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Paris : dans les années 30, un projet prévoyait-il vraiment un parking en haut de la tour Eiffel ?

Publié le 19 mai 2023 à 18h00

Source : JT 13h Semaine

Une publication affirme que la Tour Eiffel a bien failli avoir son propre parking.
Cette idée a en effet germé dans l'esprit d'un ingénieur français dans les années 30.
Comme d'autres projets, il a été refusé, car il risquait de dénaturer la silhouette de la Dame de fer.

Avec des "si" on mettrait Paris en bouteille. Ou un parking dans la Tour Eiffel. Une publication sur Twitter, affirme ce mercredi 17 mai, qu'en 1936, un projet a eu pour objectif de rendre accessible le deuxième étage du monument parisien aux voitures. Sur l'image qui accompagne le message, la silhouette rectiligne de la Dame de fer est affublée de deux larges colonnes en colimaçon. Nous avons voulu en savoir plus sur cette idée qui donne le tournis.

Quand la voiture était reine

Ce projet de construction n'a rien d'un canular. Il a bel et bien germé dans l'esprit de l'ingénieur André Basdevant, comme l'indiquent les journalistes François Vey et Emmanuel Hecht. Dans La Tour Eiffel, vérités et légendes (2018, Perrin), ils affirment qu'en 1934, cet ingénieur français a proposé "la construction de deux rampes hélicoïdales en béton, placées de chaque côté de la Tour". Celles-ci se rejoignaient ensuite sur une plateforme autour de l'édifice qui permettait de stationner. Objectif de l'initiative ? Rendre accessible en voiture le restaurant du célèbre monument parisien. Une manière de déjeuner à 115 mètres d'altitude sans efforts. 

Si l'idée peut paraître folle à l'heure où la zone est entièrement piétonne, il faut se rappeler que nous sommes alors au début des années 30. Soit au moment où l'entreprise Citroën utilise les piliers du monument pour inscrire son nom au cœur de la capitale. À l'époque, la voiture achève, en effet, sa démocratisation. Si bien que l'ingénieur André Basdevant veut lui construire des accès un peu partout. En 1938, il souhaite par exemple faire du tunnel sous la Manche une "autoroute" qui passerait alors du cap Blanc Nez (Pas-de-Calais) à Folkestone (Angleterre). C'est aussi lui qui rêve de faire franchir l'estuaire de la Gironde aux voitures en les faisant passer sous l'eau. En 1941, il lâche en Une du Matin : "L'avenir est aux routes souterraines." Finalement, à l'instar de son idée de voitures sur la Tour Eiffel, aucun de ces trois chantiers ne verra le jour. 

Mais si André Basdevant ne sera jamais arrivé à faire monter les voitures dans le ciel parisien, ce n'est pas le seul projet loufoque qui a inspiré les amateurs du monument. La Tour Eiffel n'a cessé d'inspirer les ingénieurs et les architectes, notamment à l'occasion de l'Exposition universelle de 1900, onze ans après son inauguration (31 mars 1889). Alors que l'électricité doit marquer l'entrée dans une nouvelle ère, le peintre Henri Toussaint propose de transformer le lieu en un palais de l'électricité et du génie civil. Au même moment, Jost Samson envisage plutôt de lui ajouter une armature pour la transformer en rocher de 300 mètres dans lequel viendraient se nicher des arbres, des routes et même une cascade.

L'architecte de la Tour Eiffel lui-même n'a pas dérogé à la règle de la créativité. Le collaborateur d'Eiffel, Gustave Sauvestre, proposait d'installer deux tours latérales, visibles sur cette estampe. "Les édifices, dotés de campaniles, auraient été raccordés au deuxième étage par des passerelles", écrivent les deux journalistes cités plus haut. Des idées qui ont toutes été rejetées, "comme tous les autres projets susceptibles de dénaturer la silhouette désormais mondialement célèbre de la Dame de fer".

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Felicia SIDERIS

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