Le député LFI François Ruffin plaide pour une indexation des salaires sur l'inflation.Un ménage français a perdu en moyenne 2000 euros de pouvoir d'achat en 2022, alerte-t-il.Si cette estimation s'appuie sur des calculs cohérents, elle nécessite d'être nuancée.
Dans le contexte économique actuel, le député de la France insoumise François Ruffin partage son indignation. À travers une vidéo relayée sur ses réseaux sociaux, l'élu de la Somme fustige un CAC40 qui "réalise des bénéfices comme jamais" et défend une indexation des salaires sur l'inflation pour compenser la hausse du coût de la vie.
Pour appuyer son propos, il explique emprunter à l'UFC-Que choisir un chiffre marquant : en 2022, les ménages auraient perdu en moyenne "2000 euros de pouvoir d'achat". Qu'en est-il de ce montant ?
Il est plus juste de parler de hausse du coût de la vie
La séquence relayée par François Ruffin date de son passage sur le plateau de RTL en mai dernier. Le député, contacté par l'équipe des Vérificateurs, se réfère en effet aux publications mensuelles de l'UFC-Que choisir, qui prend le parti de "publier chaque mois un taux d’inflation plus réactif que celui de l’Insee, ce dernier paraissant avec plusieurs semaines de décalage".
Pour s'approcher des 2000 euros évoqués par l'élu de la Somme, il faut s'intéresser aux dépenses de consommation réalisées en moyenne chaque année par les ménages français (27.408 euros en 2017 selon l'Insee, hors prêts et impôts). Puis calculer l'impact de l'inflation, évaluée pour décembre 2022 à 6,3% par rapport à décembre 2021. Cela nous conduit à des dépenses moyennes annuelles de 29.162 euros, soit 1754 euros de plus en 2022 qu'en 2021.
Attention toutefois : l'UFC-Que choisir fait remarquer à TF1info qu'il est quelque peu maladroit de qualifier ce montant comme du "pouvoir d'achat" en moins pour les ménages. Il serait en effet plus approprié de parler de "dépenses supplémentaires", engendrées par l'inflation. Par ailleurs, les montants évoqués ici sont des moyennes, qui ne reflètent pas la situation précise de chaque foyer. Derrière le terme de "ménage" généralement utilisé, on retrouve autant des personnes vivant seules que des familles nombreuses sous le même toit. De même, l'impact de l'inflation diffère en fonction du niveau de revenu des foyers : si l'inflation est particulièrement difficile à encaisser pour les individus qui touchent de faibles salaires, les montants supplémentaires dépenses à cause de l'inflation sont plus importants pour les ménages les plus aisés (qui consomment davantage).
Si les chiffres avancés par François Ruffin permettent de visualiser l'impact de l'inflation sur le quotidien d'un foyer français moyen, il faut donc s'y référer avec prudence. D'autant que dans une période comme celle que nous vivons actuellement, l'impact des hausses de prix se traduit par une évolution des comportements du côté des consommateurs. Chauffer moins que d'habitude son logement, ne plus consommer les mêmes produits alimentaires, réduire la durée de ses vacances... Autant d'adaptations qui font qu'un ménage en période d'inflation très forte ne reproduira pas à l'identique le mode de vie qui est le sien d'ordinaire.
En résumé, l'inflation a eu un impact majeur en 2022 sur le quotidien des Français, comme le souligne François Ruffin. Parler d'une baisse moyenne de 2000 euros par ménage du pouvoir d'achat peut toutefois prêter à confusion, puisqu'un tel montant correspond davantage à une hausse moyenne par ménage des dépenses annuelles de consommation, à mode de vie identique.
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