Paris perd-il vraiment 12.500 habitants chaque année depuis cinq ans ?

Publié le 22 juin 2021 à 19h38
L'Insee prévoit une hausse de la population à l'horizon 2024.
L'Insee prévoit une hausse de la population à l'horizon 2024. - Source : Illustration Nil Castellví via Unsplash

DÉMOGRAPHIE - En lice pour un nouveau mandat de présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse note que la capitale perd des habitants depuis cinq ans. C'est le cas, même si l'Insee prévoit un inversement de cette tendance.

Arrivée en tête du premier tour lors des élections régionales, la présidente sortante LR d'Île-de-France Valérie Pécresse entend valoriser son territoire. Invitée de la matinale de France Inter ce mardi, elle a expliqué que l'attractivité de Paris était à relativiser. "Depuis cinq ans", assure-t-elle, la ville "perd 12.500 habitants par an". En cause ? Le fait qu'elle soit "trop chère, source d’insécurité, de saleté", mais aussi "contre la voiture". Il n'est donc pas surprenant à ses yeux que "les familles rêvent de quitter Paris". 

Une tendance nette qui devrait s'inverser

Dès que l'on s'intéresse à la démographie, le réflexe est de se tourner vers les données de l'Institut national de la statistique et des études économiques. L'Insee présente en effet les chiffres de la population municipale, qui "comprend les personnes ayant leur résidence habituelle sur le territoire de la commune, dans un logement ou une communauté, les personnes détenues dans les établissements pénitentiaires de la commune, les personnes sans abri recensées sur le territoire de la commune et les personnes résidant habituellement dans une habitation mobile recensées sur le territoire de la commune".

Les Parisiens étaient très précisément 2.175.601 au 1er janvier 2021, note l'Insee, qui se base toutefois sur le 1er janvier 2018 comme référence statistique à défaut d'éléments consolidés plus récents. L'Atelier parisien d'urbanisme (Apur), qui suit avec attention ces évolutions, a souligné qu'entre "2013 et 2018, la population parisienne diminue de 10.800 habitants chaque année en moyenne, soit un taux de -0,5% par an alors qu’elle en gagnait 14 000 par an entre 2006 et 2011". Les données citées par Valérie Pécresse s'avèrent donc légèrement surévaluées, même si la tendance évoquée par l'ancienne ministre sont justes.

On peut par ailleurs noter que sur une échelle de temps plus longue, la capitale a perdu une part non négligeable de sa population. Si l'on remonte à 1968, on constate que Paris comptait 2.590.771 habitants. Un bref calcul permet de mettre en avant une baisse de 16%.

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L'immobilier contribue à faire fuir les familles

Plusieurs facteurs contribuent à expliquer ce phénomène. Outre une baisse de la natalité, associée à une hausse des décès, la question du logement demeure centrale. Les habitations familiales "restent chères et rares", constatait l'an passé la directrice de l’Insee en Île-de-France, Marie-Christine Parent. "Paris a traditionnellement un problème de structuration du logement : on trouve de tout petits appartements ou au contraire des très grandes surfaces, il manque des logements de taille intermédiaire, pour un couple avec un enfant."

Les prix de l'immobilier incitent les habitants à migrer ailleurs en France, où à opter pour la petite et grande couronne. Si la municipalité mène des travaux pour augmenter le parc d'habitat social, elle doit aussi faire face à des locations saisonnières, via des plateformes telles qu’Airbnb. Celles-ci "privent les Parisiens de logements", déplore Emmanuel Grégoire, premier adjoint d'Anne Hidalgo à la mairie de Paris.

Notons toutefois que si Paris se dépeuple légèrement depuis plusieurs années, l'Insee estime que les tendances vont s'inverser à l'avenir.  Selon les projections, "la population parisienne s’élèverait [...] à 2,18 millions d’habitants en 2024. Puis, la capitale verrait progressivement sa population croître de nouveau et retrouver, en 2050, son niveau de 2013", écrivait fin 2017 l'institut. Des estimations qui sont évidemment soumises à d'importantes marges d'erreurs, et qui se révèlent très dépendantes des politiques publiques. Que ce soit en matière de création de logements ou d'encadrement des loyers par exemple.

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Thomas DESZPOT

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