Une gigantesque caméra astronomique s'apprête à rejoindre l'Observatoire Vera Rubin, basé dans le nord du Chili.Elle possède une résolution de 3,2 milliards de pixels et va permettre de scruter l'univers comme jamais auparavant.
Le nord du Chili, l'un des endroits les plus propices à l'observation astronomique, s'apprête à accueillir la plus grande caméra astronomique jamais construite au monde. De la taille d'une voiture de petit gabarit pour un poids de 2,8 tonnes, la caméra géante LSST (Legacy Survey of Space and Time, "L'héritage de l'espace et du temps" en français) possède une résolution de 3,2 milliards de pixels, ce qui permettra ainsi aux astronomes d'observer l'Univers comme jamais auparavant. La caméra LSST sera installée en mai prochain sur un nouveau télescope de l'Observatoire Vera Rubin, perché à plus de 2500 mètres d'altitude aux abords de la cordillère des Andes, près de Cerro Pachon dans le nord du Chili.
L'engin d'observation doit entrer en service au printemps 2025. Dès lors, la caméra LSST effectuera ses premiers clichés, en balayant le ciel tous les trois jours avant de recommencer. Pendant les dix prochaines années, la caméra observera le ciel austral quotidiennement, à raison de 800 clichés par nuit, couvrant chacun une surface équivalente à 40 fois celle de la Lune. "En mesurant la quantité de lumière que les objets célestes émettent et en confrontant les images prises à travers les différents filtres, il sera possible de déterminer avec précision leur position et distance par rapport à la Terre", indique un communiqué du CNRS, dont plusieurs équipes sont associées au projet.
Sonder l'énergie sombre et la matière noire
Fabriquée en Californie, sa conception aura pris près de deux décennies et mobilisé plusieurs centaines de scientifiques du monde entier. Concernant ses performances, la caméra géante LSST triplera la capacité du dispositif doté de la meilleure résolution actuellement, l'Hyper Suprime-Cam japonais doté d'une résolution de 900 millions de pixels. Pour se faire une idée, un immense écran combinant pas moins de 300 téléviseurs haute définition de taille moyenne serait nécessaire pour afficher une seule image. En dix ans, le dispositif doit permettre de collecter des données sur quelque 20 millions de galaxies, 17 milliards d'étoiles et pas moins de six millions d'objets spatiaux, promettent ses concepteurs. Du jamais-vu !
De quoi fournir aux astronomes du monde entier un catalogue renouvelé d'images du Système solaire et aussi de cartographier avec davantage de précision notre galaxie, la Voie lactée. À partir de ces données, les scientifiques espèrent aussi et surtout en apprendre plus sur la nature de l'énergie sombre et de la matière noire, deux entités encore jamais observées et censées constituer 95% de l'Univers. Les données relatives au ciel transitoire, c'est-à-dire impliquant un objet céleste dont la durée peut aller de quelques secondes à quelques années, seront quant à elles rendues publiques presque en temps réel pour aider la communauté scientifique à détecter d’éventuels astéroïdes qui pourraient s’avérer dangereux.