses problèmes de hanche. La consultation lui coûte 50 euros, deux fois plus que le tarif de base. "Le médecin que je voyais avant enchaînait, donc c’était assez compliqué. Là, le docteur Lerouge prend son temps. On a la possibilité d’exposer toutes ses problématiques", constate le patient.

En se déconventionnant, le docteur Lerouge est passé de 40 patients par jour il y a encore quelques mois, à 25 aujourd'hui. "Ça me permet d’augmenter le temps de consultation de 15 à 20 minutes, détaille le médecin. Et cinq minutes, ce n’est pas anodin. Si besoin, je peux maintenant allonger le patient sur la table d’examen ou le faire se déshabiller, avec beaucoup moins de stress parce que du coup, il y a beaucoup moins de monde qui attend son tour en salle d’attente derrière." Il choisit désormais ses tarifs entre 30 et 50 euros la consultation, en les adaptant en fonction du budget de ses patients.

Le docteur Paliard affirme lui aussi avoir retrouvé un rythme de vie décent depuis qu'il n'est plus conventionné. "J'ai eu des problèmes de santé parce que physiquement, je ne tenais plus. Je travaillais 70 heures par semaine, c'était infernal. J'ai fait une sciatique paralysante, je me suis retrouvé au fond d'un lit d'hôpital et je me suis dit 'il faut arrêter les conneries'", témoigne-t-il dans cet autre reportage de TF1, diffusé en mars dernier. À présent, ses consultations coûtent 55 euros et durent 30 minutes, "parfois un petit peu moins, souvent un petit peu plus", sourit-il. Avant de préciser : "Dans mon précédent cabinet, j'étais à quasiment 2.000 patients en médecin traitant, ce qui était une très grosse activité. Et aujourd'hui, je suis à 300 ou 400."

La qualité au détriment de la quantité, en somme. Autre avantage de la déconvention : avec ce système, la prise de rendez-vous est très rapide, alors qu’aujourd'hui, il faudrait en moyenne six jours pour obtenir un créneau. Mais au fait, un généraliste émargeant en moyenne à 7.640 euros net par mois selon la Caisse primaire d'assurance maladie (CPAM), pourquoi exiger une revalorisation ? "Ce sont des médecins qui travaillent plus de dix heures par jour, qui sont épuisés et au bout du rouleau, réplique le docteur Paliard. Donc cet argent, ils n'en profiteront pas parce qu'ils finiront par se suicider ou faire un arrêt cardiaque."


Hamza HIZZIR | Reportage TF1 Manon Debut, François-Xavier Ménage, Bora Agirbas

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