ENQUÊTE - Ravages du "gaz hilarant" : "Des gens peuvent finir en fauteuil roulant"

par La rédaction de TF1info | Reportage TF1 : Maurine Bajac, Corinne Chevreton, Noëlle Ly
Publié le 16 novembre 2023 à 7h00, mis à jour le 16 novembre 2023 à 10h04

Source : JT 20h Semaine

De plus en plus de jeunes inhalent du protoxyde d'azote de manière récréative.
Ces petites bonbonnes sont pourtant interdites à la vente aux mineurs.
TF1 se penche sur les effets potentiellement dévastateurs de ce "gaz hilarant".

De petites capsules vides que l'on retrouve parfois dans les rues. À la sortie d'un lycée parisien, où une équipe de TF1 se rend dans la vidéo du 20H ci-dessus, le produit est bien connu. S'ils ne sont âgés que d'une quinzaine d'années, la plupart des adolescents rencontrés ont déjà inhalé du protoxyde d'azote en soirée. Tous décrivent les mêmes effets. "J'avais la tête qui tournait. Quand je me suis levé, mes jambes étaient molles, je n’arrivais pas trop à marcher, je marchais au ralenti... On rigole pour rien…", décrit l'un d'eux. "Je ne sentais plus mes jambes, j’avais des fourmis et mon pote, il avait le nez paralysé", raconte un autre.

"Trop accessible"

Le gaz est habituellement utilisé en cuisine dans le siphon de chantilly. Mais ces jeunes détournent son usage et inhalent le contenu des bonbonnes à l'aide de ballons. Un usage qui peut être dangereux. Pourtant, aucun des jeunes consommateurs interrogés dans le reportage du JT de 20H à retrouver en tête de cet article ne semble prendre conscience des risques. "J'étais avec mes copines, donc ça nous a fait plutôt rire", explique une adolescente. "Je n'en ai pas pris beaucoup donc je savais que je n’allais rien avoir", relève un autre jeune.

Le protoxyde d'azote est interdit à la vente pour les mineurs depuis 2021, mais il reste possible de s'en procurer en ligne. Sur les réseaux sociaux, les trafiquants font même des promotions, proposant par exemple une grande bonbonne à 11 euros. Si la vente de substances psychotropes est punie de cinq ans de prison, les annonces pullulent. Et derrière elles, se cachent bien souvent des drames.

En août 2020, Amandine Scattareggia a perdu son fils Kenny, âgé de 18 ans, dans un accident de voiture. L'homme qui conduisait avait consommé du protoxyde d'azote juste avant de prendre la route. Il a perdu le contrôle du véhicule jusqu’à s’encastrer dans un arbre. "Protégez vos enfants", exhorte cette mère de famille endeuillée. "Et les protéger, c’est de leur dire, ne faites pas n’importe quoi. On peut en mourir", souligne-t-elle, réclamant une interdiction totale du protoxyde d'azote, encore "trop accessible".

On a des gens qui peuvent finir en fauteuil roulant à cause de lésions liées au protoxyde d'azote
Dr Guillaume Grzych, CHU de Lille

Facile d'accès, le protoxyde d'azote est aussi banalisé en dépit des dangers qu'il représente. Au CHU de Lille, les médecins voient chaque année arriver de plus en plus de patients accros à la substance. "On a des personnes qui nous ont rapporté des consommations qui pouvaient aller jusqu’à 15 bonbonnes, ce qui fait à peu près 1500 ballons par jour pendant des mois. On est vraiment sur une addiction sévère au produit", déplore le docteur Guillaume Grzych.

Or la consommation de ce produit peut être à l'origine de séquelles sévères. "On va avoir des pertes de sensibilité, jusqu’à des pertes complètes de motricité. On ne va plus sentir ses bras ou plus pouvoir bouger ses jambes. On a des gens qui peuvent finir en fauteuil roulant à cause de lésions liées au protoxyde d'azote", prévient le médecin, qui travaille au sein de la "filière proto" de l'hôpital lillois. Un service à la recherche de traitements efficaces pour ces troubles, assez nouveaux, qui restent aujourd'hui difficiles à soigner.


La rédaction de TF1info | Reportage TF1 : Maurine Bajac, Corinne Chevreton, Noëlle Ly

Tout
TF1 Info