C'est une première : l'agence spatiale européenne veut guider la chute sur Terre d'un satellite

par Theodore AZOUZE
Publié le 24 juillet 2023 à 14h49

Source : JT 20h WE

Les scientifiques de l'ESA, l'agence spatiale européenne, veulent guider la chute d'un satellite vers la Terre.
Si l'opération est un succès, elle pourrait être très utile dans les prochaines décennies pour gérer les déchets satellites au-dessus de l'atmosphère.

Cela pourrait être l'un des exploits scientifiques de l'année. Aeolus, le satellite de l'agence spatiale européenne (ESA) n'est plus en mission depuis le 30 avril dernier. Jusque-là, la machine collectait de précieuses informations sur les vents qui frappent notre planète. Devenu obsolète, notamment par manque de carburant, Aeolus était donc destiné à tourner en orbite autour de la Terre, avant de tomber progressivement sur la surface terrestre, la gravité attirant le satellite vers la planète.

"Si aucune intervention n’est faite depuis le sol, Aeolus reviendrait de manière naturelle – ce qui est désormais courant, sachant qu’en moyenne un engin spatial par mois réintègre l’atmosphère terrestre", précise l'ESA sur son site internet. Mais avec l'attrait croissant de l'espace auprès des puissances mondiales et des entreprises privées, le nombre de débris qui tournent autour de la Terre est amené à fortement augmenter ces prochaines années. Selon la NASA, ils sont déjà plus de 23.000 actuellement en orbite autour de la planète bleue.

Un retour anticipé par rapport à la réglementation

Conséquence : les risques de collisions entre déchets satellites augmentent, avec la possibilité de voir retomber un de ces morceaux sur Terre. Bien que, selon les chercheurs, le risque d'accident demeure très rare, les agences spatiales commencent à réfléchir à la meilleure façon de gérer cet embouteillage d'ordures au-dessus de nos têtes. C'est dans cette logique que l'ESA a choisi d'opérer un "retour assisté" du satellite Aeolus. Pourtant, rien n'obligeait l'agence à le faire aussi rapidement : conformément à la réglementation en vigueur au moment de la planification de la mission dans les années 2000, elle disposait encore de vingt-cinq ans pour le rapatrier.

La principale manipulation à distance de l'engin aura lieu vendredi 28 juillet, date du retour sur Terre d'Aeolus. « On espère qu’il ne restera plus que 20% de la masse du satellite qui ne brûlera pas, soit environ 200 kg », a détaillé au Parisien Benjamin Bastida Virgili, ingénieur de systèmes pour la gestion des débris spatiaux à l’ESA. Concernant la zone géographique où s'écrasera ce qu'il restera du satellite, "on a sélectionné une zone au-dessus de l’Atlantique, sans île sans rien, pour minimiser les risques", précise encore le chercheur au journal. 

Si tout se passe bien, ce retour téléguidé pourrait inspirer d'autres opérations de ce type. Un savoir-faire qui pourrait s'avérer utile, car depuis 2014, l'ESA est obligée de prévoir le retour sur Terre de ses machines envoyées en orbite, une fois leurs missions achevées.


Theodore AZOUZE

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