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Un bénéficiaire du RSA peut-il gagner davantage "en restant chez lui" qu'un salarié au Smic ?

Publié le 16 mai 2023 à 19h52

Source : Sujet TF1 Info

Le gouvernement envisage de réformer le RSA en conditionnant son versement.
Pour défendre la réforme, un député Renaissance a affirmé, ce mardi, qu'un bénéficiaire du RSA pouvait gagner plus qu'un salarié au Smic.
Les chiffres démontrent que cette idée reçue est fausse, dans tous les cas de figure.

C'est un débat enflammé, souvent ponctué d'a priori. Un Français qui bénéficie du revenu de solidarité active (RSA) aurait un niveau de vie supérieur à celui d'un travailleur payé au salaire minimum. Dernier à remettre une pièce dans la machine, le député Karl Olive. Dans un commentaire désormais supprimé, le député Renaissance affirmait, ce mardi 15 mai, qu'en "restant chez lui", un bénéficiaire du RSA et de l'Allocation chômage d'aide au retour à l'emploi (ARE) "gagne davantage qu'un travailleur au Smic sur le terrain". Une façon pour cet élu de la majorité présidentielle de défendre la réforme du RSA voulue par le gouvernement, qui souhaite conditionner son versement à des heures d'activités d'insertion ou de formation.

Si la publication a rapidement été supprimée, c'est parce qu'elle contenait une erreur de taille. De fait, pour tout individu bénéficiant du RSA, le montant de l'aide est déduit de celui de l'allocation d'aide au retour à l'emploi (ARE) s'il peut la percevoir, comme l'écrit le site officiel de l'administration française. Reste que la question d'une vie plus facile au RSA qu'au Smic est récurrente dans le débat. L'occasion de passer au crible cette idée reçue qui perdure et questionne.

Le RSA ne rapporte jamais plus que le Smic

Afin de réaliser cette comparaison, il faut envisager de nombreux scénarios, tant les aides diffèrent en fonction de la composition d'un foyer. Prenons le cas d'un célibataire vivant sans enfant. En 2023, il perçoit un peu moins de 608 euros au RSA, selon les chiffres de la CAF. C'est deux fois moins qu'en travaillant. Depuis sa revalorisation au 1er mai, le Smic est à 1383 euros nets par mois pour 35 heures hebdomadaires, précise le site officiel de l'administration française.

Cette différence augmente pour un couple, qu'il ait des enfants ou non. Au RSA, un couple sans enfant recevra un total de 911 euros contre 2766 euros nets par mois s'ils sont tous les deux payés au Smic. Avec un enfant, l'ensemble du foyer pourra percevoir près de 1094 euros au RSA contre minimum 2766 euros s'ils travaillent tous les deux. 

REPORTAGE - Ces Français qui vivent avec le SmicSource : JT 20h Semaine

Finalement, dans la totalité des cas de figure, le RSA reste largement en deçà du Smic. Et quid d'une situation dans laquelle on ajouterait les aides personnelles en location (APL) ? Ciblées sur les ménages les plus modestes, ces allocations sont en effet rarement perçues par les foyers au Smic. "Le niveau de ressources au-dessus duquel l'aide devient nulle est au voisinage du Smic pour une personne seule, et de moins de deux Smic pour un ménage avec deux enfants", précise en effet le dernier baromètre sur l'aide au logement. Reste que, même en ajoutant cette somme, travailler permet de gagner plus. Avec une moyenne d'aide au logement de 204 euros en 2022, toujours d'après la même source, celle-ci ne permet pas d'effacer la différence entre les deux revenus. 

En fait, dans tous les scénarios possibles, le RSA ne rapporte jamais plus que le Smic. Et le niveau de vie reste toujours supérieur pour un travailleur, selon la Drees. Dans son dernier panorama annuel, la direction chargée de l'évaluation et des statistiques au sein du ministère de l'Économie a en effet évalué le niveau de vie de chaque ménage, en fonction de la configuration familiale. Ses résultats sont repris dans le tableau ci-dessous. 

Écart de niveau de vie entre des ménages au RSA et ceux au Smic, selon la Drees, au 1er janvier 2022
Écart de niveau de vie entre des ménages au RSA et ceux au Smic, selon la Drees, au 1er janvier 2022 - Drees

Dans la totalité des cas de figure, le Français qui "reste chez lui" a donc un niveau de vie inférieur à celui qui va travailler, même dans le cas où ce dernier ne toucherait qu'un demi-Smic. À titre d'exemple, une personne seule sans enfant a un niveau de vie inférieur à 47% par rapport à une personne qui touche le Smic et 20% inférieure à un demi-Smic. Le cas de figure où la différence est la plus petite est celui d'une situation d’un couple avec trois enfants, qui dispose d'aides pour la prise en charge de ceux-ci. Là, la différence avec le même foyer au Smic "chute" à 27%. 

En résumé, "dans la totalité des cas de figure, la personne sans aucun revenu lié à une activité professionnelle a un niveau de vie inférieur au salarié, même dans le scénario ou celui-ci ne touche qu’un demi-Smic", comme le concluait la Drees. 

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Felicia SIDERIS

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