Le cerveau comme on ne l'avait jamais vu : les images inédites de l'IRM le plus puissant du monde

par La rédaction de TF1info | Reportage Caroline Bayle et Stéphane Deperrois
Publié le 2 avril 2024 à 13h42, mis à jour le 2 avril 2024 à 15h55

Source : TF1 Info

C'est près de Paris, à Saclay, que l'IRM le plus puissant du monde, "Iseult", a livré ses premières images du cerveau humain.
Leur publication, ce mardi, est le fruit d'un projet initié il y a plus de dix ans.
Une équipe de TF1 a tout suivi de cette avancée considérable.

Les scientifiques l'ont longtemps considéré comme une boite noire difficile à observer. Ce mardi 2 avril, le monde entier peut découvrir le cerveau humain dans une précision jusque-là inégalée, grâce aux premières images livrées par l'appareil à imagerie par résonance magnétique (IRM) le plus puissant du monde.

Baptisé "Iseult", cet équipement hors norme, qui va désormais pouvoir accueillir les équipes de recherche du monde entier, se différencie d'un IRM classique par son champ magnétique huit fois supérieur à la normale, soit une échelle d'observation qui passe d'un grain de riz à l'épaisseur de quatre cheveux. "Typiquement, on peut voir les petits vaisseaux qui irriguent le cortex pour alimenter les neurones donc c'est quand même une résolution assez exceptionnelle", se félicite dans le reportage en tête de cet article Alexandre Vignaud, physicien, directeur de recherche au CEA, situé sur le plateau de Saclay (Essonne), près de Paris.

Des perspectives vertigineuses

Cette prouesse technique, offrant une navigation inédite, ouvre des perspectives vertigineuses pour la santé humaine. Il s'agira notamment d'élucider les mécanismes à l’œuvre dans des affections neurodégénératives ou psychiatriques (dépression, bipolarité, schizophrénie...). "On va pouvoir explorer tout le potentiel que cette IRM exceptionnelle offre pour à la fois comprendre le fonctionnement du cerveau sous toutes ses coutures, mais aussi les maladies propres au cerveau, comme par exemple la maladie d'Alzheimer", détaille Anne-Isabelle Etienvre, directrice de la recherche fondamentale au CEA.  Les chercheurs espèrent aussi pouvoir cartographier la distribution de certains médicaments, tel le lithium, utilisé dans le traitement du trouble bipolaire.

Capture TF1
Capture TF1 - Capture TF1
Capture TF1
Capture TF1 - Capture TF1

La publication d'images aussi fines du cerveau humain est l'aboutissement d'un partenariat franco-allemand, initié il y a plus de dix ans. Il a d'abord fallu créer un aimant de 132 tonnes, l'acheminer à Saclay, puis lui fabriquer un sarcophage à son échelle, soit cinq mètres de long et autant de haut, avant de le paramétrer durant plusieurs années et de le tester. C'est dans un premier temps sur un potimarron, par mesure de prudence, que l'engin a été étrenné, l'un des objectifs de l'étude étant de démonter toute absence de risque pour l'humain. Puis, en janvier dernier, ce sont 40 volontaires qui ont accepté de se glisser dans la machine présentant une ouverture de 90 cm pour accueillir un corps humain, et composée d'une bobine où circule un courant de 1.500 ampères. 

"Ce sont des volontaire qui restent longtemps, à peu près 90 minutes donc on est soucieux qu'ils aient bien compris toutes les consignes, qu'ils soient bien installés", souligne Chantal Ginisty, manipulatrice radio IRM au CEA.  De nouveaux volontaires sains devraient être recrutés d'ici à la fin de l'été. Les cerveaux de patients malades ne seront, eux, pas étudiés avant quelques années encore.

Star de Neurospin, le centre de recherche sur l'imagerie cérébrale du CEA, dirigé par le neuroscientifique Stanislas Dehaene, Iseult compte à ce jour deux projets concurrents, aux États-Unis et en Corée du Sud, qui ne sont toutefois pas encore parvenus à l'étape cruciale de l'imagerie sur l'homme. À noter que l'appareil restera dédié pendant un certain nombre d'années à la recherche fondamentale et n'a pas vocation à devenir un outil de diagnostic clinique.


La rédaction de TF1info | Reportage Caroline Bayle et Stéphane Deperrois

Tout
TF1 Info