46% des étudiants doivent-ils travailler pendant leur année scolaire, comme l'avance Christiane Taubira ?

Publié le 18 janvier 2022 à 19h09, mis à jour le 19 janvier 2022 à 9h40
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Image d'illustration - Source : NICOLAS TUCAT / AFP

REVENUS - Selon la candidate à la présidentielle Christiane Taubira, pas moins de 46% des étudiants sont obligés de travailler pendant leur scolarité pour vivre. C’est moins, selon l’Observatoire de la vie étudiante.

Candidate fraichement entrée dans la course à la présidentielle, Christiane Taubira doit rapidement dérouler les principaux points de son programme. Et a commencé ce mardi 18 janvier sur France Inter, en évoquant notamment les jeunes et les revenus des étudiants. "Je pense que la jeunesse est notre avenir. Créons les conditions pour que toute notre jeunesse accède au savoir et aux études supérieures", a alors avancé la candidate qui souhaite créer un revenu étudiant d’un montant de 800 euros.

Interrogée ensuite par Nicolas Demorand sur le financement d’une telle mesure "pour ces 46% d’étudiants qui travaillent", Christiane Taubira a précisé qu'elle ne serait "pas réservée aux 46%" : "Ce chiffre dit que 46% des étudiants sont obligés de travailler pour poursuivre leurs études". Comme mentionné par le journaliste de France Inter, cette statistique provient bien d'une enquête de l’Observatoire de la vie étudiante (OVE). Créé par le ministère de l’Éducation nationale en 1989, l’OVE doit renseigner des conditions de vie et de scolarité des étudiants à travers des enquêtes menées auprès des principaux concernés. L’enquête nationale sur leurs conditions de vie en 2016, qui a fait participer 60.700 jeunes représentant 84% de la population étudiante française, se penche spécifiquement sur l’activité rémunérée et reprend ce chiffre.

Au moins 21% des étudiants le font par nécessité

Selon ce rapport, 46% des étudiants ont une activité rémunérée pendant leur année universitaire, en 2016. Mais parmi ces 46%, tous ne travaillent pas par obligation, comme ce qu'avance Christiane Taubira. Plusieurs raisons sont invoquées ici : l’activité "me permet d’occuper mon temps libre", "d’acquérir une expérience professionnelle", "m’assure l’indépendance à l’égard de mes parents", "d’améliorer mon niveau de vie", ou alors "m’est indispensable pour vivre". 

Puisque les réponses peuvent aller de "tout à fait d’accord" à "pas du tout d’accord", nous avons seulement gardé les étudiants les plus d’accords avec l'option "elle m’est indispensable pour vivre". Ce qui correspond à 54,4% des répondants. Selon une fourchette basse, 21% de l’ensemble des étudiants ont donc une activité rémunérée parce qu’ils n’ont pas d’autre choix pour vivre. Mais la statistique de départ a été actualisée depuis. En réalité, Christiane Taubira s’appuie sur des chiffres qui ne sont pas les plus récents en la matière.

Une nouvelle enquête sur les conditions de vie des étudiants a été conduite par l’OVE en 2020 en s’appuyant sur près de 100.000 jeunes représentatifs de 83% de la population étudiante. Pour être le plus juste possible, l’étude n’a d’ailleurs pas pris en compte "les effets de la crise sanitaire survenue en mars 2020". Selon l’Observatoire, 40% des étudiants exercent une activité rémunérée pendant l’année universitaire. C’est déjà moins qu’il y a quatre ans. Parmi eux, 51,2% expliquent que cette activité leur est indispensable pour vivre. Ce qui correspond en réalité à 20% de l'ensemble des étudiants interrogés - là aussi une fourchette basse.

51,2% des étudiants qui exercent une activité rémunérée pendant l’année universitaire estiment qu’elle leur est indispensable pour vivre.
51,2% des étudiants qui exercent une activité rémunérée pendant l’année universitaire estiment qu’elle leur est indispensable pour vivre. - Conditions de vie des étudiants 2020 - OVE

En quatre ans, la part d’étudiants qui travaillent pendant leur scolarité s’est réduite de 6 points, d’après l’OVE. Le chiffre cité par Christiane Taubira est donc obsolète. Et parmi les 40% d’étudiants travaillant en parallèle, tous ne le font pas par stricte nécessité, si l’on en croit les réponses obtenues par l’enquête. D'après une fourchette basse, il s’agit plutôt de 20% des étudiants qui n’ont pas d’autre choix que de travailler pendant l'année scolaire.

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Caroline QUEVRAIN

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