Boulistes contre hôtel de luxe : à Montmartre, un club de pétanque se bat pour ne pas quitter son terrain

par Theodore AZOUZE avec AFP
Publié le 25 septembre 2023 à 23h58

Source : JT 13h Semaine

Les boulistes du CLAP, un club de pétanque installé à la butte Montmartre, se battent pour conserver le droit de jouer sur un terrain du quartier.
Problème : un hôtel de luxe, soutenu par la mairie, souhaite s'installer sur cette même parcelle.
Ce lundi, le tribunal administratif de Paris s'est déclaré "incompétent" pour statuer sur le flou juridique entourant le site.

Soulagement du côté des boulistes de Montmartre. Le juge des référés du tribunal administratif a rejeté ce lundi de la requête de la Ville de Paris de faire libérer le terrain occupé depuis 1971 par le Club Lepic Abbesses pétanque (CLAP) sur les hauteurs du XVIIIᵉ arrondissement de la capitale. Le magistrat s'est déclaré "incompétent" pour statuer sur une telle affaire. 

Habitués à pointer et à tirer sur ce terrain du quartier, les 257 licenciés se battent depuis plusieurs mois contre un hôtel de luxe voisin, qui souhaite s'implanter sur la même parcelle. Un imbroglio juridique est à la base de cette affaire : le site, mesurant 765 mètres carrés, est juché à mi-pente de la très huppée avenue Junot. Le club bouliste de la butte Montmartre s'y est installé il y a plus 50 ans, "avec l'accord implicite de la ville de Paris, en boulodrome agrémenté d'un club house", rappelle le juge.

La mairie de Paris soutient le projet de l'hôtel

Il y a un an, l'hôtel adjacent dépose un dossier pour exploiter le terrain, un espace vert protégé. Bien que divisé, le conseil de Paris tranche alors en faveur de l'offre de l'établissement de luxe. Il valide une convention qui confie pour 12 ans le terrain à l'hôtel. Soutenu par la ville de Paris, ce dernier prévoit "l'augmentation des espaces verts en pleine terre de 320 mètres carrés" de ce morceau de l'ancien maquis de Montmartre, a défendu début juillet l'adjointe en charge du Commerce de la mairie, Olivia Polski. Le club ne proposait, lui, qu'un effort "minimaliste" de végétalisation, selon l'élue. Malgré une pétition recueillant plus de 4300 signatures pour son maintien, le club de pétanque a donc été sommé de quitter les lieux.

L'étape judiciaire du jour va cependant faire gagner du temps aux boulistes, toujours présents à l'heure actuelle. "Notre avocat a défendu le fait que le lieu est inséré dans le domaine de privé. La convention conclue entre l’Hôtel Particulier et la mairie n’a donc pas lieu d’être", assure Maxime Liogier, responsable de la communication du CLAP, auprès du Parisien. De son côté, la mairie dit préparer un pourvoi devant le Conseil d'État, expliquant ne pouvoir "accepter la privatisation d'un espace public par un petit groupe de personnes".

Ce n'est pas la première fois que le club se retrouve menacé de renoncer à son terrain. Les plus anciens du club se souviennent du combat au début des années 1990 contre un projet de parking sur la parcelle. À l'époque, cela avait conduit plusieurs célébrités, dont les acteurs Pierre Richard et Jean-Pierre Cassel, à s'attacher aux arbres adjacents. Leur bataille, victorieuse, avait conduit à son classement comme site protégé en 1991.


Theodore AZOUZE avec AFP

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